Jacques Landenne veut revolutionner la santé

Chirurgiens Jacques Landenne (Au milieu) Le Docteur Jacques Landenne

Mon, 7 Mar 2016 Source: camer.be

A la suite du Docteur Essola, le Docteur Jacques Landenne revient ici sur la technique de la laparoscopie qui vient d'entrée dans sa phase expérimentale à l’Hôpital Gynéco­Obstétrique et Pédiatrique de Douala (HGOPED) au Cameroun. Il s'agit de cette pratique médicale qui consiste désormais à opérer le patient en regardant l'image sur un écran TV et en manipulant les instruments de l'extérieur de son corps.

Le spécialiste rappelle dans l'interview qu'il a accordée à la rédaction de Camer.be que c'est que toute opération réalisée en laparoscopie doit reproduire exactement le même résultat que les interventions à ventre ouvert.

Laparoscopique Docteur Jacques Landenne, pouvez-vous nous expliquer en des mots très simples ce qu'est une laparoscopie?

La chirurgie laparoscopique est une chirurgie mini invasive c'est à dire avec de très petites incisions, et parfois si on doit enlever un organe , une petite incision en plus. Elle se pratique avec une caméra placée dans le ventre après qu'il ait été gonflé par un gaz qu'on appelle le CO2. Les instruments et la camera sont placés dans le ventre au moyen de trocarts de 5 à 12 mm. On opère donc en regardant l'image sur un écran TV et en manipulant les instruments de l'extérieur.

Comment se passe une intervention par laparoscopie dans la pratique ? Le patient est-il mis sous anesthésie à cette occasion?

La chirurgie laparoscopique ne peut se faire autrement que sous anesthésie générale parce que le ventre est gonflé fort et le patient ne peut respirer sans une assistance ventilatoire créée lors de l'anesthésie générale. Cette technique a commencé en Belgique depuis plus de 25 ans mais les progrès actuels , tant médicaux, qu'au point de vue des instruments adaptés, qu'au point de vue de l'image parfaite obtenue par les ingénieurs,qu'au point de vue de l'expérience des opérateurs, en ont fait "LA" chirurgie de pointe actuelle? on va de plus en plus loin dans le type d'interventions mais il faut toujours prévenir le patient que parfois il est nécessaire de passer à la chirurgie ouverte pour des raisons de sécurité.

Depuis quand est ce que cette nouvelle technique opératoire est mise en route au Cameroun?

Maintenant en Belgique, les jeunes chirurgiens en formation, commencent immédiatement la chirurgie laparoscopique dès le début de leur formation? mais il y a un gros handicap, c'est qu'ainsi, ils n'apprennentplus à opérer à ventre ouvert, et quand la coelioscopie est trop difficile, il faut ouvrir le ventre et alors ils ne sont pas à l'aise parce qu'ils ne l'ont jamais fait ! Avec l'expérience, de plus en plus d'opérations sont réalisées par laparoscopie. On réalise l'appendicectomie, la hernie, la vésicule biliaire, le reflux gastrooesophagien, les opérations sur les intestins de haut en bas pour les pathologies bénignes mais aussi cancéreuses, la chirurgie gynécologique, les reins, la rate et encore bien d'autres types d'interventions.

Les techniques chirurgicales sont-elles identiques chez tous les patients ?

Oui la technique chirurgicale est la même pour tous les patients et j'ajoute quelque chose de capital, c'est que toute opération réalisée en laparoscopie doit reproduire exactement le même résultat que les interventions à ventre ouvert.

Quels sont les avantages majeurs de la laparoscopie par rapport à la laparotomie plus connue sous le nom de la chirurgie à ventre ouvert ?

Ils sont multiples depuis la douleur moindre, la diminution des complications classiques postopératoires comme les phlébites et embolies pulmonaires, la reprise du transit intestinal et de l'alimentation très rapides, reprise des activités physiques et autres très rapides également. On note aussi une diminution très importantes des éventrations à longs termes vu la taille des cicatrices et enfin l'apport esthétique des cicatrices.

Quels sont les inconvénients de la laparoscopie ?

Ils sont très rares et peu nombreux ? je dirais les douleurs post op dans les épaules disparue en 2 jours et le ballonnement abdominal léger quelques jours.

Quelles en sont les complications éventuelles ?

Les complications de cette chirurgie sont exactement les mêmes que la chirurgie ouverte? il faut cependant ajouter une grosse complications très rare, c'est l'embolie gazeuse lorsque l'on commence à mettre du gaz dans le ventre pour le gonflé? en pareil cas, il faut immédiatement arrêter la laparoscopie.

Peut-on dire qu'avec la laparoscopie la notion de risque per ou post opératoire est complètement effacée?

Certainement pas !!!! En chirurgie, le risque existera toujours quelque soit la technique utilisée.

Sur le plateau technique, quel matériel utilise-t-on en laparoscopie ?

Il s'agit d'un matériel totalement différent que la chirurgie ouverte puisqu'on opère avec du gaz dans le ventre, avec une caméra dans le ventre qui montre l'image sur un écran tv que le chirurgien regarde tout le temps pendant l'opération. Les instruments eux aussi sont adaptés puis qu'ils doivent passer dans de tout petits orifices de trocarts. Il faut donc une colonne comprenant un écran TV, un insufflateur pour le gaz et qui maintient la pression du gaz tout le temps à la même pression, une source de lumière pour voir dans le ventre et une source électrique souvent différente pour couper et coaguler en opérant.

La laparoscopie est-elle adaptée dans le contexte médical actuel en Afrique?

Ayant amené avec le Docteur Essola (Dr Basile Essola, ndlr) et toute l'équipe tout le matériel neuf pour la coeioscopie que nous avons acheté ensemble en Belgique et amené à Douala , il n'y a aucune raison que l'on ne puisse pas faire et apprendre à nos collègues africains, ce type de chirurgie qu'ils réaliseront progressivement aussi bien que nous en Afrique.

Pour terminer, le coût d'achat et de l'entretien d'un robot chirurgical Da Vincie est-il abordable pour un état Africain qui se lancerait dans la pratique de la laparoscopie à travers ses hôpitaux ?

Non, actuellement le coût de ce robot est totalement prohibitif pour l'Afrique et même pour la majorité des hôpitaux européens? il faut oublier !

Le médecin belge Jacques Landenne (chirurgien viscéral) est depuis peu très impliqué dans un projet expérimental dans le domaine de la Laparoscopie à l’hôpital gynéco­obstétrique et pédiatrique de Douala,projet initié par le point focal universitaire pour le développement (Pfud), une plateforme qui a vu le jour en Belgique. Nous y reviendrons.

Source: camer.be