Serons-nous un jour en mesure de créer un robot doté des mêmes capacités qu'un être humain ?
Avec l'émergence fulgurante de ChatGPT et d'autres logiciels d'Intelligence Artificielle, la question devient non seulement de plus en plus pertinente, mais elle alimente aussi l'imagination des ingénieurs qui cherchent à créer un robot qui pense et agit comme un humain.
Au fur et à mesure que le processus progresse, plusieurs conclusions s'imposent : nous avons réussi, surtout avec l'Intelligence Artificielle, à imiter les systèmes complexes de raisonnement et même de création de notre cerveau.
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M. Zabala souligne que c'est l'inverse qui se produit dans les processus raisonnés.
"Depuis combien de temps peut-on parler de l'homme intelligent, de la raison ? Comparé à d'autres processus évolutifs, le temps est beaucoup plus court, ce qui nous permet de codifier et de reproduire ce processus avec plus de succès", explique-t-il.
"Même le financement de la recherche s'est arrêté, parce qu'on ne savait pas très bien dans quelle direction aller et qu'il n'y avait pas de progrès", a déclaré M. Brooks à la BBC.
De nouvelles alternatives ont donc été recherchées pour faire avancer le développement de l'Intelligence Artificielle.
"La voie suivie a été de créer des circuits similaires à ceux du cerveau humain. Non pas un robot qui répondrait logiquement, mais un circuit qui pourrait penser", explique M. Zabala.
C'est alors qu'est apparue la contradiction non résolue : les processus d'Intelligence Artificielle étaient créés avec une certaine facilité, alors que les fonctions de base de l'être humain étaient fondamentalement impossibles à recréer dans un robot.
Ce phénomène a été largement observé vers la fin des années 1980 par des spécialistes de la robotique tels que Brooks, déjà cité, l'Autrichien Hans Moravec et l'Américain Marvin Misnky.
Mais c'est Moravec, Professeur à l'Université Carnegie Mellon aux États-Unis, qui l'a le mieux expliqué en 1988 sur la base des travaux des trois collègues :
"Il est relativement facile de faire en sorte que les ordinateurs affichent des performances dignes d'un adulte dans les tests d'intelligence ou aux échecs, mais il est difficile, voire impossible, de leur donner les capacités d'un enfant d'un an en termes de perception et de mobilité".
"Le paradoxe de Moravec a permis de donner un sens à ce qui était observé. Et lorsque vous nommez le problème, vous nommez les solutions possibles au problème", explique M. Zabala.
"Lorsque vous arrivez à ce point, quelque chose de très intéressant commence, qui consiste à mieux nous connaître pour pouvoir le reproduire dans les robots : savoir comment nous maintenons notre équilibre, comment nous apprenons à conduire, en bref", ajoute-t-il.
Mais les mêmes scientifiques qui ont développé le robot ont souligné que l'inconvénient n'a pas été surmonté : la complexité de ECCERobot est si grande qu'il peut à peine saisir une tasse. On ne peut donc pas s'attendre à ce qu'il se comporte de manière intelligente.
"La construction d'un robot humanoïde intelligent, capable d'interagir de manière naturelle avec les humains et leur environnement, nécessitera des progrès en matière d'informatique et d'efficacité des batteries, sans parler d'un bond en avant dans les équipements sensoriels", explique à la BBC Rolf Pfeifer, qui coordonne le projet ECCERobot.
"La peau constituera un développement vraiment crucial. La peau est extrêmement importante pour le développement de l'intelligence parce qu'elle fournit des modèles sensoriels très riches : le toucher, la température, la douleur, tout cela à la fois", ajoute-t-il.
Les experts soulignent toutefois que, malgré les problèmes posés par le paradoxe de Moravec, la possibilité d'un robot intelligent de type humain, bien qu'éloignée, n'est pas impossible.
"Le paradoxe de Moravec a permis de mettre en évidence un problème afin que les chercheurs cherchent des solutions. L'une d'entre elles, sans aucun doute, est ce que nous voyons avec la révolution de l'Intelligence Artificielle, où nous avons fait un pas vers la création, et pas seulement vers des réponses logiques", explique M. Zabala.
Et pour l'expert, il est clair que cette révolution n'est pas une menace d'extinction.
"Je ne pense pas que cela signifie la fin comme certains analystes l'ont suggéré. C'est un outil qui facilitera de nombreux processus à l'avenir", conclut-il.