Kribi : 3 enfants perdent la vie dans un campement pygmée-Bagyeli

Le lieu du drame

Tue, 11 Jan 2022 Source: Mutations n° 5497

La cause est un arbre attaqué par le feu depuis trois jours, qui a fini par tomber sur la maison pendant qu'ils s’y trouvaient.

La terre du village Lendi-aviation à 10km environ du centre urbain de Kribi (région du Sud) s’est refermée hier lundi 10 janvier sur les corps de trois enfants, ensevelis de draps blancs. Les dernières mottes, jetées par la pelle ont résonné en tombant comme le son d’une cymbale ordonnant l’augmentation du volume des pleurs, cris et lamentations qui alourdissaient l’atmosphère en cette heure avancée de l’après-midi. Jojo Siang, la quarantaine sonnée et sa compagne Marie Bissa’a, ont pour ainsi vu pour la dernière fois leurs enfants Orchelle Nanga Siang, Ornella Louanga Siang et Georgie Founga Dede Siang, âgés respectivement de sept ans cinq ans et deux ans. Eux qui ont été tragiquement arrachés à la vie le même jour aux environs de 11 h.

En effet, le drame survient en l’absence des parents au campement pygmées-Bagyéli d’Ebome derrière l’Enieg de Kribi « Nous nous sommes rendus à la rivière pour prendre notre bain car on devait se préparer pour aller en ville. Les enfants étaient dans leur chambre. Au retour de la rivière on a été surpris de trouver l’arbre tombé sur la maison en direction de la chambre des enfants », raconte le père. «Nous avons aussitôt appelé plusieurs fois sans aucune réponse d’eux. On s’est efforcé d’entrer dans la chambre et c’était le pire…» Ajoute-t-il d’une voix enrouée.

Les enfants baignaient dans le sang. Pas moyen d’extraire les corps. Il a fallu l’intervention de sapeurs-pompiers qui sont promptement arrivés une fois alertés. Avec en tête de file le colonel Farikou Gollo Issa, commandant du Centre national d’instruction de sapeurs-pompiers de Kribi. De part sa voix, on apprend que les habitants du campement ont mis le feu sur l’arbre depuis la racine afin qu’il tombe. Sauf que le mastodonte a résisté pendant trois jours, bien que le tronc étant déjà attaqué. Il est tombé ce matin à 11 h au moment où personne ne le pensait entrainant trois pertes en vie humaine et d’importants dégâts matériels ; car la maison détruite, encore en construction, était partiellement habitée. Le procureur de la République et les responsables des services sociaux de Kribi 1er en charge des peuples autochtones se sont rendus sur le lieu du sinistre.

Après constat, les corps ont été remis à la famille. La fille aînée, Orchelle Nanga Siang, était inscrite au cours préparatoire à l’Ecole publique d’Akom 2 et est venue passer les congés de fin du premier trimestre auprès de ses parents à kribi.

Le commandant du corps national de sapeurs-pompiers de Kribi a recommandé des mesures de ‘’safety’’’ pour des gens qui vivent à proximité de grands arbres en zone rurale afin que de pareils incidents ne se reproduisent. Il a par ailleurs prescrit une extrême vigilance en matière d’abattage ou d’élagage des arbres.

« Il n’y a pas de conseils spécifiques à donner. Tout ce qu’il faut c’est une grande vigilance. Et lorsque des arbres sont déjà attaqués, soit par le feu ou par tout autre moyen, que les habitants les abattent en donnant une direction afin que les constructions et les personnes ne soient menacées » conseille le colonel Farikou Issa.

Source: Mutations n° 5497