Jouer avec le feu: Kamto met en garde contre les dérives du régime de Paul Biya

Kamto Et Biya Ancien Image illustrative

Wed, 22 Jan 2025 Source: www.camerounweb.com

Le président du MRC, Maurice Kamto, a répondu ce 21 janvier 2025 au communiqué du Secrétaire général du RDPC du 14 janvier. Dans sa déclaration, l'opposant dénonce "le tribalisme d'État et la terreur politique" qu'il impute au parti au pouvoir.

Il accuse le RDPC de violer l'État de droit et la Constitution, tout en avertissant que "la force" ne triomphe pas toujours. Son message est clair : le régime doit cesser "la violence multiforme" qu'il exerce sur le peuple camerounais.



DECLARATION RELATIVE AU COMMUNIQUE DE PRESSE DU RDPC DATE DU 14 JANVIER 2025.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a pris connaissance du Communiqué de presse daté du 14 janvier 2025, dans lequel le Secrétaire Général du Comité Central du RDPC dénonce, avec l’arrogance propre à son parti, les propos et actions « des acteurs politiques et sociaux de tous bords » qui, non seulement ne chantent pas les louanges de son parti, mais attirent l’attention des Camerounais sur la situation dramatique du pays. Il y relève les objectifs que viseraient, selon lui, ces « agissements antirépublicains, irresponsables et condamnables », comme si le RDPC savait ce qu’est la République, lui qui promeut le tribalisme d’Etat et la terreur politique, bafoue l’Etat de droit en piétinant sans vergogne les lois de la République, à commencer par la Constitution, et se nourrit des injustices d’une justice qui est mise en coupe réglée.

Parmi les trois objectifs qu’il fustige, il glisse celui qui consisterait à « préparer les consciences à des violences éventuelles dans la perspective de défaites annoncées pour certains ou de non-participation au scrutin présidentiel pour d’autres. »

Le Secrétaire Général du RDPC qui parle de défaite annoncée de certains n’a sans doute pas réalisé que ce sont ses propres camarades du parti qui annoncent depuis 2023 au moins la défaite du RDPC à présidentielle à venir et ne trouvent pour seule issue à leur débâcle qu’un « coup d’Etat militaire » qui priverait le candidat élu du MRC du pouvoir. Et le très républicain Secrétaire Général du RDPC n’a jamais dit ne fût-ce qu’un demi-mot pour dénoncer cet appel funeste à un acte antirépublicain par excellence, par des communicants officiels et attitrés de son parti. Il se bouche les oreilles pour ne pas entendre les mêmes, et plus encore le Ministre de l’Administration Territoriale, militant notoire de son parti, qui claironne depuis 2021 au moins, non même pas que le MRC ne pourra pas présenter de candidat au prochain scrutin présidentiel, mais que son Président National, Maurice KAMTO, ne sera pas candidat à ladite élection, et ce, contrairement à l’état actuel du droit sur la question.

Qui donc fait preuve de « fébrilité » et agite un spectre illusoire de nature à « susciter et entretenir un climat généralisé de peur, de tension, de panique, d’inquiétude et d’insécurité au sein des populations en cette année d’élection présidentielle » ? Qui sème la terreur physique, intellectuelle et psychologique dans notre pays depuis des décennies, depuis les multiples tentatives de coups d’Etat des années 1983-84, aux répressions barbares des années 1990-92, puis de la fin de cette décennie avec les disparus de Bépanda, celles de 2008 suite aux émeutes dites de la faim, puis de la fin de 2018, en 2019, 2020 avec des tirs à bout portant sur des marcheurs pacifiques, les assassinats des religieux et divers autres non élucidés à ce jour, pour ne rappeler que quelques moments emblématiques ? L’Histoire ne s’écrit pas avec une gomme et aucune tentative d’inversion des rôles ne trompera les Camerounais sur la nature réelle du régime RDPC et ses faits d’armes terroristes.

En adaptant les propos d’un penseur français, Blaise Pascal, je dirais qu’au lieu de faire que ce qui est juste soit fort, le régime actuel a fait que ce qui est fort soit considéré comme juste. Et voilà où en est notre pays ! C’est depuis le double scrutin législatif et municipal de 2020 que le RDPC vacarme sur la non-participation du Président National du MRC, investi par son parti, au scrutin présidentiel de 2025, au motif curieux que le MRC ayant boycotté ledit scrutin ne peut pas prendre part à l’élection présidentielle à venir.

