C’est ce qui ressort du rapport publié en fin décembre 2015 par l’Ong autrichienne Democracy Ranking.
Le pays des Lions indomptables reste à la traîne en matière de démocratie. Pas d’évolution significative en ce qui concerne les indicateurs comme la politique, l’égalité, le système économique, la connaissance, le système de santé et l’environnement. Voilà pourquoi le Cameroun ne figure pas parmi les meilleurs élèves en Afrique et dans le monde, en matière de démocratie. C’est le constat fait à la lecture du classement que vient de publier l’organisation non gouvernementale autrichienne «Democracy Ranking».
Un classement qui prend en compte l’évolution des pays en termes de qualité de démocratie depuis 2010. Sur 113 pays recensés par le ’’Global democray ranking’’, le Ghana occupe la 49ème place, la Namibie vient en 56ème position suivie du Sénégal qui occupe la 64ème marche. Au bas de l’échelle, il y a le Mali (104e), la Guinée, la Chine, le Nigeria, l’Egypte, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Pakistan, la Syrie et le Yémen (113e).
En dehors de l’Afrique, à l’issue des décomptes, il ressort que la meilleure démocratie au monde reste la Norvège avec un score de 88,1 points sur 100. Elle est talonnée par la Suisse (87 points) et la Suède (86,6 points). La Finlande (86 points) et le Danemark (85,2 points) ferment le top 5 mondial. Dans les 10 premières places, on ne retrouve qu’un pays hors continent européen. Il s’agit de la Nouvelle-Zélande qui est classée 8ème avec 81,7 points. Le Royaume-Uni est 12ème, la France 14ème et les Etats-Unis 16ème. L’absence du Cameroun dans ledit classement n’est pas une surprise pour la société civile.
Interrogés, des acteurs affirment qu’il y a encore du chemin à faire concernant « les droits civils et politiques, la liberté de presse, la lutte contre la corruption, l’alternance politique avec l’arrivée d’un nouveau parti à la tête du pays, etc. Des points pris en compte par Global Democracy Ranking qui fait aussi recours à des organisations comme Freedom House ou encore des rapports de Transparency. Nul n’ignore que sur tout ce qui vient d’être dit, la qualité de la démocratie camerounaise laisse à désirer ». Nombre d’institutions comme la commission anti corruption (Conac) et des acteurs sociopolitique du Cameroun ont déjà dénoncé ces travers du Cameroun durant l’année 2015.
Atteinte à la libre compétition politique
Dans une de ses publications, l’intellectuel Dr Louis Marie Kakdeu, écrit que la démocratie camerounaise est en danger. Un péril qui sans doute justifie son absence dans le classement Global democracy ranking 2015. D’après l’observateur averti, la troisième régression du Cameroun porte sur l’atteinte à la libre compétition politique. Le volet juridique a été inscrit dans la Constitution lors de la modification du 14 avril 2008 qui levait le verrou sur la limitation des mandats présidentiels. En vue de renforcer sans doute la perpétuité du pouvoir, l’article 35 dispose que l’empêchement définitif du Président de la République est constaté par le Conseil constitutionnel statuant à la majorité de 2/3 de ses membres et non plus à la majorité absolue de ses membres.
« Pire, la caution à verser a été doublée (de 1,5 millions Fcfa à 3 millions Fcfa), ce qui pourrait contribuer à diminuer le nombre de prétendants au fauteuil présidentiel. Sur ce point spécifique et prétextant procéder à l’assainissement des finances publiques, le régime en place a mis aux arrêts tous les anciens ministres accusés d’être des potentiels prétendants», soutient l’auteur qui enchaîne : «malgré les pressions du régime sur la justice, la plupart d’entre eux ont été reconnus non-coupables mais, la démultiplication des charges d’accusation les maintient en prison.
C’est une instrumentalisation de la justice qui permet de neutraliser la liberté d’opinion et d’entretenir le clientélisme politique ». Toutes choses qui font dire à ce dernier, que la démocratie camerounaise ne traverse pas de jours heureux. « Il revient à la société civile et à l’opposition de faire valoir la souveraineté du peuple. Mais, pour y parvenir, il faudrait faire face à la division pour mieux régner que le régime de Paul Biya a instauré au sein du leadership camerounais ».