Kousseri : La population se soulève contre l'armée camerounaise

2166 Armee250715750 Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Mon, 14 Dec 2015 Source: carmer.be

Extrême-nLa ville a été en proie à de violentes émeutes en fin de semaine dernière, dues à l’arrestation par les forces de défense de trois membres présumés de Boko Haram. Acte qui n’a pas connu l’assentiment d’une frange d’habitants immédiatement entrés en rébellion.

Kousseri, chef lieu du Logone et Chari dans la région de l’Extrême-nord, a connu de violents tumultes en fin de semaine dernière. Dans la matinée du jeudi 10 décembre 2015, la ville s’est réveillée sous les bruits de bottes des populations, remontées par une des dernières opérations des forces de défense camerounaises en faction dans la localité, dans le cadre des opérations de lutte contre la secte pernicieuse Boko Haram dans la partie septentrionale du pays. À l’origine, l’arrestation par l’armée de trois membres présumés de Boko Haram, ou mieux, soupçonnés de financer les opérations de la secte nigériane dans cette partie du pays. Lesquels ont été transportés dare-dare à bord d’un hélicoptère en direction de Yaoundé, et vraisemblablement incarcérés dans les locaux de la Sémil  (sécurité militaire). Selon des sources sécuritaires, parmi les trois personnes interpellées, figurait un commerçant et homme d’affaire proche des «arabes choa», une ethnie aux origines tchadiennes. Il a donc été appréhendé jeudi matin, jour du marché, et c’est son arrestation qui aurait mis le feu aux poudres et provoqué l’ire d’une frange de la population qui s’identifie à cette ethnie.

Dès lors, elle est passée à l’offensive, en multipliant des heurts contre les forces de défense et de sécurité dans la localité. C’en est suivie une escalade de violence avec des barricades sur la chaussée, outre les pneus incendiés de part et d’autre dans la ville. L’armée a du déployer de lourdes artilleries pour faire face aux jets de projectiles et réussir à contenir l’insurrection après avoir cravaché dur jusqu’au bout de la nuit. «Les populations ont souhaité qu’on enquête sur ces gens sur place sans les convoyer vers la capitale. Or, dès lors qu’un soupçon pèse sur une personne susceptible d’avoir des rapports avec Boko Haram, elle est immédiatement envoyée à Yaoundé», relate notre informateur. La psychose qui s’est emparée de la ville a relativement baissé d’intensité vendredi matin, même si des revendications sont restés perceptibles chez ces manifestants qui ont pris d’assaut les rues au petit matin, munis des pancartes sur lesquelles étaient inscrits : «libérez, libérez, libérez… ». Ils ne démordent pas, et ont même encore orchestré de légers affrontements contre avec l’armée, avant d’être dispersés par les hommes en tenue, restés en alerte tout le week-end durant, jusqu’aux confins de la ville.

L’accalmie est revenue dans la ville le temps d’un week-end, et hier au moment où nous mettions sous presse, les actes de violence s’étaient totalement dissipés à en croire nos sources, et les forces de défense avaient réussi à reprendre le contrôle de la localité. Il convient de souligner que Kousseri ne subit pas moins les affres de la secte intégriste, et est souvent en proie à ce genre de tumulte. Le 28 novembre dernier alors qu’un double attentat se produisait à Dabanga toujours dans le Logone et Chari, les geôliers de la prison centrale de Kousseri tentaient en vain de rattraper un prisonnier évadé de son univers carcéral, et quelques coups de feu avaient encore retenti.

Source: carmer.be