Les sciences morales appliquées se divisent en plusieurs branches, parmi lesquelles la religion, le droit, l'économie et la politique. La religion est l'approximation la plus pure de la connaissance de la volonté de Dieu et de la transformation de la volonté humaine pour la conformer à l'amour et à la justice de Dieu. Les autres disciplines sont très corrompues. Mais une société peut prospérer si le droit est le moins corrompu d'entre elles. La politique est la plus corrompue des sciences morales appliquées. L'économie, aussi étrange que cela puisse paraître, est moins corrompue que la politique.
En effet, le vendeur souhaite que le client revienne. Ainsi, outre le calcul des bénéfices des deux parties, le vendeur sait qu'un client déçu qui découvre avoir été trompé pourrait ne pas revenir. Le client est également obligé de reconnaître que tromper le vendeur au-delà des limites raisonnables de son activité pourrait signifier qu'il n'y aura peut-être plus rien à vendre demain. L'idée de réaliser un profit se justifie par le principe de division du travail et par le fait que le transport et la distribution font partie intégrante du processus de production. Le vendeur est un ouvrier qui mérite un salaire.
Mais l'entreprise politique, mue par un mélange d'ambitions égoïstes et bienveillantes, est le théâtre d'une corruption dont l'unité est néanmoins maintenue par la marche déterminée de la justice. Les théoriciens sociaux et politiques protestants ont depuis longtemps établi qu'une lutte efficace contre les ambitions par les ambitions et le respect de l'État de droit peuvent faire naître des avantages publics au détriment des vices privés. Pourquoi ce commentaire sur la nature des sciences morales appliquées ? Eh bien, il nous faut commenter l'actualité dans notre pays. Le mouvement incessant des ambitions et des calculs égoïstes nous a conduits à un point où beaucoup ont désormais compris que le RDPC est une secte et un navire en perdition. Ils ont commencé à abandonner ce navire en perdition. Nos sondages ont établi au cours des cinq dernières années, et plus clairement cette année, que l'implosion du RDPC et la sortie déshonorante de M. Biya de la politique sont désormais aussi certaines que les lois newtoniennes du mouvement. M. Issa Tchiroma, prisonnier politique, opposant politique et allié du RDPC dans sa mainmise sur les institutions de l'État, est un homme repenti ou un politicien instinctif en quête de nouveaux horizons.
Notre militantisme politique sur cette plateforme a pour objectif général de démontrer qu'une démocratie constitutionnelle et un fédéralisme efficaces sont bénéfiques pour notre pays. Pour que ces éléments contribuent à la stabilité politique et à la prospérité économique, nous avons fait valoir la nécessité d'un système bipartite fort. Cela ne signifie pas que les autres partis seront interdits ou que les citoyens seront découragés de se constituer en partis. Cela signifie simplement que l'électeur camerounais devrait saluer les évolutions politiques conduisant à un bipartisme fort, avec une base électorale engagée. Si cette voie évidente vers le développement économique est empruntée, alors l'utilisation manipulatrice de nos régions et de nos communautés culturelles comme monnaie d'échange par les politiciens et les familles royales cupides cessera. Ainsi, au lieu d'analyser la démission de M. Issa Tchiroma Bakary, nous souhaitons expliquer pourquoi nous devons œuvrer pour un bipartisme fort, comment celui-ci pourrait évoluer au Cameroun, compte tenu de l'implosion prévisible du RDPC, et mettre en garde les politiciens susceptibles de subir l'influence de la France, du RDPC paniqué ou d'autres puissances étrangères pour priver les Camerounais de leur libération politique et de leur marche résolue vers un bipartisme.
Quelles que soient les raisons qui motivent la démission de M. Issa Tchiroma Bakary, que son éloquente épître soit digne de confiance ou non, cela ne doit pas nous empêcher de saluer son courage. La démission est la démarche logique à suivre lorsque la conscience d'une personne ne s'accorde plus avec son devoir ou lorsqu'elle réalise que le peuple désapprouve le devoir auquel elle est appelée. Nous serions bien en peine de trouver parmi nos frères et sœurs un seul qui ait juré, dans sa jeunesse, de dépouiller le peuple camerounais une fois adulte. Les circonstances l'ont poussé à agir ainsi. Ces circonstances reflètent la philosophie politique franco-catholique sur laquelle reposent nos institutions et l'exploitation française du Cameroun, assurée par des dirigeants compromis et illégitimes. Rares sont nos frères et sœurs qui n'ont pas le courage de démissionner ou d'affirmer ouvertement que leurs actions ont blessé et continuent de blesser les Camerounais. Certains s'écrient nonchalamment : « Pourquoi ne pouvez-vous pas nous empêcher de détruire ce beau pays ? » Le peuple camerounais doit se lever et se lèvera pour libérer ces Camerounais du poids de leur mauvaise conscience, tandis qu'ils se roulent comme des porcs dans la boue de leurs richesses mal acquises.
