En dehors du cas Marafa Hamidou Yaya nommément cité, le rapport 2016 du département d’Etat américain sur l’état des droits de l’homme au Cameroun fait allusion à d’autres détenus parmi lesquels les victimes de la fameuse Opération Epervier au Cameroun. Cette dernière est considérée par le pays de l’Oncle Sam comme une opération d’épuration politique.
Aucun nom n’est cité. Mais l’allusion est on ne peut plus claire : « des prisonniers politiques ont été détenus sous haute sécurité, souvent au SED (secrétariat d’Etat à la défense, ndlr) », peut-on lire dans le rapport 2016 des Etats-Unis sur l’état des droits de l’homme au Cameroun.
En français facile, en 2016, tous les pensionnaires du SED qui sont exclusivement les cibles l’Opération Epervier de lutte contre la corruption sont des prisonniers politiques. L’anonymat gardé sur leur identité n’a rien d’anodin : c’est qu’il s’agit des « prisonniers du président ».
CL2P
D’après le rapport, aucune donnée statistique ne précise le nombre exact de prisonniers politiques au Cameroun. Ils seraient donc nombreux. Les Etats-Unis précise que d’autres sont incarcérés à la Direction générale de la recherche extérieure (services secrets), aux prisons centrale et principale de Yaoundé.
Tout porte à croire que le rapport du département d’Etat fait référence non seulement à d’autres victimes de la campagne anti-corruption Epervier mais aussi à des figures emblématiques interpellés dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.
Depuis son lancement le 3 mai 2014 à Paris en France, le Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P), ONG acquise à la cause des détenus politiques à travers l’Afrique centrale, a recensé une dizaine de cas de prisonniers politiques au Cameroun.
Il s’agit des victimes de l’Opération Epervier Jean Marie Atangana Mebara, Urbain Olanguena Awono, d’Iya Mohamed, tous détenus à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. Tandis que Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Polycarpe Abah Abah sont incarcérés au SED. Ces derniers sont des anciens ministres et directeurs généraux de sociétés.
Boko Haram
Les victimes de la lutte contre Boko Haram recensés par le CL2P sont détenues à la prison centrale de Kondengui. Il s’agit du notaire Me Abdoulaye Harrissou, de l’homme politique Aboubacary Sidiki et du journaliste Ahmed Abba.
Le seul prisonnier politique cité nommément par les USA c’est l’ancien ministre de l’Administration territoriale, Marafa Hamidou Yaya. Détenu au SED, le rapport des USA revient sur la réduction de sa peine d’emprisonnement mi-mai 2016 qui est passée de 25 à 20 ans de prison ferme à la Cour suprême.
S’agissant de la lutte contre la corruption baptisée « Opération Epervier », les Etats-Unis en disent qu’il s’agit d’une campagne qui vise à écarter de rivaux potentiels de Paul Biya.