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Interrogatoire musclé : Paul Biya prépare une énorme surprise pour Laurent Esso dans l’affaire Zogo

Paul Biya et Laurent Esso

Thu, 4 May 2023 Source: www.camerounweb.com

L'affaire de l'assassinat de Martinez Zogo, PDG d'Amplitude FM, n'est toujours pas élucidée et le ministre de la Justice, Laurent Esso, ne s'est pas entretenu avec les enquêteurs. Il a été cité par le lieutenant-colonel Justin Danwe, chef du commando qui a enlevé Zogo en janvier 2021, sur ordre de l'homme d'affaires Amougou Belinga. Alors que les autres personnes citées dans l'affaire ont été interrogées, le ministre n'a pas été auditionné. L'enquête est au point mort et l'implication du ministre de la Justice n'est toujours pas claire. L'affaire a été confiée au tribunal militaire, car on craint que le ministre et Amougou Belinga ne soient en conflit d'intérêts, compte tenu de leur relation étroite. Dans un enregistrement audio qui a fait l'objet d'une fuite, Amougou Belinga a admis avoir fait transférer certains fonctionnaires du ministère de la justice à la demande d'un officier de police. L'enquête se poursuit. Mais Jeune Afrique indique que le ministre de la Justice n’est pas sortie d’affaire et pourrait être surpris.

« La voix au téléphone qui a enjoint le commando de « finir le travail » était-elle vraiment celle du garde des Sceaux ? Cette question, comme de nombreuses autres, reste sans réponse. Et pour cause : toutes les autres personnes citées par les suspects ont été entendues. À l’exception du ministre de la Justice. Ce magistrat, formé à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), ne parle pas aux enquêteurs, et encore moins à la presse. Son attitude suscite des remous, surtout parmi les professions judiciaires. « C’est très grave ce que nous, acteurs de la justice, apprenons dans les médias. Nous qui, en tous temps, vous faisons confiance, sommes profondément ennuyés par votre silence et inaction publique face aux révélations publiées par la presse internationale », l’a interpellé Me Hippolyte Meli Tiakouang, une figure du barreau, dans une récente lettre ouverte. « Votre serment de magistrat continue à vous lier malgré les fonctions politiques que vous occupez et qui imposent une réserve. Mais le secret disparaît face aux accusations pénales publiques graves », poursuit-il. Cette lettre n’a pas reçu de réponse. Quant à l’enquête, elle piétine », rappelle Jeune Afrique.

Le Magazine Panafricain rappelle par ailleirs que le garde des Sceaux a été interrogé par Paul Biya.

Selon nos informations, le ministre de la Justice a quand même dû s’expliquer devant le président Paul Biya, qui aurait exigé qu’il lui dise la vérité sur cette affaire. Le chef de l’État a-t-il été convaincu par les dénégations de l’ex-secrétaire général de la présidence ? Oui, à première vue, puisque le mis en cause a été maintenu au gouvernement. Sauf que c’est vite oublier la personnalité complexe du président camerounais, notamment ses colères froides et sa capacité à différer la résolution d’un problème pressant. Il peut ne rien faire pendant des mois, voire des années. Puis, soudainement, licencier et faire incarcérer l’objet de son courroux.Ce scénario, Esso ne le connaît que trop bien. Des dizaines d’hommes politiques et de hauts fonctionnaires ont goûté cette chute aussi brutale que vertigineuse avant lui. Mieux, deux fois ministre de la Justice (de 1996 à 2000, puis depuis décembre 2011), il a été pendant des années l’orchestrateur de la descente aux enfers de personnalités reléguées.Quoique le garde des Sceaux fasse pour échapper à l’humiliation d’un interrogatoire, il ne s’adressera pas à des juges d’instruction qui sont sous son autorité. L’affaire est confiée au tribunal militaire, une juridiction échappant à son pouvoir. La justice militaire est compétente pour toute infraction commise à l’aide d’une arme à feu ou impliquant un militaire », souligne Jeune Afrique.

« Cela tombe bien, car il y aurait eu conflit d’intérêt tant le lien d’amitié qui unit Jean-Pierre Amougou Belinga au ministre de la Justice est notoire. Dans l’un des audios qui ont défrayé la chronique en 2021, on entendait l’homme d’affaires tancer le commissaire divisionnaire Dominique Baya, le secrétaire général de la police nationale : « Quand tu me demandes de régler tel ou tel problème au ministère de la Justice, est-ce que j’ai exigé une contrepartie ? »Dans la suite de cet enregistrement, on apprendra aussi qu’Amougou Belinga a fait muter certains employés du ministère de la Justice à la demande du policier. L’aveu atteste de la proximité entre Laurent Esso et Jean-Pierre Amougou Belinga. Ainsi fut élucidé le mystère de l’exceptionnelle célérité dans le traitement des plaintes déposées par l’ami du ministre alors que le temps d’attente est long pour les justiciables ordinaires. Sûr de son influence sur les magistrats, Amougou Belinga théâtralisait les arrestations de journalistes de son groupe de presse, l’embastillement des inspecteurs des impôts venus à son bureau recouvrer une dette fiscale… Il jetait en prison pour plusieurs semaines bien d’autres personnes qui avaient le malheur de lui déplaire.Laurent Esso ne veut pas parler aux enquêteurs qui, eux, n’osent pas non plus user de tous les moyens légaux pour obtenir sa déposition. C’est pourtant lui qui a autorisé, en octobre 2022, le parquet du tribunal criminel spécial à émettre un mandat d’amener à l’encontre de Ferdinand Ngoh Ngoh, son successeur au secrétariat général de la présidence – lequel a refusé de se présenter devant les magistrats, contrairement au Premier ministre Joseph Dion Ngute qui, lui, a accepté de se faire interroger à sa résidence dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds Covid. La guerre que se livrent les clans au pouvoir s’est déportée dans les arcanes judiciaires où l’égalité devant la loi est un mythe », précise le Magazine panafricain.

Même si Laurent Esso est un parfait connaisseur du système Biya, comme le décrit le Magazine, l’étau se resserre autour de lui.

« C’est en 1988 que Paul Biya a fait de ce politicien né à Douala il y a 80 ans, le secrétaire général adjoint de la présidence. Depuis lors, ce fils de médecin n’a plus quitté les hautes fonctions de l’État. C’est donc un visage familier de la vie politique, même si peu de Camerounais pourraient prétendre connaître cet homme peu expansif. Il a toujours évité les projecteurs et prend soin de faire parler d’autres à sa place. Ainsi, pour tenir son fief politique à Douala, il s’appuie sur Gaby Kondo, un de ses lieutenants.À n’en pas douter, Esso doit sa longévité à sa bonne connaissance d’un système impitoyable dont il est devenu l’un des piliers. Contrairement à ses concurrents Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara, emprisonnés depuis une dizaine d’années, Esso a mieux cerné le caractère de Paul Biya. Pour garder les faveurs du chef, il a toujours mis en avant – et en scène – une fidélité et une loyauté sans faille.Selon un témoin, lors d’un séjour présidentiel à Genève, Esso, alors directeur du cabinet civil du président (1989 à 1996), accueille le chef de l’État dans une salle de l’hôtel Intercontinental. En saluant les personnes présentes, Paul Biya murmure une blague qui fait rire une partie de l’assistance. Un ministre, qui n’avait pas entendu le bon mot, s’enquiert de ce qui avait fait rire le petit groupe. Réponse cinglante d’Esso : « Depuis quand je répète les propos du président ? », rapporte l’article de Jeune Afrique.

Source: www.camerounweb.com