1. Une démocratie constitutionnelle à régime présidentiel est stabilisée par un bipartisme fort.
1.1. Qu'un régime présidentiel exige une majorité, plus de 50 % des voix, ou simplement le plus grand nombre de voix pour être déclaré président, si les élections sont justes et régulières, le système tend vers une élection binaire.
1.2. Certains pensent que demander plus de 50 % des voix et autoriser un second tour rend la démocratie plus efficace. L'inconvénient de cette situation est que certains politiciens avides se spécialisent alors dans la politique provinciale ou dans des niches politiques qui leur assurent un soutien de 1 à 5 % et leur confèrent un pouvoir de négociation disproportionné au second tour. Mais chaque élection représente un énorme projet logistique. L'intérêt de cette démarche est difficile à saisir. Mais même dans des pays comme le Ghana, le Sénégal et le Kenya, où un second tour est nécessaire pour garantir au président plus de 50 %, ces scrutins se font plus rares avec le temps, la liberté des électeurs tendant vers des élections binaires.
1.3. Les partis politiques aident le peuple à affirmer sa souveraineté populaire, même entre les élections. Le parti au pouvoir doit rationaliser ses politiques et ses budgets avant de les mettre en œuvre. L'opposition tient le parti au pouvoir responsable, tout en tirant les leçons du processus de gouvernance en cours et en se préparant à intervenir si elle est élue. Seul un gouvernement à courte vue, typique du système franco-catholique, se réjouit de l'absence d'opposition ou d'une opposition faible. Le chef du parti au pouvoir ne peut superviser les actions de tous les membres de son gouvernement, mais le regard critique de l'opposition contribue à améliorer les performances du parti au pouvoir. Dans le cas du Cameroun, M. Biya et ses partisans veulent nous faire croire que leurs intentions ont toujours été bonnes, mais les échelons inférieurs (à quel niveau ?) n'ont pas exécuté les hautes instructions du président. On ne peut pas leur témoigner de sympathie car ils ont systématiquement truqué les élections et semé la discorde au sein des partis d’opposition pour les affaiblir.
1.4. Si les gens ne comprennent pas l'avantage fondamental d'un système bipartite fort, ils risquent de succomber au messianisme et à la diabolisation. La politique, science appliquée intrinsèquement moins morale, qui atteint un semblant de moralité par la multiplicité et le choc effectif des ambitions, peut être considérée comme ayant ce principe fondamental : si vous me donnez un ange comme leader politique, il se dégradera en tyran démoniaque, mais si vous me donnez deux démons qui se disputent mon approbation, tôt ou tard, ils évolueront en demi-anges mourant pour mon approbation. Cette attention portée à deux démons ou demi-anges concurrents fait la joie de l'électeur dont il défend jalousement la liberté. Il s'ensuit donc que nous devons nous méfier de l'implosion inévitable du RDPC (que Dieu soit loué pour sa disparition dans ce pays !). Nous ne pouvons pas nous permettre de remplacer un système à parti unique par un autre système à parti unique soutenu par le féodalisme provincial et l'élitisme.
1.5. Si l’expérience montre que les démocraties constitutionnelles sont consolidées et stabilisées par des systèmes bipartites forts, alors, conscients de la mort imminente du RDPC (à Dieu soit loué !), les Camerounais doivent commencer à se demander comment un tel système bipartite peut émerger dans la prochaine décennie au Cameroun.
2. Comment un système bipartite fort pourrait émerger au Cameroun – quelques spéculations.
2.1. Dans les années 1990, alors que l'on pensait naïvement que les élections pouvaient être libres et équitables et que l'approche de la politique présidentielle reconnaissait sa dimension nationale inhérente, on pouvait parler du SDF et du RDPC comme des deux principaux partis d'opposition. Le parti de M. Bello Bouba, initialement d'orientation nationale, est devenu un instrument d'égoïsme et de politique provinciale. Feu M. Adamu Ndam Njoya, qui avait modestement conçu sa politique en réaction au statut de partis à large assise du SDF et du RDPC, a adopté en 2004 le projet malheureux d'un « candidat unique de l'opposition ». Bien que la candidature de M. Fru Ndi en 1992 ait été soutenue par de nombreux petits partis, elle constituait une reconnaissance tacite de la nature binaire des élections présidentielles.
