Interview exclusive : Cabral Libii se lâche

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Tue, 29 Oct 2024 Source: L'oeil du Sahel

C’est une interview accordée au confrère l’œil du Sahel. Dans cet entretien, Cabral Libii se livre sur l’actualité politique du pays et de son parti dans la perspective des élections

«Nous croyons à la coalition, à la mutualisation des forces, à l’idée de transition dans notre pays»



Honorable, vous venez d’être pressé par des jeunes assoiffés de questions environnementales et écologiques. Pouvez-vous partager avec nous le fruit de vos échanges ?



J’ai pris un grand plaisir à ce moment d’échange parce que c’est dans les deux sens. Autant je partageais avec eux mes convictions, mes idées, mon expérience de parlementaire, autant je me suis abondamment enrichi de l’expérience de ces jeunes, de ces hommes et femmes qui œuvrent d’arrachepied avec opiniâtreté et ténacité sur des questions de durabilité, d’écologie, d’environnement, pour certains depuis des décennies. C’est une question cruciale. Que nous le voulions ou pas, que nous continuions à faire l’autruche ou pas, ce sont des questions qui vont nous tenir en tenaille. On a vu tout ce qui s’est passé récemment dans le MayoDanay, ce n’est pas très différent de ce qui s’est passé en Floride, en Afrique de l’Est ou en Asie ou ailleurs. A cause de la mauvaise habitude des humains, notre cadre de vie global est en plein dépérissement. Donc, il est absolument crucial et important que nous en soyons conscients. C’est pour cela que je vous dis que j’ai pris plaisir à échanger avec les jeunes parce que c’est justement sur cette catégorie démographique qu’il faut travailler et même sur les plus jeunes parce que l’avenir, qu’on le veuille ou non, c’est eux. Et pour certains d’entre eux, je souhaite lorsqu’ils seront à la décision, qu’ils soient conscients en permanence dans tous les actes qu’ils vont prendre, qu’il faut protéger notre cadre de vie.



Après avoir échangé avec ces jeunes, et au vu de l’approche de la session budgétaire, qu’est-ce que vous leur promettez ?



C’est un engagement que j’ai dû prendre parce que certains d’entre eux m’ont fait le reproche et à juste titre de ne m’avoir pas encore vu porter les questions environnementales et écologiques avec autant de vigueur que je le fais sur d’autres questions. Je n’ai pas manqué de leur rappeler que je suis un acteur de premier plan du Repar, qui est le Réseau des parlementaires sur ces questions-là. Mais j’ai effectivement fait la promesse et pris l’engagement dès la session de novembre qui s’en vient, c’est vrai c’est une session budgétaire, et même pour le peu de temps qu’il me reste sous ce mandat parlementaire, de porter avec plus de vigueur ces questions-là. Mais eux aussi ont pris l’engagement de continuer à m’enrichir sur celles-ci parce que j’ai fait l’aveu, en toute humilité, de ne pas en être le plus grand expert que nous ayons. Mais pour certains d’entre eux, ils connaissent les failles de notre dispositif législatif et réglementaire. Donc, nous nous sommes promis mutuellement de nous entraider, de nous tenir les coudes, et je crois d’ailleurs que ce sera là un bon exemple de ce que tous les Camerounais doivent faire parce qu’heureusement, ce sont des questions écologiques, environnementales, de durabilité. Ce sont des questions qui échappent aux clivages politiques. Il n’y a pas de gauche, pas de droite, pas de bas, pas de ceux qui sont au pouvoir, pas de ceux qui sont à l’opposition. Si le monde se gâte, il se gâte pour tout le monde. Quand il y a inondation, ça ne cible pas des partis politiques ou les militants des partis politiques. C’est pour ça que je dis qu’heureusement, sur cette question qui nous amène à dépasser des clivages, j’espère que l’exemple qui nous est donné ici va irriguer la société camerounaise toute entière.

Honorable, je saisis l’occasion pour vous arracher quelques mots sur l’actualité. On ne vous a pas entendu sur le long séjour du président de la République. Pourquoi ce silence à un moment aussi crucial de la vie de la nation ?



Pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il n’y a pas à ma connaissance, de texte de loi au Cameroun qui régit les séjours du président de la République à l’étranger. Donc, qu’il se déplace pour un jour, deux jours ou mille, je n’ai pas de fondement légal à partir duquel je vais faire une observation critique sur la durée de son séjour. La deuxième raison est qu’à la vérité, quand bien même le président est là, qui est au courant ? Je crois que nous avons pris l’habitude pendant les 42 ans qu’il dirige le Cameroun, de vivre avec un homme qui n’est jamais sorti de son mutisme, ni de son palais parce qu’il y avait quelque chose qui défrayait la chronique. Il y a eu des catastrophes ferroviaires, ça ne l’a pas sorti de son cocon. Il y a eu des catastrophes naturelles, ça ne l’a pas sorti de cocon. Il y a eu des hécatombes, ça ne l’a pas sorti de son cocon. Donc, moi je suis autant surpris de voir que des gens soient surpris que le président soit silencieux et absent. Je crois que ce sont des choses auxquelles nous sommes habitués depuis très longtemps et que peut-être à la faveur de l’imminence des échéances électorales, certains essaient de faire de petites surenchères dessus. Donc, pour répondre à votre question de façon simple, moi je dirige un parti politique au sein duquel nous pensons qu’on accède au pouvoir par la volonté du peuple et la majorité des suffrages. Donc ce qui nous préoccupe à un an de l’élection présidentielle, ce n’est pas que des gens soient morts ou vivants. Ce n’est pas que des gens parlent ou pas. Ce n’est pas que des gens soient absents ou présents. C’est la pertinence d’un projet de société que nous sommes en train de construire et que nous voulons proposer aux Camerounais pour que dans un an, ils nous fassent confiance et qu’ils nous hissent à la position qui nous permettra d’apporter un management différent, de faire des choses différemment.



A propos de cette présidentielle, l’heure est aux tractations dans les étatsmajors. On vous a annoncé au sein de la coalition ATP pilotée par Olivier Bile, mais vous n’y avez pas été beaucoup vu physiquement. Vous avez finalement opté pour une marche solitaire ?



La politique ne se fait pas comme ça. Le Pcrn est membre de l’ATP. Ce ne sont pas des individus qui adhèrent aux plateformes. Ce sont des organisations. Le Pcrn a toujours assisté à toutes les réunions de l’ATP, a été de tout ce que l’ATP a fait et a signé le manifeste, d’ailleurs bien avant beaucoup. Donc nous croyons à la coalition, nous croyons à la mutualisation des forces, nous croyons d’ailleurs à l’idée de transition dans notre pays. Nous l’avons expliqué à maintes reprises. Donc si vous attendez de voir Cabral Libii tout le temps en haut de l’affiche de l’ATP, ce ne sera pas le cas. En revanche, si vous aviez voulu voir le Pcrn, vous l’auriez vu à maintes occasions parce que le Pcrn n’a jamais, justement à la différence des autres, été absent.



Avec le choix porté par l’Univers sur Me Akere Muna, et l’option de Jean Michel Nintcheu pour Maurice Kamto, y a-t-il encore une chance de coalition de l’opposition ?

Bien sûr, tant que nous ne sommes pas arrivés aux élections, la chance pour toutes les forces prépondérantes de l’opposition de mutualiser et de travailler ensemble demeure entièrement. Peut-être même, il est bien que nous passions d’abord par ces petits regroupements qui ensuite pourraient donc ensemble construire une plateforme beaucoup plus forte et beaucoup plus efficace.



Quelle suite donnerez-vous à votre victoire judiciaire au sujet du Pcrn ? Que reste-t-il de la « réconciliation » avec Robert Kona ?



Le Pcrn c’est bien le Parti camerounais pour la réconciliation nationale. Je crois d’ailleurs que j’ai fait une publication là-dessus. Les portes de la réconciliation sont ouvertes à tous ceux qui, à un moment, pour une raison ou pour une autre, ont cru qu’ils pouvaient agir contre les intérêts du parti. Il n’y a pas de suite spécifique. Nous sommes engagés dans une dynamique. Nous sommes en politique pour partager notre projet avec les Camerounais et espérer obtenir d’eux, la confiance qui nous permettra de faire différemment les choses. C’est le seul projet que nous avons et sur lequel nous travaillons d’arrache-pied sans relâche. Maintenant que nous avons été restaurés, encore qu’on n’en avait pas été privé, et que les doutes qui pouvaient exister ou les confusions qui ont été suscités par certains, sont définitivement dissipés, nous sommes beaucoup plus dans notre travail et nous espérons qu’il portera fruit.

Source: L'oeil du Sahel