L'affaire Martinez Zogo : les révélations troublantes impliquant Ferdinand Ngoh Ngoh

Le 22 janvier 2023, le corps sans vie de Martinez Zogo, journaliste d'investigation camerounais, est découvert en périphérie de Yaoundé. Cet événement tragique a déclenché une enquête judiciaire qui, près d’un an plus tard, continue de soulever des questions troublantes. Les dernières révélations de Boris Bertolt, un soutien d’Amougou Belinga, pointent du doigt Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, comme étant l'une des figures clés de l’enlèvement et de l’assassinat de Zogo.

Selon des informations recueillies auprès d’officiers supérieurs, de magistrats militaires et de services de renseignement, Ngoh Ngoh aurait joué un rôle déterminant dès les premiers jours de l'enquête. Le 27 janvier 2023, soit cinq jours après la découverte du corps, Ngoh Ngoh aurait directement contacté Galax Etoga, secrétaire d’État à la Défense, pour lui demander l’arrestation du lieutenant-colonel Justin Danwe, un officier du renseignement militaire. Cette interpellation, survenue avant même que les investigations n’aient réellement avancé, a semé le doute parmi les observateurs.

Les autorités judiciaires de Mfou, dirigées par le procureur Oyono Ebessa, avaient initialement la charge de l’enquête. Pourtant, Ngoh Ngoh semble avoir court-circuité cette procédure, organisant parallèlement des arrestations sans tenir compte du cadre légal en vigueur. Le 2 février 2023, il signe un communiqué indiquant que le procureur de Mfou est dessaisi de l'affaire, au profit d'une commission d’enquête confiée à la gendarmerie, un corps placé sous son autorité directe.

Les événements qui suivent renforcent les soupçons. Maxime Eko Eko, directeur de la DGRE (Direction générale de la recherche extérieure), est lui aussi arrêté sans véritable explication. L’enquête, à ce stade, semble avoir échappé aux mains des autorités judiciaires pour être contrôlée par un cercle restreint autour de Ferdinand Ngoh Ngoh.

Les détails sont glaçants : parmi les interpellés, seuls ceux arrêtés sur instruction de Ngoh Ngoh sont encore détenus, tandis que les suspects placés en garde à vue par la commission d’enquête ont été relâchés. À ce stade, deux hypothèses se dessinent : soit Ngoh Ngoh était au courant de l’opération avant même qu’elle ne se déroule, soit il en était l’architecte.

Un élément clé de cette affaire est Désiré Savom, un proche de Ngoh Ngoh, aujourd'hui inculpé pour "complicité de torture" dans l’affaire Zogo. Savom aurait échangé à plusieurs reprises avec Ngoh Ngoh durant la période critique de l'enlèvement et de l'assassinat. Plus inquiétant encore, l’expertise de son téléphone a révélé qu’il était en possession d’une vidéo du meurtre de Zogo. Des contacts téléphoniques entre Savom et Justin Danwe, allant jusqu’à 26 appels en janvier 2023, ont également été mis en évidence, soulignant la proximité entre les deux hommes durant l'exécution de ce crime.

À ce stade, l’enquête militaire semble confirmer que Justin Danwe et Martin Savom ont orchestré l'assassinat du journaliste. Leurs agissements, cependant, semblent avoir servi les intérêts de Ferdinand Ngoh Ngoh, qui aurait transmis la liste des suspects à Galax Etoga dès les premiers jours, sans la moindre enquête préalable.

Les récentes révélations de Bertolt viennent renforcer les soupçons d’une manipulation orchestrée depuis les plus hautes sphères de l'État. La question qui reste en suspens est de savoir jusqu’où s'étend cette implication, et surtout, quelles seront les conséquences politiques de cette affaire aux ramifications complexes.