2.2. Avec le temps, M. Biya et son culte du RDPC ont instrumentalisé les partis résolument régionaux pour refuser au SDF le statut de parti national. Aujourd'hui, le SDF est très faible dans les régions du nord, même s'il peut nier une telle affirmation. Mais là où le SDF était le plus fort, le CRM/MRC l'a supplanté, c'est-à-dire dans le Littoral, l'Ouest et même le Nord-Ouest, en termes de soutien populaire, et pas nécessairement d'adhésion au parti. Ceux qui nient que nos sondages d'opinion reflètent les tendances politiques nieraient l'existence d'un tel soutien au CRM/MRC. Mais la dure réalité aujourd'hui est que le CRM/MRC et le SDF ne peuvent coexister dans le Nord-Ouest, le Littoral, l'Ouest et, dans une certaine mesure, le Centre. L'un des deux doit dominer, ou les deux doivent s'unir pour former un nouveau parti portant l'un des noms d'un nouveau parti. Les egos pourraient empêcher une telle évolution.
2.3. Si l'on admet que le CRM/MRC, seul ou en fusionnant avec le SDF, sera fort dans le Nord-Ouest, l'Ouest, le Littoral et le Centre, la question de la compétitivité nationale demeure. Un tel front politique doit chercher à obtenir un soutien majoritaire permanent auprès de la population d'une ou deux régions du Nord. La solution la plus réaliste est une présence forte dans l'Extrême-Nord. Si, grâce à une alliance avec MM. Bakary et Maigari, un tel front émergent obtient également un soutien majoritaire dans la région du Nord, alors la voie est ouverte à un système de parti unique qui pourrait finalement s'autodétruire en raison de l'absence d'opposition significative.
2.4. Il y a de fortes chances qu'un deuxième front politique fort émerge du PCRN de M. Libii. Contrairement au SDF en concurrence avec le CRM/MRC, les régions d'influence du PCRN sont dépourvues de concurrence politique significative. Bien que les signes d'un rapprochement ne soient pas encore perceptibles, le PCRN a besoin d'une alliance au nord pour faire contrepoids au CRM/MRC et au SDF, basés dans le Littoral et l'ouest du pays. Certains pourraient encore considérer le SDF comme un parti compétitif et structuré, capable de se recréer et de devenir le deuxième parti. Mais cela dépendra de sa capacité à attirer le PCRN et d'autres politiciens du nord pour créer un second front politique qui équilibre le CRM/MRC.
2.5. Le bipartisme pourrait émerger de considérations géographiques et sociales, sans être limité par la composition actuelle des partis politiques. Il est impératif de dépasser la prolifération des partis politiques dans les régions du Littoral et du Centre. En termes de régions, le Nord-Ouest, l'Ouest, le Littoral et l'Extrême-Nord constituent un bloc stratégique pour un parti aux composantes socialistes (socialisme libéral ou social-libéralisme) et à la vision non communautaire. Le Nord, le Centre, le Sud et l'Est peuvent constituer le deuxième bloc pour un parti politique doté d'une idéologie économique raisonnable et d'une vision sociale plus conservatrice. Le Sud-Ouest et l'Adamaoua pourraient devenir des régions contestées, oscillant entre les deux blocs. Un système bipartite sans liens régionaux fixes pourrait également se présenter.
2.6. Certains ont plaidé en faveur d'un cadre constitutionnel garantissant l'alternance présidentielle entre le Grand Nord et le Grand Sud, sans distinction entre anglophones et francophones, tandis que d'autres ont plaidé pour une alternance présidentielle entre l'ancien Cameroun français et l'ancien Cameroun méridional britannique. Nous ne cautionnons pas ces considérations centrées sur la présidence. Elles perturbent le système bipartite et ouvrent la voie à un État à parti unique, ce qui s'avère néfaste pour tous. Nous sommes également favorables à un système de gouvernement fédéral, où le président est moins puissant, le pouvoir législatif fédéral dispose de pouvoirs substantiels et les États fédérés disposent de domaines protégés de compétence et de juridiction exclusives.
2.7. Il est peut-être prématuré de spéculer sur la nature et le caractère régional d'un éventuel système bipartite ; nous devrions nous contenter de plaider pour l'émergence d'un tel système, comme configuration politiquement stabilisatrice et catalyseur d'un développement économique responsable et durable.
