Une décision inattendue des autorités camerounaises d'interdire les voyages à l'étranger des hauts responsables gouvernementaux sème l'émoi et les spéculations dans le pays. Cette mesure pourrait être le signe avant-coureur d'un potentiel remaniement ministériel.
C'est par une note confidentielle que le délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguelle, a ordonné aux commissaires d'aéroports et délégués régionaux de bloquer les déplacements des ministres, directeurs généraux, présidents de conseils d'administration et leurs adjoints. Seules les autorités compétentes sont désormais habilitées à approuver leurs voyages.
Cette décision soudaine alimente les rumeurs d'un prochain remaniement du gouvernement camerounais. De nombreux Camerounais y voient les prémices d'une vaste "opération épervier", ce terme désignant la lutte menée par le président Paul Biya contre la corruption au sein de son équipe.
"On s'attend à un jeu de chaises musicales au sommet de l'État", confie un haut fonctionnaire sous couvert d'anonymat. L'attente est grande pour connaître les prochaines nominations ministérielles, qui pourraient rebattre les cartes du paysage politique national.
Le dernier remaniement d'importance remonte à janvier 2019, lorsque l'actuel Premier ministre Dion Ngute avait été nommé à la tête du gouvernement. Depuis, son équipe est restée inchangée pendant plus de 5 ans.
Cette situation crée une réelle tension au Cameroun, alimentant les doutes sur la stabilité du pays dans des secteurs clés désormais dépourvus de tutelle ministérielle forte. Les spéculations vont également bon train sur d'éventuelles têtes qui pourraient tomber, accusées de gaspillage, de détournements ou d'abus de pouvoir.