Justice : Ils racontent comment ils ont assassiné un pasteur à coups de planche dans son église

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Mon, 6 Jun 2022 Source: Kalara

Deux jeunes gens sont accusés d’avoir brutalement ôté la vie à un prélat de l’Eglise presbytérienne au quartier Nkolbissong à Yaoundé. Un accusé est passé aux aveux complets, affirmant comment il avait usé d’une planche et d’une ficelle pour venir à bout de la victime, pendant que son coaccusé nie les faits.

Les histoires de vol avec les armes, de drogue et des assassinats perpétrés parfois par des adolescents prennent une ampleur inquiétante dans notre pays. Pour la seule audience du 3 juin 2022, 67 affaires relatives aux crimes d’assassinat étaient programmées devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi. C’est à cette occasion qu’un collège des juges de cette juridiction a examiné le dossier de Jules Nguiyima et Nzoda Foka Léonel, accusés d’avoir froidement assassiné le pasteur Wanchim Christopher de l’Eglise presbytérienne au quartier Nkolbissong à Yaoundé le 18 décembre 2017. Les deux accusés étaient respectivement âgés de 27 et 14 ans à l’époque des faits.

Selon l’accusation, un ami des accusés a été appréhendé avec le téléphone du pasteur assassiné qu’il avait acheté auprès de Leonel Nzoda Foka à la somme de 2 mille francs. L’exploitation dudit téléphone avait permis de mettre la main sur ce dernier alors que Jules Nguiyima avait été arrêté quelques jours plus tard. Au cours de l’enquête préliminaire, le représentant du parquet a indiqué que Jules Nguiyima avait reconnu sa participation à cet assassinat en décrivant la scène du forfait avant de se rebiffer pendant l’information judiciaire. Poursuivant son exposé, le magistrat du parquet a souligné que Leonel Nzoda Foka était passé aux aveux complets à l’enquête préliminaire et à l’information judiciaire.

Vieille rancune

A l’audience du 3 juin 2022, Leonel Nzoda Foka est resté constant en réitérant ses aveux devant la barre. Il a expliqué que son coaccusé et lui avaient eu un litige portant sur un ordinateur portable avec le pasteur Wanchim Christopher. Le prélat les avait conduits à la brigade de gendarmerie de Nkolbissong où ils avaient été gardés à vue. Après un arrangement amiable, seul Leonel Nzoda Foka avait été remis en liberté, Jules Nguiyima, quant à lui, n’avait obtenu sa libération que contre le paiement d’une caution de 120 mille francs. Depuis lors, il avait gardé une rancune au pasteur Wanchim Christopher.

«Il m’avait demandé de lui signaler l’arrivée du pasteur à l’église située en face de notre domicile. Ce que j’ai fait ce 18 décembre aux environs de 16 h», a déclaré le jeune Nzoda Foka. Il raconte que c’est muni d’une machette, une planche et une ficelle qu’ils ont rejoint la victime, assise sur un banc à l’église. C’est ainsi Jules Nguiyima avait asséné un premier coup de bois sur la tête du pasteur qui avait le dos tourné, pendant son coaccusé dit avoir été positionné à l’entrée du couloir de l’église pour le guet. Le pasteur qui s’était déjà écroulé avait reçu un deuxième coup de bâton avant d’être transporté par ses deux bourreaux dans une palmeraie voisine. Pour en finir avec M. Wanchim Christopher qui suffoquait encore, Jules Nguiyima lui aurait serré le cou avec la ficelle qui avait précipité à sa mort, selon les dires de Leonel Nzoda Foka.

Dans la suite de son récit, il a indiqué qu’ils avaient récupéré de l’argent après la fouille du corps inerte du pasteur, emporté son téléphone, son sac marron n’ayant que les documents de l’église. Il dit avoir vendu à 2 mille francs ledit téléphone à son camarade le jour de la remise des bulletins dans leur école. Et c’est aux environs de 22h qu’il dit avoir été arrêté par les policiers dans le domicile familial, le 30 décembre 2017.

Descente sur le terrain

Jules Nguiyima, quant à lui, a nié les faits d’assassinat qui lui sont reprochés en expliquant que les aveux faits à l’enquête préliminaire lui avaient été arrachés par les enquêteurs. Ces derniers, dit-il, lui avaient imposé de reprendre exactement les déclarations faites par son coaccusé. Il a néanmoins reconnu avoir été gardé à vue à la brigade de gendarmerie de Nkolbissong avec Leonel Nzoda Foka pour une affaire d’ordinateur portable qu’il ignorait, étant donné qu’il ne connaît ni lire et écrire, selon ses dires. Pour sa défense, il a déclaré que le jour de l’assassinat du pasteur, il était gardé à vue au commissariat de Nkolbissong pour une autre affaire de tentative d’assassinat dans laquelle il avait été injustement associé par un autre jeune garçon de son quartier. «Je ne sais pour quelle raison Leonel Nzoda Foka avec qui je ne fonctionne pas m’a indexé dans cette affaire», a-t-il déclaré.

C’est alors que son avocate a saisi la balle au bond pour demander au Tribunal d’effectuer une descente au commissariat de Nkolbissong dans le but de consulter le registre de la main courante pour la manifestation de la vérité. «Cette vérification est l’élément déterminant de défense qui pourrait innocenter mon client dans cette affaire», a confié l’avocat de Jules Nguiyima. Une proposition rejetée par le représentant du parquet qui semble avoir une bonne maîtrise d’un dossier qu’il suit depuis le déclenchement de l’affaire. Il a été soutenu par les avocats de Leonel Nzoda Foka, qui estiment que cette descente sur le terrain est sans objet. Le tribunal a finalement décidé de convoquer chef de cette unité de police pour présenter le registre de la main courante à l’époque des faits. La prochaine audience est prévue le 1er juillet 2022.

Source: Kalara