De quel droit le Secrétaire Général d’un parti politique prétendument républicain peut-il se substituer aussi aisément aux instances légales habilitées à recevoir les candidatures, à examiner leur conformité à la loi – et à la loi seule – et à arrêter la liste de celles qui remplissent les conditions requises ? Comment le Secrétaire Général du parti qui dirige le pays, et qui devrait être plus que quiconque attaché au respect de la loi et à l’intérêt général, a-t-il pu se laisser entraîner dans la panique qui gagne les rangs de son parti, si ce n’est qu’il est lui-même persuadé de la défaite certaine du candidat que le RDPC soutiendra ? Je dis soutiendra, parce qu’en l’état actuel des choses, le RDPC ne peut pas présenter un candidat au prochain scrutin présidentiel. Et il le sait. Au lieu de faire du hooliganisme politique comme c’est le cas depuis quelques temps déjà, le RDPC devrait avoir le courage de dire à ses militants qu’au regard des dispositions pertinentes des Statuts de leur parti, ils n’auront pas de candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, que ce soit le Président de la République actuel ou n’importe lequel des militants de ce parti. Les seules options qui restent au RDPC sont soit de faire présenter la candidature de quelqu’un sortant de leurs rangs par un de leurs partis alliés disposant de représentants dans les conseils municipaux ou à l’Assemblée Nationale, soit que l’intéressé obtienne les 300 signatures prévues par le Code Electoral et se présente comme candidat indépendant. Dans l’un et l’autre cas, il ne devrait pas y avoir de difficultés.

Les instances compétentes pour se prononcer sur la validité des candidatures le feront le moment venu. Contrairement au RDPC et ses dirigeants, nous ne sommes pas à ce point hâtifs et irresponsables pour trancher la question.

Quant à moi, j’ai informé l’opinion que je serai candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, parce que ma candidature sera présentée dans les conditions conformes à la Constitution de notre pays et à la loi électorale. Je l’ai redit la dernière fois dans mon message du 31 décembre 2024, je le dis à nouveau aujourd’hui et n’y reviendrai pas. Le RDPC et quiconque devront s’y résoudre. Il est étonnant que des personnes qui concèdent du bout des lèvres que j’aurais quelques compétences en droit soient les mêmes qui s’évertuent à vouloir me donner des leçons de droit à travers des commentaires hasardeux du Code Electoral. Le RDPC et ses excroissances et autres satellites croient pouvoir distraire ou décourager les Camerounais avec du verbiage sur ce sujet. Mais seuls ceux qui ne veulent pas entendre peuvent croire qu’il y aurait là un sujet de débat.

Toute personne, à quelque niveau que ce soit, qui poussera le zèle ou la haine, ou quelque autre sentiment ténébreux, jusqu’à la violation des lois pour satisfaire le rêve antidémocratique clairement assumé du RDPC sera déclaré ennemi du peuple camerounais et traité comme tel, sans aucun ménagement. J’entends souvent quelques vendangeurs de connaissances sommaires déclamer comme un mantra que « l’Etat a le monopole de la violence légitime ». Non seulement il ne s’agit pas d’un énoncé juridique, mais une telle déclaration découle d’une lecture partielle du travail du sociologue Max Weber. A supposer que cette formule veuille dire quelque chose pour le juriste dans un Etat de droit, il importerait de préciser que l’Etat n’a le monopole de la « violence légitime » que lorsque celle-ci s’exerce dans le cadre et les limites fixés par la loi.

Il n’est dans l’intérêt de personne de jouer avec le feu, et nul ne devrait croire que la force triomphe de façon irrémédiable. Le RDPC et son régime peuvent renoncer dès à présent à la violence multiforme qu’ils exercent sur le peuple camerounais, de façon permanente et sans réplique.

J’exhorte les Camerounais de toutes les régions du pays et de la diaspora à continuer d’aller s’inscrire sur les listes électorales encore plus massivement qu’en 2024, à aller voter tout aussi massivement le jour du scrutin, à surveiller avec une vigilance absolue leurs votes et à le défendre en cas de besoin, afin que notre pays étonne le monde par sa capacité à créer une alternance démocratique, par les urnes en cette année 2025.

Fait à Yaoundé, le 21 janvier 2025

Maurice KAMTO

Président National du MRC,

Candidat du MRC et de l’APC à l’élection présidentielle de 2025

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