Insolite: la ville de Yaoundé inaugure des chiottes en grandes pompes

Jeudi dernier, dans une ambiance digne d’un couronnement royal — ou d’un concert de fin d’année au lycée — le maire de Yaoundé a coupé le ruban inaugural des premières toilettes publiques modernes de la capitale politique camerounaise. Oui, vous avez bien lu : des toilettes.

Pas une université, pas un centre de recherche, non. Une toilette. Et attention, pas n’importe lesquelles: des toilettes modernes, avec portes qui ferment et, tenez-vous bien, chasse d’eau intégrée. De quoi faire pâlir de jalousie Versailles et son mobilier d’époque.

Pour l’occasion, des jeunes artistes ont été invités à chanter la gloire de cette prouesse architecturale, car rien ne dit "développement" comme un freestyle au pied d’un urinoir carrelé. Mais creusons (sans mauvais jeu de mot) un peu.

Le Cameroun compte 10 régions. Le RDPC, champion incontesté de la longévité au pouvoir, caracole en tête depuis 42 ans. Et aujourd’hui, il réussit l’exploit de doter une région — une seule — d’un bloc de toilettes dignes du XXIe siècle. Faisons donc ensemble une opération arithmétique simple, mais qui donne envie de pleurer dans un lavabo : 42 ans x 10 régions = 420 ans.

Quatre siècles et des poussières pour offrir à chaque région un petit coin décent. À ce rythme-là, les toilettes modernes de l’Extrême-Nord seront prêtes juste à temps pour accueillir les Martiens.

Alors, la vraie question : quand avez-vous utilisé des toilettes publiques pour la dernière fois ? Si c'était un traumatisme, réjouissez-vous : l'avenir est là, carrelé, ventilé, et inauguré en fanfare.