3. Nous appelons les Camerounais à la vigilance face aux politiciens qui pourraient exploiter la prise de conscience croissante que M. Biya ne devrait pas être à nouveau président. Nous ne voulons pas dire que M. Biya remporte des élections libres et équitables. Il est président grâce à un simulacre d'élections où la fraude électorale est tolérée par les alliances communautaires et les élites cupides.
3.1. La position française concernant les prochaines élections au Cameroun n'est pas claire. Mais elle sait que ce sera une élection sans précédent et que, dans le contexte africain francophone, un chaos pourrait survenir, nécessitant ou impliquant même l'armée. C'est pourquoi elle a spécifiquement désigné M. Thierry Marchand, historien et sociologue militaire. Il observe et défend ce qu'il appelle la plasticité des institutions militaires. En l’absence de guerres extérieures, l’armée peut être amenée à accompagner les transformations politiques internes d’un pays.
3.2. Nous savons que les Français suivent attentivement nos sondages. Ils sont conscients de la position relative des différents hommes politiques et de l'impopularité de M. Biya. On peut supposer qu'ils encouragent ou saluent la perte du soutien politique de M. Biya par MM. Tchiroma Bakary et Maigari. Il semble que les Français aient souhaité que M. Biya se retire et veille à l'élection d'un autre candidat du RDPC contrôlable, afin de poursuivre la protection injuste des intérêts français au détriment de ceux des Camerounais. M. Tchiroma aurait rencontré l'ambassadeur de France. Il semble évident que sans le soutien de Maigari et de Tchiroma, M. Biya ne peut dissimuler sa fraude électorale et s'en tirer impunément.
3.3. Les Camerounais peuvent éviter d'être manipulés pour défendre les intérêts égoïstes d'autres nations en privilégiant la démocratie constitutionnelle et le bilan des politiciens. Nous devons nous méfier des espoirs utopiques d'un front uni de l'opposition. M. Tchiroma était l'un des responsables chargés de choisir un candidat consensuel de l'opposition entre M. Fru Ndi et M. Ndam Njoya. Nous savons que les résultats ont été rejetés par M. Fru Ndi, le candidat le plus fort, alors qu'il était candidat à la présidence. Quel rôle a joué M. Tchiroma ? Pourrait-il être accusé de partialité inconsciente envers le candidat anglophone ? Quel est le degré d'engagement de M. Tchiroma, s'il a ensuite rejoint le gouvernement de M. Biya ? La prudence est donc de mise dans l'évaluation de toute manœuvre politique visant à obtenir un candidat consensuel à la présidentielle.
3.4. L'affirmation selon laquelle la communauté X soutient le candidat Y n'est qu'un slogan politique à traiter comme tel. Tous les politiciens sont libres de l'utiliser à des fins psychologiques. Mais la vérité est que nos élections et notre politique doivent être déterminées par la conscience de chacun. Le décompte final des voix est le fruit de la volonté de chacun. Même si nos voisins partagent notre point de vue, notre joie de le partager ne signifie pas que nous sommes unis. En réalité, à moins d'appartenir à la minorité privilégiée de chaque communauté, on fait assurément partie de ceux qui aspirent au changement. Deux considérations doivent guider le choix d'une personne : ce candidat peut-il résoudre mes problèmes ? Outre mon vote, peut-il recueillir suffisamment de voix à l'échelle nationale pour remporter la présidence ? Seule une réponse affirmative à ces questions devrait nous inciter à soutenir un candidat à la présidentielle. Cette considération devrait nous aider à garantir que la vague de démissions qui déferle sur le pays ne vise pas à fragiliser et à semer la confusion dans l'opposition, tout en facilitant la réélection de Biya. Les Camerounais sont matures et devraient le démontrer en ne se laissant pas déstabiliser par la vague de démissions et la prolifération des candidats à la présidentielle. Il est fort probable que les deux premiers candidats recueillent environ 80 % des voix, laissant peu de marge aux nombreux candidats politiques.
Continuons à nous inscrire sur les listes électorales, à exiger notre carte d'électeur et à nous préparer à voter pour défendre notre vote. Nous, peuple camerounais, pouvons faire de notre pays une nation stable et prospère.
Que Dieu vous bénisse. Et qu'Il bénisse notre pays, le Cameroun, alors que nous luttons pour transformer notre système politique en un système bipartite compétitif et pour transcender la manipulation actuelle de diverses communautés par le RDPC et ses alliés. Par la grâce de Dieu, nous vaincrons.