L’universitaire expulsé vers les Etats-Unis fin décembre 2017, a accordé une interview à La Nouvelle Expression parue ce 4 janvier 2018.
Cameroon-Info.Net a sélectionné quelques extraits:
Question : Quelles étaient vos conditions de détention à Kondengui ?
Patrice Nganang : décrire les conditions de mon incarcération va scandaliser plusieurs, car il y a plusieurs niveaux : d’abord le niveau juridique qui est que pendant plusieurs jours, j’ai été arrêté en zone internationale, à l’aéroport de Douala ; que j’ai été sevré de tout contact, tant avec ma famille qu’avec mes avocats, que j’ai été mené en prison sur des charges nouvelles qui sont toutes tombées comme du sable mouvant.
Mais il y a aussi les conditions tribales. Et je vais en parler ouvertement. Eh bien parce qu’il faut que les Camerounais sachent la vérité de ce que j’ai vu et vécu, sachez que ceux qui m’ont arrêté à Douala et conduit à Yaoundé étaient tous Beti, sauf un. Ils se parlaient donc en leur langue et j’ai seulement retenu le mot « nkukuma », car ils s’appellent Biya comme ça entre eux.
La PJ où j’étais, la police politique donc, est à 90% francophone – inutile de deviner la tribu là-bas, car un des commissaires principaux lui-même, et j’ai son nom, a parlé de « pouvoir bulu ». J’y ai rencontré seulement deux anglophones dont un était à Buea avec moi.
Ceux qui m’ont accueilli à Kondengui, le 13 décembre la nuit, étaient tous Beti. Y compris le régisseur ! Et se parlaient leur langue carrément. Je dormais au quartier 11, à 90% Beti, où ils m’ont mis eux-mêmes sans me demander mon avis, car je voulais soit le quartier 1, soit le quartier 3 pour être avec les anglophones.