Mme Djuidje Marie, ancienne collaboratrice du président de la République, a donné sa version des faits dans une affaire de séquestration arbitraire pour laquelle un adjudant-chef a été renvoyé en jugement devant le tribunal militaire. Bénéficiaire présumée des actes du militaire, elle conteste le témoignage du plaignant.
Le 9 septembre 2021, Mme Djuidje Marie, ex chargée de missions à la présidence de la République et enseignante d’université, a finalement donné sa version des faits dans l’affaire de séquestration arbitraire qui oppose M. Abbo Bakari Mahamadou, un commerçant installé à Yaoundé à Ebene Jean Marie, un adjudant-chef à la retraite.
Ce dernier était en service à la gendarmerie d’Etoudi à Yaoundé à l’époque des faits. Mme Djuidje Marie a témoigné pour le compte de l’accusé Jean Marie Ebene, qui avait été appelé à la rescousse de cette dernière le 2 octobre 2017.
Il avait été sollicité par l’enseignante pour rétablir l’ordre au domicile de M. Abbo Bakari situé au quartier Tongolo à Yaoundé devenu théâtre des échauffourées entre lui et Mme Djuidje Marie. Le 9 septembre 2021 les débats ouverts lors de la précédente audience se sont poursuivis avec les témoignages de M. Abbo et de l’enseignante.
Munis de documents et de sa tablette, M. Abbo Bakari était déterminé à en découdre avec ses adversaires dans cette longue procédure judiciaire. Mais il n’a eu à faire face qu’à Mme Djuidje Marie, le témoin de Jean Marie Ebene, qui lui, n’a pas parlé.
Précis dans ses déclarations ainsi que sur les dates des événements au centre du procès, le commerçant a édifié le tribunal sur les circonstances de la séquestration dont il a fait l’objet du 2 au 6 octobre 2017 à la brigade de gendarmerie d’Etoudi.
Il explique avoir été arrêté et gardé arbitrairement dans cette unité de gendarmerie par l’adjudant-chef Jean Marie Ebene, qui agissait sans mandat du parquet. Le plaignant indique que sa séquestration inexplicable est survenue à la suite d’une violente altercation à son domicile entre Mme Djuidje et lui.
De fait, M. Abbo Bakari raconte que Marie Djuidje s’est présentée dans son domicile sous la casquette de bailleresse exigeant le ramassage d’un tas d’ordures qui se trouvait devant sa porte.
Les déchets en question étaient au centre d’une procédure qui les opposait devant le Tribunal de première instance (TPI) et pour laquelle une descente judiciaire avait été organisée pour faire le constat sur le terrain. Le plaignant dit s’être opposé à cette demande qui constituait, d’après lui, une suppression de preuves qui profiterait à son adversaire. L’attitude de M. Abbo Bakari avait irrité l’Universitaire qui avait décidé de passer à la vitesse supérieure en se rendant justice.
C’est ainsi que Mme Djuidje Marie avait saisi une latte dont il ignore l’origine pour lui administrer des coups sur le thorax et sur les membres supérieurs. Des violences qui avaient causé au commerçant outre la destruction de ses lunettes médicales, une fracture oblique de la 7e, 8e et 9e côtes postérieures, entrainant ainsi une incapacité temporaire de 35 jours. Une scène que le plaignant avait pris le soin de filmer avec sa tablette.
Vidéo-témoin
Pour avoir été battu à coups de bâton par celle qui n’était ni sa voisine, ni sa bailleresse, le commerçant dit avoir fait appel aux éléments de la brigade d’Etoudi. Deux gendarmes avaient été dépêchés dans les lieux pour un constat.
Sauf que Jean Marie Ebene qui avait surgi quelques instants après, avait demandé à tout le monde de se rendre à son bureau pour une prétendue audition. «Au cours de cette audition, le gendarme m’avait demandé de retirer la plainte déposée contre Mme Djuidje pour diffamation.
Il estimait que cette dernière était une autorité. Outre le retrait de la plainte, il me demandait de supprimer la vidéo de la scène pendant laquelle l’enseignante exerçait des violences sur ma personne», a-t-il déclaré. Il raconte qu’il se plaignait contre l’universitaire, qui l’avait dénoncé à la direction régionale de la police judiciaire d’être un membre de la secte islamiste Boko Haram sans en apporter la moindre preuve.
Face au refus de M. Abbo Bakari de se soumettre aux injonctions de l’adjudant-chef, ce dernier l’avait jeté en cellule. À la question du juge de savoir si la personnalité de Mme Djuidje avait influencé l’audition menée par l’OPJ?
Il répond : «Monsieur le président, les faits parlent d’eux-mêmes. C’est parce qu’elle est une autorité, c’est parce qu’elle était conseillère technique N°5 du chef de l’État que le gendarme se comportait de la sorte.» Pendant son témoignage, Mme Djuidje a nié avoir, d’une part, exercé une ” quelconque influence sur le travail de l’adjudant et, d’autre part, d’avoir violenté M. Abbo Bakari.
Malgré la vidéo mettant en exergue la scène de violence querellée qui a été présentée au juge par le plaignant, Marie Djuidje ne reconnaît pas les faits. Elle indique en revanche avoir été violentée par M. Abbo le jour de l’altercation et dit avoir fait appel aux éléments de la Brigade d’Etoudi pour mettre fin aux échauffourées qui avaient eu lieu ce 2 octobre 2017.
La dispute faisait suite, d’après elle, aux travaux de réfection des appartements à louer dont son fils avait la charge. Elle dit s’être retrouvée dans les lieux pour suppléer ce dernier qui avait été empêché.
Elle explique qu’après l’incident, elle avait été conduite à l’unité de gendarmerie d’Etoudi où elle avait déposé une plainte; Et après avoir été auditionnée, elle dit être repartie chez elle ignorant le sort qui avait été réservé à son adversaire. L’affaire revient le 14 octobre prochain pour la suite des débats.