Kolara La désignation du nouveau chef de canton contestée

2809 XChefs Traditionnels180715600.pagespeed.ic.7GBGmlSEW9 Photo utilisée juste à titre d'illustration

Sat, 19 Dec 2015 Source: carmer.be

Après le décès du chef de canton de Kolara, survenu en Arabie-saoudite lors de la bousculade de Mina, le préfet du département du Mayo-Kani a cru bon de procéder à une consultation coutumière le samedi 28 novembre 2015, pour pourvoir ce lamidat sans tête depuis le non retour du chef de canton, Oumara Yéro. Une consultation qui ne s’est pas passée dans les
règles de l’art dans cette localité située de l’arrondissement de Moulvoudaye, à une trentaine de kilomètres de la ville de Kaélé et majoritairement peuplée des Toupouri et Peuls. Ce sont du moins les termes d’une lettre de contestation attribués aux candidats déchus, Ahmadou Oumara et Ousman Yéro camer.be, eux qui affirment que les notables qui devaient constituer le collège électoral ont été purement écartés sous le prétexte qu’ils n’avaient pas qualité. Votre journal a pourtant eu la preuve qu’un des notables mis de côté lors des élections était bien habilité. Les notables écartés relèvent encore dans leur correspondance que le lamido de Mindif a séquestré, la veille des élections, la majorité des électeurs dans son lamidat. «Il n’est pas superflu de vous signaler que chacun des notables séquestrés a reçu la somme de 30.000 francs des mains du lamido de Mindif, et chacun a juré sur le Coran en promettant un vote en faveur du candidat soutenu par les autorités», écrivent les contestataires.

Une situation révoltante pour les populations, mais qui n’a pas empêché le sous-préfet de Moulvoudaye, Aboubakar Garba, de publier le 27 novembre 2015, la liste des notabilités coutumières devant procéder à la désignation du nouveau chef de 2ème degré de Kolara, en remplacement du regretté Oumara Yéro qui a régné durant 30 ans. Sur cette liste, figuraient les chefs de 3eme degré titulaires d’arrêtés d’homologation et les notables de la cour concernés pour la désignation. Une liste de votants qui n’a pas été prise en compte le jour des consultations «C’est vraiment regrettable puisque les différents acteurs impliqués dans l’organisation des consultations, en vue de la désignation d’un chef à la chefferie de Kolara, ne peuvent nier les multiples tripatouillages d’avant et pendant les élections. La preuve, nous avons donné 2.000.000 Fcfa, chacun, au préfet à son bureau. J’y étais avec mes témoins qui, sauf mauvaise foi, ne peuvent nier cette transaction.

Mieux, le lamido de Mindif a envoyé le chef par intérim Bouba Adji pour réclamer la somme de 1.900.000 francs, soit disant que le préfet avait encore demandé de l’argent pour payer le carburant afin de venir procéder à une élection transparente. Cette somme d’argent a été é g a l e m e n t remise à monsieur Bouba Adji, par ailleurs chef par intérim du lamidat de Kolara, pour la remettre au préfet. Ensuite, 600.000 Fcfa ont été remis à titre d’avance au lamido de Mindif parce qu’il disait que cela devait servir pour l’organisation», a expliqué Ousman Yéro, candidat déchu.

Une contestation qui n’a pas empêché le lamido d’introniser traditionnellement le nouveau chef élu, le nommé Ousmanou Oumara, ce samedi 12 décembre 2015. «Il y a eu des consultations en vue de la désignation d’un chef à la chefferie de Kolara, suite au décès à la Mecque du regretté Oumara Yéro. Les 16 chefs de 3eme degré de la zone ont eu à choisir un candidat. Tous les chefs qui ne détiennent pas une décision ont été d’office écartés du collège électoral. Je reconnais qu’il y a eu beaucoup de monnayage dans cette histoire puisqu’il y avait eu trois candidats de la même famille. Tous les conseils avisés étaient que les candidats s’entendent pour que la famille ne se déchire pas. Mais ils en ont été incapables. A la fin, les notables, en leur âme et conscience, se sont prononcés en faveur du plus jeune. Mais personne ne peut prouver qu’il nous a donné de l’argent.

Vous savez, en pareille situation, il y a toujours une contre-vérité. Personne n’est venu me donner de l’argent pour favoriser une telle ou autre candidature et encore moins le remettre à mon préfet», se défend Aboubakar Garba, sous-préfet de Moulvoudaye. Même son de cloche chez le lamido de Mindif. «Quand on organise des élections présidentielles, législatives ou municipales, les différents candidats dépensent d’énormes moyens financiers. Dites-nous s’ils vont venir réclamer ou en parler un jour en cas d’échec. Pour le cas de Kolara, je n’ai demandé à personne de venir me donner de l’argent. Certes, les candidats sont venus me donner 300.000, 100.000 et 200.000 francs. Mais cela ne veut pas dire que j’ai été corrompu. Les autorités ont fini leur part de travail, samedi, je vais entamer ma part pour introniser traditionnellement le chef élu par les notables de Kolara. D’ailleurs, le feu chef avait laissé des consignes qu’après sa disparition, il fallait qu’on désigne ce petit garçon qui était le choix des notables de la zone. Les précédents sous-préfets qui ont exercé dans l’arrondissement de Moulvoudaye ont semé trop de désordre dans le coin en démultipliant les chefferies traditionnelles.

Actuellement, ces gens causent d’énormes dépenses à l’Etat puisqu’ils perçoivent les 50.000 francs par mois», a déclaré pour sa part le lamido de Mindif, Maïgari. Un argumentaire battu  en brèche par le sous-préfet de Moulvoudaye qui estime que les notables ont fait leur choix et qu’il subsiste juste un problème de leadership.

Source: carmer.be