L’avocat Me Fabien Kengne a été récemment kidnappé alors qu’il venait tout juste de sortir d’une émission télévisée à Equinoxe TV. Ce sont des hommes de la Sécurité militaire (Semil) qui seraient derrière ce coup criminel et totalement injustifiable. L’armée ne pouvait donc pas restée "impunie".
« S’il vous plaît ne désacralisez et ne politisez pas notre armée ! Avec la récente actualité du kidnapping à Douala de l'avocat Maître Fabien Kengne par des éléments de la Sécurité militaire pour des motifs politiques à savoir ses critiques contre le régime de Paul Biya et ses interventions sur la crise anglophone, l'armée camerounaise se retrouve une fois de plus instrumentalisée pour taire la contradiction politique.
Que peut vraiment faire notre armée nationale dans le champ politique ? Cette question démontre à elle seule la gravité du risque de dévoiement inadmissible des missions de cette armée camerounaise, par certaines de ses composantes. Car l'armée est l'institution la plus sensible de tout pays. C'est le dernier rempart de l'État.
C'est d'ailleurs pourquoi, lorsque les institutions républicaines ne fonctionnent plus et que l'État est paralysé, il revient à l'armée d'en assurer le rétablissement. L'armée est de ce fait la fondation sur laquelle se tiennent les États. C'est quelque chose de sacré et d'extrêmement important.
Pour mener à bien cette mission et jouer son rôle de garant des institutions, elle doit impérativement se mette à l'abri de toute influence politique partisane. Elle n'a pas à participer dans le jeu et la concurrence politiques. Elle est neutre. Elle sert la nation et non les hommes politiques.
Si elle protège l'institution présidentielle, c'est lorsqu'elle fait l'objet d'attaques physiques ou de déstabilisation et non pas dans le débat politique. Elle ne protège non plus l'institution présidentielle parce qu'elle est chef suprême des armées ou ministre de la Défense. Le titre de chef suprême des armées est tout comme celui de magistrat suprême de l'État, premier sportif, etc.
Il est symbolique. Le président de la République n'en devient pas un militaire, un magistrat de l'ordre judiciaire qui méritait des protections spéciales en ces qualités. Il ne saurait dès lors être vu par la Sécurité militaire comme un militaire dont les attaques donneraient lieu aux enquêtes militaires. Encore que la gendarmerie est là pour enquêter sur la commission des infractions sur des militaires.
Même en sa qualité de ministre de la Défense réel, la fonction de ministre, fut-elle celle de la défense relève du politique. Les opposants politiques ont le droit de critiquer la gestion de la politique militaire faite par le président de la République, le ministre de la Défense comme ils le feraient pour le premier ministre ou des ministres en charge de l'Éducation nationale ou des Affaires sociales.
Par exemple, critiquer les décisions politiques des interventions militaires de leur armée prises par les politiques ou encore les orientations de la politique de défense de l'État.
D'ailleurs les partis politiques à travers le monde disposent des programmes pour les armées. Ceux de ses éléments de l'armée qui croient devoir servir un régime et ses hommes n'ont pas leur place dans cette armée, mais dans les partis politiques.
On ne peut pas se cacher derrière l'armée pour faire la politique. Le droit de vote reconnu aux militaires est un devoir citoyen et non de militantisme politique. L'armée camerounaise a pourtant pris comme noble orientation le diptyque : armée-nation. Et non pas armée-pouvoir RDPC.
Lorsqu'on voit des hommes politiques et des opposants appelés à répondre devant un service comme la Sécurité militaire pour leurs activités politiques et de critique contre le pouvoir RDPC, on est en droit de se poser la question sur la situation exacte de notre armée. Pour maintenir la confiance entre le peuple et son armée, les militaires se doivent de s'abstenir de toute immixtion dans le jeu politique.
Le peuple camerounais de tous bords politiques a toujours soutenu son armée et l'a démontré à plusieurs occasions par des dons volontaires de sang, des contributions financières et morales.
Elle ne saurait donc devenir une armée au soutien d'un camp politique à cause des manipulations politiques de quelques acteurs politiques en difficulté dans le débat politique. Vive l'armée nationale camerounaise ! À bas l'instrumentalisation politique de notre armée ! », intervention de Me Christian Bomo Ntimbane qui rappelle fortement à l’ordre le régime de Yaoundé et l’armée qu’il dirige.