La crise du carburant qui sévit depuis des semaines au Cameroun a poussé le Président Paul Biya à prendre une mesure audacieuse en libéralisant les importations de carburant. Cette décision, rapportée par Jeune Afrique, marque le retour à la formule d'importation prévalant jusqu'en 2019, avant d'être abandonnée suite à l'incendie de la seule raffinerie du pays.
La libéralisation des importations de carburant au Cameroun, prescrite par Paul Biya, est perçue comme un retour à la norme par certains acteurs du secteur pétrolier. Cette mesure vise à résoudre la pénurie persistante qui a provoqué des files d'attente devant les stations-service et suscité des mouvements de mécontentement.
Selon Jeune Afrique, la principale bénéficiaire de cette libéralisation est la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH). La CSPH retrouve son rôle de régulateur du secteur pétrolier aval et est chargée du processus d'attribution des quotas aux importateurs majeurs du secteur.
Paul Biya introduit également un double contrôle de la qualité des produits importés. Cette responsabilité incombe d'abord à Hydrocarbures, Analyses et Contrôles (Hydrac), une filiale de la SNH, puis à la Sonara. Cependant, des observateurs craignent que la Sonara utilise cette nouvelle prérogative pour favoriser ses propres produits et désavantager ses concurrents.
Cette libéralisation signifie également la fin du mécanisme en place depuis trois ans, mettant le ministère de l'Eau et de l'Énergie et son ministre, Gaston Eloundou Essomba, au centre de la gestion des quotas, dans une position perdante. La nouvelle approche élimine l'appel d'offres et permet aux importateurs majeurs, tels que TotalEnergies et Tradex, de se ravitailler sur le marché international.
Jeune Afrique explique que la crise actuelle trouve ses racines dans la gestion antérieure du carburant au Cameroun. Avant 2020, la libéralisation permettait aux sociétés de distribution de carburant de négocier directement avec les traders, entraînant des coûts plus élevés pour l'État qui devait combler le manque-à-gagner par le biais de subventions.
Le ministre de l'Eau et de l'Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a mis en place un nouveau système en 2020, basé sur des appels d'offres pour sélectionner les traders chargés d'approvisionner le marché. Cependant, ce dispositif a rencontré des défis, notamment liés à la hausse des cours du pétrole et des coûts de fret, ainsi que des lenteurs administratives.
Les importateurs majeurs, TotalEnergies et Tradex, ont décidé de ne plus accepter les quotas d'importation fin octobre, mettant en jeu plus de 200 milliards de francs CFA. Cette décision a contribué à la crise actuelle du carburant au Cameroun.
En adoptant cette mesure, Paul Biya espère résoudre durablement la crise du carburant qui affecte les principales villes du pays et apaiser les tensions au sein de la population. Jeune Afrique rapporte que la situation reste tendue, et la suite des événements sera scrutée de près par les acteurs du secteur pétrolier et la population en général.