La graisse de porcs, de vaches et de poulets morts est utilisée pour fabriquer des carburants plus écologiques. Toutefois, une étude met en garde contre cette tendance qui pourrait s'avérer pire pour la planète.
Les graisses animales étant considérées comme des déchets, le carburant aviation fabriqué à partir de ces matières a une empreinte carbone beaucoup plus faible.
La demande de carburant fabriqué à partir de sous-produits animaux devrait tripler d'ici à 2030, les compagnies aériennes ouvrant la voie.
Mais les experts craignent que cela n'oblige d'autres industries à utiliser davantage d'huile de palme, qui est un énorme générateur d'émissions de carbone.
"Si cela génère une demande supplémentaire massive de n'importe où, l'aviation dans ce cas, les industries où la graisse est actuellement utilisée devront chercher des alternatives. Et cette alternative, c'est l'huile de palme. L'aviation sera donc indirectement responsable de l'augmentation de la quantité d'huile de palme", a-t-il ajouté.
La production d'huile de palme est liée à l'augmentation des émissions car les forêts anciennes, qui stockent de grandes quantités de carbone, sont défrichées pour faire place à de nouvelles plantations de palmiers à huile.
Une grande partie des graisses animales est utilisée pour fabriquer du biodiesel pour les voitures et les camions. Ce carburant est considéré comme durable car son empreinte carbone est beaucoup plus faible.
Mais les gouvernements européens souhaitent accroître l'utilisation de ces déchets pour rendre l'aviation plus écologique.
Pour atteindre cet objectif, des engagements ambitieux sont mis en œuvre pour les compagnies aériennes. Par exemple, d'ici 2030, les avions britanniques devront contenir 10 % de carburant durable (SAF) dans leurs réservoirs, tandis que les compagnies aériennes de l'Union européenne (UE) devront en contenir 6 %.
Les observateurs craignent que ces plans n'exercent une pression sur le marché actuel des déchets animaux.
Dans l'UE, les compagnies aériennes n'auront qu'un objectif de 6 % de carburant aviation durable, dont 1,2 % doit provenir de l'e-kérosène. En supposant que les 4,8 % restants proviennent entièrement de graisses animales, il faudrait environ 400 porcs par vol transatlantique.
De nombreux acteurs du secteur des biocarburants craignent que les changements proposés ne détournent les graisses animales d'un mode de transport vers un autre.
"Si vous créez une grande incitation à l'utilisation de ces lipides, des graisses animales et des huiles de cuisson usagées dans l'aviation, cela les détournera inévitablement d'autres usages", a déclaré Dickon Posnett d'Argent Energy, un producteur de biodiesel à base de déchets qui opère au Royaume-Uni et dans l'Union européenne.
"S'ils veulent accroître la durabilité de l'aviation au détriment de celle des camions, qu'ils le fassent. Mais c'est au gouvernement de prendre cette décision", a-t-il ajouté.