Les faits ne souffrent d’aucun doute ! Du côté du ministère de la défense comme du côté des activistes anti-Biya qui les ont révélés fin juillet 2017: Un soldat de première classe en service à la base militaire de BSA à Heli Halifa une localité de la Région de l’Extrême-Nord, a été sauvagement molesté par ses propres frères d’armes.
Mais, sur la mésintelligence à l’origine de cet incident qui a choqué et dont les images ont fait le tour du monde, le gouvernement et les dénonciateurs n’avancent par la même version.
L'activiste Patrice Nouma, ancien soldat qui a quitté l’armée pour s’établir aux Etats-Unis, affirme que c’est sur ordre du Capitaine Kemza Ndogmo Aurelien, que le soldat de 1ère classe, Belobo, a été battu presqu’à mort par des militaires. Pourtant, le soldat venait d’être agressé par un groupe d’inconnus qui vouaient lui arracher son arme.
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«Le soldat 1ère classe Belobo, du détachement BSA positionné à Heli Halifa depuis un mois et demi, est sorti pour faire ses courses, en prenant soin de garder son arme sur lui par mesure de sécurité. De retour vers 17 heures après s’être ravitaillé, il est agressé par un groupe de personnes qui tentent de prendre son arme. Étant seul, il est obligé de faire des tirs de sommation en l’air afin de faire reculer ses assaillants, suivi d’un coup de feu. La base de ce bataillon spécial amphibie (BSA) de Heli Halifa, un arrondissement de l’Extrême Nord près de la frontière nigériane, est informée de l’incident. Le capitaine de cette base, Kemeza Ndogmo Aurélien dit «chérif» ordonne à l’équipe d’intervention d’arrêter le soldat Belobo et de le faire bastonner. Ses hommes de main et B2 l’ont copieusement battu. Le soldat de première classe Belobo a perdu connaissance des suites de cette torture» raconte Patrice Nouma qui soupçonne le capitaine Kemeza d’être un complice de Boko haram, cette secte islamiste d’origine nigériane qui est en guerre contre le Cameroun depuis trois ans officiellement.
«Le capitaine Kemeza Ndogmo représente un danger au sein du détachement BSA de Heli Halifa, qui peut éclater avec beaucoup de sang versé dans cette localité. Des choses graves risquent d’y avoir lieu si le gouvernement et la hiérarchie militaire continuent de jouer à l’autruche, qui préfère souvent cacher sa tête dans le sable afin de ne pas voir le danger qui l’entoure. L’affectation de cet officier inapte au commandement s’impose, l’appréciation revient au COM-SEMIL ET AU MINISTRE DE LA DEFENSE BETI ASSOMO» conclut Patrice Nouma.
En réaction, le ministère de la défense a donné sa version des faits au cours de l’émission hebdomadaire «Honneur et Fidélité» diffusée le samedi 05 aout 2017 sur l’antenne de la CRTV-Radio depuis Yaoundé:
«Un incident dont les tenants et les aboutissants ont été mis à l’envers, a fait les choux gras des médias dont le rôle est de récupérer l’information insolite. En fait, le soldat de première classe dont je tais volontairement le nom, s’est retrouvé dans une situation d’indiscipline caractérisée et a refusé d’obtempérer aux ordres de sa hiérarchie, répondant plutôt en tirant en l’air avec son arme. Deux fautes à relever pour un militaire: refus d’obéissance et violation de consignes en zone de conflits. La racine de l’affaire est immédiatement instrumentalisée et portée aujourd’hui comme un outrage à subordonné alors que le chef militaire n’a pris que des mesures conservatoires en retirant ce mauvais combattant du front» a expliqué le Colonel Didier Badjeck, Directeur de la Division communication au Mindef.
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