Shance Lion adresse une lettre ouverte au président de la République, Paul Biya, et au gouvernement du Cameroun. Il demande l’intégration politique et institutionnelle de la diaspora camerounaise dans la gouvernance nationale.
Excellence Monsieur le président Paul Biya, chef de l’État, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, je vous adresse cette lettre au nom d’un principe simple mais fondamental : on ne construit pas une grande nation en écartant une partie essentielle de son peuple.
Plus de cinq millions de Camerounais vivent aujourd’hui hors de nos frontières. Cinq millions de forces vives, cinq millions d’ambassadeurs naturels du Cameroun, cinq millions d’intellectuels, de travailleurs, d’entrepreneurs, de chercheurs et de patriotes qui continuent, malgré la distance, de porter dans leurs cœurs l’amour de la patrie.
Pourtant, ces millions de Camerounais sont encore absents du processus décisionnel national. Ils contribuent, mais ne participent pas. Ils soutiennent, mais ne sont pas représentés. Ils investissent, mais n’ont aucune voix institutionnelle pour porter leurs préoccupations ou leurs ambitions au sein de la République.
Nos compatriotes établis à l'étranger sont médecins, ingénieurs, inventeurs, chercheurs, entrepreneurs, diplomates, investisseurs, artistes, sportifs de haut niveau, cadres dans des multinationales, professeurs, militaires, stratèges...
Ils représentent le Cameroun dans les grandes capitales du monde. Ils envoient des milliards au pays chaque année. Ils financent les familles, les écoles, les projets, les hôpitaux, les entreprises. Et malgré tout cela, ils n'ont pas leur place dans la gouvernance nationale,
C'est une incohérence. C'est une perte énorme. C'est une erreur stratégique. Et surtout, c'est une injustice démocratique.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les ministres, construire le Cameroun de demain exige que nous mobilisions toutes les forces, toutes les intelligences et toutes les énergies de notre peuple, qu’elles se trouvent à Douala, à Bafoussam, à Garoua, à Bruxelles, à Montréal ou à Maryland, Sao Paolo, Beijing, Pretoria, Dakar, Rabat, Moscou...
La diaspora ne doit plus être spectatrice. Elle doit devenir actrice du destin national. Ce projet n’est ni politique, ni partisan. C’est un acte de patriotisme, un appel à l’unité, un engagement pour un Cameroun plus fort, plus moderne et plus ouvert. Afin de perfectionner notre démocratie et de l’élargir à toutes les couches de la société camerounaise, je sollicite respectueusement que des réformes soient introduites dans notre Constitution et dans notre Code électoral, notamment l’attribution de 10 sièges réservés aux Camerounais de l’étranger à l’Assemblée nationale ; l’attribution de 10 sièges réservés aux Camerounais de l’étranger au Sénat ; la création d’un poste de ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures, chargé exclusivement des Camerounais de l’étranger.
Ces mesures offriraient à nos compatriotes établis hors du pays la possibilité d’être représentés, défendus et pleinement intégrés à la gouvernance nationale.
Ces représentants auraient pour mission de porter les aspirations des Camerounais établis hors du pays, défendre leurs intérêts au Parlement, participer à la modernisation politique, économique et administrative du Cameroun, renforcer les ponts entre le pays et ses communautés dans le monde. Lorsque les Camerounais de l’extérieur ont un espace officiel d’expression, sont pris en considération, les frustrations, les incompréhensions et les ruptures diminuent.
Pourquoi cette réforme est essentielle ? Plus de 5 millions de Camerounais vivent à l’étranger. Ce chiffre représente l’équivalent de plusieurs régions du Cameroun réunies. Leur absence des institutions n’est plus justifiable. Notre diaspora regorge de médecins, ingénieurs, chercheurs, financiers, diplomates, entrepreneurs, professeurs, sportifs et innovateurs dont l’expertise est reconnue mondialement.
Le Cameroun gagnerait considérablement en compétitivité et en modernité en intégrant ces talents dans ses politiques nationales. Les transferts financiers de la diaspora, leurs investissements et leur soutien constant aux familles constituent l’une des sources les plus stables d’entrée de devises pour notre pays. Il serait donc logique qu’ils bénéficient d’un espace de représentation institutionnelle.
Chaque Camerounais vivant hors du pays est un ambassadeur informel. En organisant leur représentation politique, l’État renforce son image, sa crédibilité et son influence sur la scène internationale. Inclure la diaspora dans les institutions, c’est envoyer un message fort : « où que vous soyez, vous êtes Camerounais et vous comptez ».
C’est aussi réduire les frustrations, les incompréhensions et les divisions. Les avantages pour l’État et pour la Nation de telles réformes sont multiples : modernisation du système politique grâce à de nouvelles perspectives et de nouvelles compétences ; renforcement de la stabilité nationale, car une diaspora représentée est une diaspora engagée et apaisée ; mobilisation d’un réseau mondial au service du développement du Cameroun ; renaissance d’un patriotisme global, connectant la nation à tous ses enfants, sans distinction de frontières.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les ministres, on ne construit pas une nation forte en laissant plus de 5 millions de ses enfants sur le banc de touche. On ne bâtit pas une démocratie moderne en écartant ceux qui, chaque jour, contribuent à la réputation, à l’économie, au rayonnement intellectuel et diplomatique du Cameroun dans le monde.
La diaspora camerounaise n’est pas un public. Ce n’est pas une foule silencieuse. C’est une force, une intelligence collective, un réservoir de talents que notre République doit cesser d’ignorer. La diaspora est une ambassade informelle, un réseau mondial, un soft power naturel que le Cameroun ne valorise pas encore. Pour un Cameroun rassemblé, Pour un Cameroun qui reconnaît la valeur de chacun de ses enfants, Pour un Cameroun où la diaspora a enfin la place qui lui revient. La diaspora camerounaise doit être écoutée, représentée, respectée et intégrée à la prise de décision nationale.
C’est maintenant que tout commence. Et c’est ensemble que nous allons écrire une nouvelle page de notre République. Veuillez agréer, Excellence Monsieur le président de la République, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, l’expression de ma très haute considération patriotique.