Insécurité, rafles policières, Maroua renoue avec la peur !

Une Patrouille Du BIR à Maroua Les moto taxi ont interdiction de circuler après 20h

Thu, 27 Jul 2017 Source: camer.be

En deux jours, les populations de la capitale de la région de l’Extrême-Nord ont été renvoyées à leur anxiété des périodes troublées par les attentats de Boko haram.

Hier, le quartier Domayo en son lieu le plus fréquenté était bouclé toute la journée. Les forces de maintien de l'ordre en tenue de combat ont réveillé aux aurores les habitants de ce quartier emblématique de Maroua. Une rafle gigantesque et bruyante a bousculé des citoyens dans leur quiétude. Par camions entiers certains ont été amenés dans des commissariats. Il ne nous a pas été possible d’avoir une explication sur ce déploiement sécuritaire.

Tout au plus des sources sécuritaires révèlent que des renseignements leur seraient parvenus, signalant l'entrée dans la ville de Maroua, de personnes suspectes avec des colis suspects pouvant être des explosifs ou des composants d'explosifs. La veille, Ernest Samuel Ebelle, le préfet du Diamare, installé depuis peu, a publié un communique radio.

"Des contrôles d'une intensité particulière en vue du respect scrupuleux de la réglementation de crise prescrivant l'interdiction de la circulation des motos taxi à partir de 20 heures et la fermeture systématique des débits de boissons ainsi que des locaux à exploitation commerciale à la même heure vont s'intensifier dès ce jour", a ordonné le préfet du Diamare dans ce communiqué signé le 19 juillet.

« En invitant les uns et les autres, poursuit l’autorité administrative, à une collaboration républicaine avec les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre, à l’effet d’éviter les désagréments fâcheux et les ennuis judiciaires susceptibles de naître du fait d’une résistance sous quelque forme que ce soit à l’observation de ces mesures, le préfet compte sur le sens du civisme et de l’ordre de tous et de chacun. »

Visiblement, Ernest Samuel Ebelle n'est pas en phase avec le gouverneur de l'Extrême Nord. Midjiyawa Bakary, dans une déclaration faite le 24 juillet au journal radio de 13h fin déclarait : " La paix et la sécurité reviennent peu à peu et nous vaincrons Boko haram " Les premières mesures de la décision préfectorale ont ramené une chape de peur chez certains habitants de Maroua. Toute la matinée d'hier l'on entendait plus parler sur les réseaux sociaux que de risques d'attentats à Maroua et de kamikazes. Les commerçants que nous avons contactés se plaignent tous de cette décision. "

C'est une décision qui va seulement m’obliger à fermer mon bar, j'avais fait des investissements en prévision des vacances qui commencent à peine. Maintenant c'est fini. Je paie les impôts à 2.000.000FCfa par mois. Si on ferme à 20h comment je ferai pour payer cette somme d’argent ? », s’interroge François, le propriétaire d'un café de Domayo.

De fait, il n'y a pas que les buvettes et autres commerces qui seront directement affectés par cette décision, mais aussi les agences de voyage. "Qui va faire voyager sa famille alors que les autorités elles-mêmes désignent l'Extrême-Nord comme une destination peu sûre ?», interroge Joël M. un natif de l’Extrême-Nord.

Source: camer.be