Justice: un ancien DGA de la Crtv accuse le DG de Canal 2 d’escroquerie

Une décision préalable du tribunal attendue

Wed, 3 Nov 2021 Source: Kalara

Francis Wete, l’ancien directeur général adjoint de la Crtv, affirme que le patron de la chaîne privée l’a roulé dans la farine en lui vendant son véhicule de luxe défectueux. Le procureur de la République suggère la requalification juridique des faits avant la poursuite du procès. Mais la défense s’y oppose. Une décision préalable du tribunal attendue.

On pouvait apercevoir sur le petit écran Éric Fotso tout souriant lors de la retransmission en directe de la 13eme édition des Awards de «Canal 2’or» le 29 octobre dernier. Directeur général (DG) de la chaîne de télévision Canal 2 International, l’intéressé semblait entièrement satisfait par la réussite du gala organisé par sa chaîne pour récompenser cette année encore les «meilleurs» artistes de l’année. La présence du représentant de Mme Chantal Biya à l’événement a sans doute contribué à égayer le DG de Canal 2 International, qui a pourtant quelques soucis devant la justice.

Éric Fotso fait, en effet, l’objet d’un procès pour une supposée tromperie sur la marchandise. Le patron de la chaîne de télévision basée à Douala est traduit devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif.

Ses démêlé judiciaires découlent de la vente le 24 octobre 2018 de son véhicule de luxe, une Toyota Land cruiser cédé au prix de 35 millions de francs à Francis Wete Ngepmenye, enseignant d’université à la retraite et, surtout, ancien directeur général adjoint (DGA) de la Cameroon Radio Television (Crtv) successivement sous feu Gervais Menciv Ze et M. Amadou Vamoulké.

L’ancien DGA estime que M. Fotso l’a roulé dans la farine lors de celte transaction. Il a porté l’affaire devant la justice au moyen d’une citation directe pour se plaindre contre le dirigeant de Canalb2 en l’accusant d’escroquerie.

M. Fotso est cité en compagnie de jean Alain Pena, cadre à la compagnie Cami Toyota, ainsi que Franck Kom, agent commercial, présenté comme étant un parent de M. Emmanuel Chatue, le promoteur de Canal 2 International

Pièces de rechanges

Le 19 octobre dernier, le tribunal æ-amorcé l’examen public de la citation directe par l’interrogatoire de l’ancien DGA de la Crtv. Assis sur le banc des accusés aux côtés de ses compagnons d’informe, M. Fotso a écouté le récit à charge du plaignant en silence. Âgé de 78 ans, M. Wete raconte qu’il s’était rendu à la compagnie CamiToyota à Yaoundé pour s’offrir une voiture de marque Toyota Land Cruiser model VT. Ce jour-là, malheureusement, ce modèle n’était pas disponible.

Profitant de la situation, M. Pena, qui occupait alors les fonctions de chef de vente de pièces de rechange à la Cami Toyota, l’a convaincu qu’il peut lui trouver le modèle de voiture sollicitée à un prix abordable auprès d’un ami. C’est ainsi, qu’il a fait la connaissance de M. Fotso et M. Kom, suite à l’intermédiation du cadre de Cami Toyota.

M. Wete explique que M. Pena et ses acolytes supposés ont fait venir le véhicule querellé dans les beaux de Cami Toyota à Yaoundé. Un chauffeur de la compagnie était désigné pour effectuer le tour d’essai en présence du plaignant lui-même.

L’ancien DGA soutient que M. Pena et M. Kom, qui ont également assisté au tour d’essai, l’ont rassuré que le véhicule litigieux n’avait aucun problème; Il a précisé que tout au long des négociations, M. Kom représentait le vendeur, M. Fotso. C’est M. Kom qui a d’ailleurs perçu en deux tranches la somme de 35 millions de francs fixée par les parties comme prix de la vente.

Problème : M. Wete va découvrir que les informations relatives au bon état du véhicule sont sujettes à caution.

Il affirme devant la barre avoir décelé quelques pannes peu après la livraison de la marchandise. Mais les «anomalies» les plus importantes étaient détectées alors qu’il se trouvait sur le tronçon Yaoundé-Bafoussam. En fait, ce jour-là, il effectuait son premier long déplacement avec sa nouvelle voitufe. Ce déplacement test a failli lui coûter la vie. «A Ebebda, la voiture s’est arrêtée en plein milieu de la route», dit-il, en précisant que «c’est après l’incident que Cami a diagnostiqué et découvert que le moteur avait été démonté avant la vente».

Protection du consommateur

D’autres anomalies nécessitaient des réparations immédiates. Outre le moteur, l’ancien DGA explique que le mécanisme d’ouverture de la portière passager avant droit était endommagé, tout comme le système de verrouillage des vitres. Lés pneus étaient complètement usés. Le lecteur audio USB était aussi absent. «Est-ce qu’ils vous ont dit que la voiture avait fait un accident avant que vous ne l’achetiez ?», a interrogé le ministère public.

«Non. Est-ce qu’ils avaient intérêt à le dire», a réagi M. Wete, martelant que ses adversaires lui ont caché toutes ces informations. C’est après l’accident d’Ebebda que M. Pena a évalué les frais pour la réparation complète du moteur à 7 millions de francs. Depuis lors, le véhicule est stationné dans le garage de Cami Toyota. Il est resté constant lors de son contre-interrogatoire par la défense.

A la fin du témoignage de M. Wete, te ministère public a suggéré au tribunal de requalifier l’infraction d’escroquerie visée dans la citation directe en celte d’atteinte aux droits des consommateurs. Il s’est appuyé sur certaines dispositions de la loi-cadre du 26 mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun.

«Lorsque les biens vendus au consommateur sont défectueux, d’occasion, reconditionnés ou réparés, stipule l’article Il de ce texte, il doit en être expressément fait mention, clairement et distinctement sur les factures, reçus, quittance ou pièces comptables». Les contrevenants à cette loi encourt jusqu’à deux ans de prison.

Les avocats de la défense ont qualifié la demande du procureur tantôt d’embuscade », tantôt de «traquenard». Pour eux, le tribunal doit s’en tenir à l’infraction contenue dans la citation directe qui le saisit. La décision du juge sur la requalification des faits est attendue le 12 novembre prochain, avant la poursuite éventuelle du procès.

Source: Kalara