Justice : Huit mois après la libération de Atangana Kouna, ses comptes toujours bloqués

Malgré les instructions du chef de l'Etat qui ont conduit à l'arrêt des poursuites contre lui, l'ancien ministre continue à avoir maille avec la justice.

Si l'on avait cru, le 29 juillet 2022 assister à la fin d'un feuilleton pour Basile Atangana Kouna, il n'en était rien. Ce jour-là, la décision d'arrêt des poursuites contre l'ancien ministre de l'Eau et de l'Energie a été prononcée par le Tribunal criminel spécial (Tcs), à la suite de la restitution du corps du délit d'un montant de 1 milliard 265 millions de FCFA.

Cette décision intervenait plusieurs mois après que des informations faisant état d'une instruction du chef de l'Etat pour la libération de l'ex-Dg de Camwater aient circulé dans la presse.

Huit mois pourtant plus tard, les comptes de Basile Atangana Kouna restent bloqués. D'ailleurs, une autre procédure, de source bien informée, aurait été initiée à son encontre par le ministre de la Justice pour blanchiment de capitaux. Face à cette situation, ses avocats ont saisi le président de la République. La réponse qu'ils auraient reçue est que la justice a fait son travail et que les poursuites étaient désormais arrêtées. Que se passe-t-il donc ? Y a-t-il une autre volonté, comme avant sa libération, de ne pas appliquer les instructions du chef de l'Etat ? Qui aurait intérêt à maintenir l'ancien ministre de l'Eau et de l'Energie en difficulté?

« Lorsqu'il a été arrêté, Atangana Kouna a été approché par Amougou Belinga, qui lui a proposé contre rémunération de l'aider à obtenir l'arrêt des poursuites du fait de sa proximité avec le ministre de la Justice » , nous indique une source sous anonymat. L'ex-Dg de Camwater aurait préféré verser l'argent qui lui était réclamé au Trésor public, ce qui a conduit à sa libération. Mais l'affaire était loin d'être terminée. Fin août 2022, une photo devient virale sur les réseaux sociaux. On y voit le directeur du cabinet civil de la présidence de la République, le Pdg du groupe L'Anecdote et l'ex-ministre de l'Eau et de l'Energie. Cette photo, prise au palais présidentiel, va susciter moult réactions. Qu'allait y faire Atangana Kouna, peu de temps seulement après sa sortie de prison ? D'après nos sources, il y aurait également subi une certaine pression. Cette fois-ci pour obtenir le déblocage de ses comptes bancaires. « A ce jour, Atangana Kouna qui n'a pas cédé à cette pression a toujours ses comptes bloqués et tous ses biens saisis, en dépit de la décision d'arrêt des poursuites dont il a bénéficié » , affirme un proche de l'ancien ministre. Deux poids, deux mesures ?

D'autres gestionnaires de la fortune publique, en mal avec la justice, auraient également subi la pression des mêmes acteurs et y auraient cédé. Nos sources parlent notamment d'un député, ancien payeur général, à qui on réclamait deux milliards de FCFA. "Pour avoir accepté de payer la moitié de cette somme, la procédure initiée à son encontre a été gelée. Ce que certains observateurs considèrent comme une grosse injustice et une frustration pour Basile Atangana Kouna" . "Cette injustice caractérisée, au demeurant par le refus du Garde des sceaux d'exécuter les hautes instructions du chef de l'Etat prescrivant l'engagement des poursuites contre ce député. avec demande de levée de son immunité parlementaire, consacre une politique de deux poids deux mesures" , réagit notre source.