'J'ai besoin qu'on me remonte le moral'

Fesses Fille Hotel Une situation difficile

Fri, 21 Nov 2025 Source: Horizons nouveaux n°308

Sa copine, possédant une forme de rêve, le met à l'écart. Tout ne marche pas dans sa vie. Le concerné a vingt-huit ans et il est au chômage. « Je sais que ça sonne déjà comme le début d'une histoire triste, mais ne me jugez pas tout de suite », prévient-il.

Je vis chez mes parents depuis la fin de mes études et s'il y a bien une chose que j'ai apprise pendant toutes ces années, c'est à faire comme si de rien n'était. Chaque matin, ma mère me réveille en me demandant : « Kontchou, quand est-ce que tu vas trouver le travail pour que je puisse me reposer ? ». Je souris et je lui réponds : « Bientôt ».

Cela fait trois ans que je dis « bientôt ». J'ai fait toutes sortes de boulots pour survivre. J'ai été chauffeur taxi, employé d'une station-service pendant deux mois, jusqu'à ce que le propriétaire m'accuse d'avoir volé 172 000 francs CFA. J'ai aussi été community manager pour une petite boutique qui n'a jamais rien vendu.

La plupart de mes amis s'en sortent bien. Ils travaillent dans des banques, des entreprises technologiques et même dans la fonction publique. Certains conduisent des voitures dont je suis incapable de prononcer le nom correctement. Et les mêmes personnes avec qui j'achetais du maïs brulé au bord de la route portent maintenant des costumes et parlent d'immobilier et de dividendes. Quand je les croise, ils me disent : « frère, ne t'inquiète pas. Ton tour viendra ». J'acquiesce en riant, mais au fond de moi, je me demande « quand ? ».

Ma famille ne me facilite pas la tâche. Quand ma petite sœur a décroché son premier emploi, elle a commencé à m'appeler « le vieux », non pas par respect, mais par sarcasme. Mon oncle m'a dit lors de la Noël dernière que j'étais « l'exemple de ce que les jeunes ne devraient pas devenir ». Imaginez-vous assis à une réunion de famille, en train de manger du riz sauté. J'ai failli m'étouffer.

Ma copine, avec qui j'étais depuis deux ans, m'a quitté pour un ami. Le jour où elle me l'a annoncé, elle m'a dit : « Tu es quelqu'un de bien, mais je dois penser à mon avenir ». Je me suis dit que je ne lui en voulais pas de m'avoir quitté, car à vrai dire, j'essaie aussi de me quitter moi-même.

En ce moment, j'aide un autre ami à monter son entreprise. Il dit que c'est une « start-up ». Ce mot lui donne un peu de prestige, mais honnêtement, on est juste tous les deux dans un minuscule local aménagé en conteneur, avec un vieux portable et un ventilateur qui ne tourne même pas. Je gère les réseaux sociaux, le marketing, les courses et parfois je cuisine pour nous quand on a de quoi manger. Il dit que l'entreprise n'est pas encore rentable, donc il ne peut pas me payer. Je me dis que j'acquiers de l'expérience, mais mon compte en banque n'est pas du même avis.

Parfois, je vais au bord de la route et je regarde les gens prendre leur voiture pour aller au travail le matin. Mais vous savez quoi ? Je n'ai pas abandonné. Pas encore. Je suis peut-être juste sur un mauvais chemin. La vie n'est pas une course, même si, en ce moment, j'ai l'impression de courir pieds nus pendant que tout le monde roule en Mercedes.

J'ai besoin de motivation, là, tout de suite. Si vous avez déjà vécu ce que j'ai vécu, cet entre-deux entre espoir et frustration, je veux savoir comment vous avez fait. Comment avez-vous gardé le moral quand tout autour de vous criait « échec » ? Peut-être que je tirerai des leçons de votre expérience et que je ne baisserai pas les bras. Franchement, c'est dur.

Source: Horizons nouveaux n°308