Condamné à ans de prison il y a quelques année à 20 ans de prison, pour complicité intellectuelle dans une affaire de détournement de fonds, Marafa Hamidou Yaya paierait plutôt pour un message dans lequel il disait à un diplomate, qu'il pourrait être intéressé par une candidature à la fonction de président du Cameroun.
Niels Marquardt, ancien ambassadeur des USA au Cameroun a affirmé sans ambages que Marafa Hamidou Yaya a été mis en prison pour lui avoir confié pendant qu'il était en mission au Cameroun, qu'il aimerait succéder à Paul Biya à la tête du pays. L'information envoyée à Washington faisait partie du lot de renseignements divulgués par Wikileaks. C'en est alors suivi une suite de montages judiciaires qui a envoyé Marafa en prison, juste pour avoir rêvé de la fonction présidentielle.
"M. Marafa a été accusé de corruption. Mais son seul véritable crime est de m’avoir dit, en toute confidentialité en 2006, qu’il « pourrait être intéressé » par une éventuelle candidature à la présidence du Cameroun, dans l’éventualité où Paul Biya quitterait ses fonctions. La section politique de mon ambassade, que dirigeait habilement Katherine Brucker, actuelle cheffe de mission adjointe à Ottawa, avait naturellement rapporté cette information à Washington, dans un câble évoquant les scénarios possibles de la succession Biya. Lorsque ce câble a été publié par WikiLeaks, en 2010, cette confidence de M. Marafa a immédiatement fait la une des journaux camerounais. Cela a conduit directement à son arrestation, puis à son procès-spectacle l’année suivante...Au Cameroun, la succession du président est un sujet si sensible que la simple évocation, par M. Marafa, de ses éventuelles ambitions a ébranlé le délicat équilibre tribal et politique du pays. De toute évidence, la coterie de M. Biya, composée essentiellement de chrétiens du Sud appartenant à la tribu Beti, s’est sentie menacée à la perspective de voir M. Marafa devenir président, au point qu’elle a décidé de le mettre définitivement sur la touche et qu’elle a manipulé le système judiciaire du pays à cette fin", écrit l'ancien ambassadeur des USA au Cameroun, Niels Marquardt.
L'ancien diplomate a également demandé au gouvernement américain de faire tout ce qui est en leur pouvoir, afin de libérer Marafa. Car, rappelle t-il, cet homme est en prison, à cause des informations volées par Julien Assange aux autorités américaines.
"Je continue de croire que la décence élémentaire, la loyauté et le fair-play obligent les États-Unis à suivre de près le cas Marafa et des affaires similaires jusqu’à ce que justice soit réellement rendue. Non seulement ce serait la bonne chose à faire, mais cela montrerait à nos amis et collaborateurs du monde entier – y compris à ceux qui ont été affectés par WikiLeaks au point qu’ils ne veulent plus parler aux diplomates américains – que, même après avoir laissé se produire un événement aussi stupidement tragique, l’Amérique se montre à la hauteur de ses responsabilités. En outre, je crains que les États-Unis soient en train de perdre la bataille de l’opinion mondiale sur cette affaire de WikiLeaks. Avec l’extradition d’Assange et les poursuites judiciaires qui l’attendent, le moment est venu d’expliquer pourquoi cette affaire est importante et pourquoi nous la prenons autant au sérieux", ajoute M. Marquardt.