Le 2 février, une cérémonie d'inauguration des 14 postes de péage automatiques au Cameroun devait marquer une étape importante dans la modernisation des infrastructures du pays. Pourtant, ce qui aurait dû être un moment de célébration s'est transformé en imbroglio politique majeur.
Le consortium franco-camerounais Fayat et Egis, en charge du projet, avait remporté en avril 2019 un contrat de partenariat public-privé de vingt ans pour la construction, l'équipement, et l'exploitation des péages. Cependant, au dernier moment, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, a reçu l'ordre de la présidence d'annuler l'inauguration et de mettre fin au contrat avec le consortium.
Dans une lettre adressée à Philippe Serain, président de Tollcam, la filiale locale du consortium, le ministre a notifié la décision du gouvernement de suspendre le projet de partenariat public-privé et de le transformer en un marché public, sous le contrôle direct de l'État. Cette volte-face abrupte a pris de court les acteurs impliqués dans le projet, qui avaient déjà engagé des ressources considérables.
Selon les investigations de Jeune Afrique, le président Paul Biya avait exprimé dès septembre 2023 son intention de retirer à Tollcam la gestion des péages, préférant que l'État prenne en charge ces infrastructures stratégiques. Bien que le consortium n'ait jamais reçu une notification officielle de cette décision, des sources internes indiquent que Tollcam était au courant de ces intentions présidentielles.
Depuis l'annonce, les discussions entre Philippe Serain et les autorités camerounaises se multiplient. Tollcam cherche désormais des solutions pour obtenir un dédommagement pour la perte du contrat et les investissements déjà réalisés. Pendant ce temps, l'exécutif camerounais, qui a proposé une solution à l'amiable, fait face à des tensions internes entre le palais et certains ministres sur la gestion future des péages.
Alors que cette affaire continue de se dérouler en coulisses, Jeune Afrique reste à l'affût des développements et continuera à rapporter les dernières informations sur ce bras de fer entre le président Biya et Tollcam pour le contrôle des péages camerounais.