Paul Biya a fait de la lutte contre la corruption son cheval de batille depuis quelques années. La création du Tribunal Criminel Spécial en 2012, puis le lancement de l’opération Eperviers ont fait croire à de nombreux Camerounais que le chef de l’Etat s’est résolument engagé à lutter contre phénomène. En effet de nombreux ministres et directeurs de sociétés d’Etat ont été arrêtés pour des faits de détournements de fonds publics dans le cadre de cette opération. Et pourtant la corruption et les détournements de fonds ne reculent pas au Cameroun. Chaque année le chef de l’Etat annonce de nouvelles mesures dans son adresse à la nation mais ces rappels à l’ordre n’inquiètent pas les hauts dignitaires qui dilapident à des fins personnelles la fortune publique.
Lors de son discours du 31 décembre, Paul Biya a indiqué que « La lutte contre la corruption et le détournement des derniers publics connaîtra une intensification notable ». Selon le journal Réalités Plus, « au moins 68 personnalités et leur suite seront bientôt arrêtées ! ».
« Il s'agit d'une information de dernière heure et puisée à bonne source. On les recrute dans tous les secteurs d'activité et seront interpellés par la Justice, ainsi que leur suite dans les prochaines semaines au Cameroun. Le Président Paul Biya ne parle pas avec l'eau dans la bouche, tous les dossiers seraient déjà bouclés et attendent l'exécution au cours des prochaines semaines. C'est grave ! », précise le journal.
Au Cameroun les lignes 94 et 65 illustrent la corruption et le favoritisme au plus haut sommet de l’Etat. C’est contre les prévaricateurs de ces fonds que le journaliste Martinez Zogo s’était attaqué avant de trouver la mort dans des circonstances non encore élucidées. Il accusait nommément plusieurs personnalités du pays parmi lesquels certains ministres de Paul Biya sans oublier le controversé homme d’affaire Jean-Pierre Amougou Belinga qui séjourne à la prison principale de Yaoundé Kondengui dans le cadre de l’affaire d’assassinat de Martinez Zogo.
CamerounWeb vous propose un extrait du discours de Paul Biya
Mes Chers compatriotes,
Il est loisible de constater que malgré la bonne volonté des pouvoirs publics, la mise en œuvre des différents projets devant permettre de répondre aux aspirations de nos populations se heurte à une contrainte majeure. Celle de l’insuffisance des ressources financières nécessaires.
C’est la raison pour laquelle je n’ai de cesse de prescrire au Gouvernement la rationalisation des dépenses publiques, de même que la recherche des voies et moyens supplémentaires d’accroitre les ressources publiques.
S’agissant de la réduction des dépenses publiques, j’ai fermement réitéré au Gouvernement mes instructions antérieures visant à réduire les dépenses de fonctionnement.
La lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics est, très clairement, un impératif pour la préservation des ressources publiques. Elle va connaître une intensification notable au cours de l’année qui s’annonce.
Le plan triennal intégré d’import-substitution pour la période 2024-2026, que j’ai prescrit au Gouvernement, participe également de mon souci de permettre à notre pays d’économiser de précieuses ressources.
Ce plan, en renforçant notre souveraineté alimentaire, devrait réduire l’impact négatif des importations sur notre balance commerciale. Le déficit y afférent est évalué à un peu plus de 1500 milliards de francs CFA par an.
S’agissant de l’accroissement des ressources publiques, il est nécessaire d’explorer de nouvelles pistes, face aux contraintes inhérentes à l’élargissement de l’assiette fiscale et à la baisse drastique des recettes pétrolières.
La mine solide, en particulier l’or, nous semble constituer à cet égard, une niche exceptionnelle de ressources financières.
Notre pays dispose en effet d’importantes réserves minières non exploitées que nous devons valoriser.
Je me réjouis du démarrage des projets miniers que j’ai annoncés l’année dernière, concernant l’exploitation des gisements de fer de Kribi-Lobé, Bipindi-Grand Zambi et Mbalam-Nabeba.
L’amélioration du climat des affaires est, à l’évidence, une condition essentielle à l’attraction des investissements étrangers, ainsi qu’à la création d’un secteur privé vigoureux, susceptible, grâce à une création dynamique d’emplois et de richesses, de faciliter notre accession à l’émergence.
La confiance dans le système judiciaire participe inévitablement de la perception du climat des affaires. La justice est, comme vous le savez, l’un des piliers de l’Etat de droit.
Il est donc impératif qu’elle agisse en toute impartialité et soit imperméable aux interférences de toute nature. Je voudrais vous assurer, qu’en tant que garant de son indépendance, je continuerai à prendre toutes les mesures nécessaires à son bon fonctionnement.