• Il s’agit du film de Muriel Blanche
• Eric Elouga estime que ce film était sans saveur
• Il déclare que cet œuvre ne contribue pas à l’évolution du cinéma camerounais
Etant donné que l’œuvre humaine ne saurait être parfaite, les avis sont donc presque toujours divergents. Autant de têtes, autant d’avis, dit-on, la deuxième diffusion télévisée du film ALINE de Muriel Blanche n’a pas mis tout le monde d’accord. Alors que certains lui jettent des fleurs en appréciant le scenario et le talent, Eric Elouga, rédacteur en chef à la société de presses et d’éditions du Cameroun quant à lui n’a pas du tout digéré ce long métrage et ne s’est pas privé de partager son avis à sa communauté grâce à une publication sur son compte Facebook.
« J’ai regardé ALINE ! Et presque comme je m’y attendais, j'ai trouvé ce film mauvais
Des plus indulgents que moi diront moyen, mais difficilement quiconque aime et suis le septième art pourrait trouver cette production de qualité.
Dans la lignée de nombreuses livraisons locales servies dernièrement, plus adaptées pour des fins de soirée sur canal 2 movie que pour le grand écran, ALINE fait le quasi grand chelem des travers qui ont fait régresser le cinéma camerounais ces dernières années. Scénario simpliste, peu fouillé et documenté, qui déroule paresseusement clichés sociétaux et incohérences de récits. Une galerie de personnages banalement manichéens (les bons très très bons et les méchants très très méchants), sans nuances ni aspérités, manquant de caractérisation et même de charisme. Lesquels sont incarnés par des acteurs soit dans le surjeu soit dans le déficit de jeu. Des dialogues pour le coup au même niveau que le scénario, mis en scène le plus souvent sans idée en champ-contrechamp. On voit tout venir à des kilomètres, l'histoire se veut tragique mais fait plus souvent rire que pleurer, les messages manquent de subtilité etc.
J'ai espéré que la tête d'affiche du film, qui en était aussi le principal argument commercial, sauve le peu qui pouvait l'être par une prestation mémorable, dévoilant un talent que le format télévisuel auquel elle doit sa notoriété, n'a pas toujours mis en valeur. Mais à l'évidence, Muriel blanche est une bonne "technicienne", à qui il manque ce petit truc en plus d'inné et de naturel, qui fait d'une bonne comédienne, une bonne actrice.
Je vois déjà d'ici les rageux déferler et venir m'insulter en s'indignant qu'un non cinéaste dont les seuls films réalisés sont des vidéos de ses enfants enregistrés avec un téléphone, ose critiquer un travail dont il serait incapable. Honnêtement je n'en ai cure. Le cinéma camerounais n'évoluera pas tant qu'on reste dans l'optique de se réjouir du seul fait que des films ont au moins le mérite d'exister, et que pour la qualité on repassera. L'âge d'or des Essomba, Sibita, Pippa semble aujourd'hui tellement lointain que des films de l'Afrique de l'ouest, du Nord, du Sud nous sont passés devant alors que nous avions un temps de l'avance sur eux. Je ne remets pas en cause les jeunes cinéastes qui se battent pour maintenir le septième art camerounais vivant, dans le contexte difficile que nous connaissons. De tout mon cœur je souhaite les encourager et pouvoir payer 2000 F pour voir une production locale plutôt qu'un Avenger. Mais l'effort de qualité est la condition sine qua non du renouveau, y compris économique. Et sur ce terrain, le débat n'est pas qu'affaire d'hommes de cinéma. »