La secte a kidnappé les filles de Chibok il y a trois ans. Le retentissement mondial de ces enlèvements n’a pas empêché les djihadistes de continuer à kidnapper des jeunes gens. Certains prisonniers sont libérés contre rançon, ce qui permet aux islamistes de se financer. D’où vient l’argent de Boko Haram? La question reste d’actualité au moment où la redoutable secte islamiste démontre sa résilience en essuyant les coups de boutoirs de la coalition des armées nigérianes, tchadiennes, nigériennes et camerounaises. Outre les financements nébuleux provenant de certains pays du Golfe, la source des rançons constitue un important trésor de guerre pour l’organisation terroriste.
Jusqu’à 5.000 personnes, surtout des femmes et des enfants, auraient été kidnappées par Boko Haram au Nigeria de 2010 à 2016. Qu’il s’agisse d’exploitation sexuelle, de mariages forcés ou de travail forcé, les djihadistes ont surtout besoin de jeunes. Mais l’enjeu majeur de ces rapts est surtout financier. Ils permettent à Boko Haram de se régénérer financièrement pour continuer à se déployer. De fait, les enlèvements contre rançon rapportent gros. Selon le département du Trésor américain, ces kidnappings ont permis à Boko Haram d’empocher 165 millions de dollars (82,5 milliards de Fcfa) de 2008 à 2013. D’importantes sommes sont parfois versées pour des prisonniers étrangers. Cela fut le cas pour la libération d’une famille française de sept personnes kidnappée au Cameroun ou de l’épouse du vice-premier ministre du Cameroun. Selon Martin Ewi, un chercheur de l’Institut d’études de sécurité, à Pretoria, les sommes exigées pour la libération de citoyens nigérians varient énormément. « Ça va de 1 000 dollars jusqu’à un million de dollars. Ça dépend si l’on constate que c’est une famille riche, ils vont fixer des rançons très élevées », explique-t-il.
En tout cas, le retentissement mondial de l'enlèvement des lycéennes de Chibok n’a pas empêché les jihadistes de continuer à kidnapper des jeunes gens. Il a même poussé Boko Haram à négocier plus durement leur libération, selon Martin Ewi.