Alors que Mancho Bibixy et certains d’entre eux ambitionnent de demander aux milices sécessionnistes de déposer les armes, le « underground Ambazonian prisoners of conscience » s’oppose à ce projet déclarant n’en avoir pas été informé et affirmant n’avoir mandaté personne.
Les prisonniers anglophones arrêtés et détenus à la prison centrale de Yaoundé dans le cadre de la crise qui secoue depuis deux ans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont désormais divisés. Ils ne s’entendent pas au sujet d’un tournoi de football qui devrait être l’occasion pour certains d’entre eux d’appeler les combattants sécessionnistes, proches de leurs idées, à déposer les armes. Mancho Bibixy, l’un des plus célèbres prisonniers de la crise anglophone, est avec l’autre anglophone Félix Ngalim et les détenus francophones Pierre Nyemeck Ntamack et Jean-Baptiste Nguni Effa, le promoteur du tournoi de football visant à promouvoir la paix et le vivre-ensemble.
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Dans une lettre manuscrite datée du 16 septembre 2018 et adressée au Ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji, Mancho Bibixy et Félix Ngalim disent avoir décidé de disputer contre les détenus francophones une compétition de football pour promouvoir la paix et le vivre-ensemble. Ils manifestent leur gratitude aux détenus francophones pour avoir accepté de jouer et attendent l’autorisation du MINAT pour organiser ce mini tournoi de football. Leur partenaire dans le projet, un certain Pierre Nyemeck Ntamack qui se présente comme étant « en détention préventive » à la prison de Kondengui adresse lui aussi le 16 septembre un courrier dactylographié à Atanga Nji. La lettre a pour objet « transmission de la volonté de déclaration des leaders anglophones Mancho Bibixy et Ngalim Félix relativement à l’arrêt des violences dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ».
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Nyemeck y explique qu’après des échanges avec « nos frères anglophones » et qu’au regard des pertes considérables en vies humaines et matériels ainsi que sur les plans social, économique et politique, il transmet « la volonté manifeste de tous les leaders anglophones détenus à la prison centrale de Yaoundé ». Il poursuit en indiquant qu’ils « veulent déclarer de manière officielle et solennelle en prenant à témoin l’opinion nationale et internationale aux leurs afin que nul n’en ignore, d’arrêter les violences et les exactions sur le terrain. Parallèlement, condamnent aussi fermement les ennemis tapis dans l’ombre qui manipulent les jeunes pour leurs intérêts égoïstes. En réitérant l’arrêt immédiat des violences pour privilégier la tenue des élections présidentielles du 07 octobre 2018 et la reprise effective des cours, en bref, le retour total de la paix dans notre cher et beau pays ». Pour terminer, il cite les prisonniers anglophones qui lui auraient confié : « au départ, nos revendications étaient apolitiques, légitimes et sans pertes en vies humaines. Celles-ci auxquelles le président de la République Son Excellence a apporté des solutions ».
Le « underground Ambazonian prisoners of conscience » n’approuve pas cette initiative. Dans une lettre manuscrite datée du 23 septembre 2018 et signée par 41 personnes, le groupe dit n’avoir pas été consultés pour le mini tournoi pour la paix et l’unité. Il dit qu’il n’ a mandaté personne pour ce projet et déclare les documents qui l’annoncent « nuls et de nul effet ». Le mini-tournoi pour la paix et l’unité doit réunir 10 équipes portant le nom de chaque région du Cameroun.