A notre humble avis, la lutte contre Boko-Haram est actuellement dans une impasse stratégique. Le Cameroun, notre pays, qui se voulait à l’avant-garde de cette lutte, ne sait plus que faire pour combattre le mal : comme à court de contre-vérités habituelles cyniquement servies au peuple au nom de la « communication de guerre », le régime ne cesse d’appeler au soutien de nos forces armées et au patriotisme pour que nul ne pose de questions.
Or, le vrai soutien à nos soldats, le vrai patriotisme ne consiste-t-il pas aujourd’hui à être particulièrement vigilant vis-à-vis d’un gouvernement dont les membres n’hésitent pas de continuer à s’enrichir au détriment de la sécurité et de la vie de nos soldats ?
Serait-ce soutenir nos forces armées et faire montre de patriotisme que de se taire lâchement quand des soldats permissionnaires du Front se plaignent d’être équipés d’armes de brocante qui chauffent quand ils les utilisent à l’approche de l’ennemi et leurs brûlent les mains ?
Serait-ce soutenir nos forces armées et faire montre de patriotisme que de faire semblant de n’avoir rien entendu en apprenant des soldats du Front que l’argent qui est tapageusement récolté pour les soutenir, ne leur parvient pas et serait probablement pompé par les multiples réseaux de corruption civils et militaires du régime ?
Faut-il admettre, pour soutenir nos forces armées et faire preuve de patriotisme, que celles-ci puissent souvent manquer de ravitaillement au point de « braquer des lamidos (chefs traditionnels du Nord) pour trouver à manger » ?
On objectera que ce genre de « dysfonctionnements » arrivent partout, mais n’est-ce pas un peu trop quand les trois quarts des vivres frais « un don du Chef de l’Etat aux soldats du Front » pourrissent dans les aéroports faute d’une logistique adéquate…Tout cela est connu dans les quartiers, mais « il ne faut rien dire ! »…
C’est précisément parce que nous savions nos armées inadaptées à la lutte contre Boko-Haram que nous avions suggéré, dès les premières attaques terroristes dans notre pays, d’abord que nos soldats du front soient immédiatement équipés d’un matériel de pointe flambant neuf, ensuite la création d’une « Task Force », d’une armée africaine intégrée, en même temps que le regroupement de nos Etats d’Afrique Centrale en premier noyau des Etats-Unis d’Afrique…Or, non seulement on a continué à envoyer de la brocante au front (pour détourner des milliards à l’Etat),
mais on a soigneusement évité toute formule d’intégration des forces armées pour créer, équiper et entraîner une Task-force : ce sont les armées des pays concernés par les menaces actuelles du terrorisme qui sont déclarées « Force Multinationale Africaine »…On nommera quelques commandants, et on coudra quelques costumes distinctifs. Ce sera en réalité un simple jeu d’écriture : cette force multinationale africaine n’est que du pipo, elle n’existe que sur le papier.
Aujourd’hui la vraie question qui se pose est de savoir si l’on peut attendre quelques résultats sérieux, sur le terrain, du module stratégique de la « Force Multinationale Africaine sous commandement nigerian ». Nous disons non, pour trois raisons.
Primo : Parce que l’on a mis dans un même module stratégique deux problématiques différentes, celle de la lutte contre Boko-Haram au Nigéria, et celle de la lutte contre Boko-Haram dans les pays d’Afrique Centrale. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’agit pas du tout de la même chose !
Secundo : Parce que La « Force Multinationale Africaine » est une juxtaposition d’armées nationales avec leurs qualités et leurs tares spécifiques, sur le papier, elle n’existe qu’en théorie.
Tertio : Parce que le financement de ce dispositif sera d’une réelle complexité et répondra plus à des critères de distribution du gombo qu’à des critères d’efficacité opérationnelle.
Pour bien nous faire comprendre, disons que le Nigeria c’est, grosso modo, cent cinquante millions d’habitants dont approximativement une bonne moitié de musulmans. Boko-Haram, dans ce pays le plus peuplé d’Afrique et dans plusieurs de ses régions est comme un poisson dans l’eau. La lutte contre le terrorisme ici implique son extirpation du tissu social, et de sérieuses mutations politiques et sociales. Evaluée au plan opérationnel, la secte peut lever des troupes, attaquer et occuper pendant quelques temps de grandes villes, et peut organiser toutes sortes d’attentats.
Bref, rien de comparable avec la problématique de Boko-Haram en Afrique Centrale où la secte islamique opère avec une relativement faible implantation, des infiltrations à partir de bases arrières lointaines, avec des cellules dormantes et des complicités vulnérables (parce que plus ou moins connues) dans les sphères gouvernementales. Mêler dans un même module de lutte la problématique de Boko-Haram au Nigéria et sa problématique en Afrique Centrale reviendrait à se condamner à ne rien faire de sérieux contre le terrorisme au Nigéria et en Afrique Centrale…
Le module stratégique de la « force multinationale africaine » va donc tout au plus renforcer les capacités d’autodéfense des régimes néocoloniaux d’Afrique Centrale parce que les aides viendront de toutes parts, et ne sera qu’un « gombo » de plus, une opportunité de plus d’enrichissement des bourgeoisies militaro-bureaucratiques.
Notre proposition pour une lutte efficace contre Boko-Haram visait à créer une « Task Force », une armée spécialement destinée à combattre ce mal, indépendante financièrement des régimes autocratiques et même de leurs armées prétoriennes. Nous suggérions que deux mille hommes soient pris dans l’Armée camerounaise, autant dans l’Armée Tchadienne, autant dans l’Armée Centrafricaine (mille Séléca et mille Anti-Balaka) et mille cinq cents Equato-Guinéens.
L’ONU recruterait cinq cents formateurs pour cette force : cent marines et commandos britanniques, cent instructeurs canadiens, cent français et deux cents instructeurs cubains sur critère d’empathie ; pour que cette force soit au top niveau d’efficacité combative.
Et pour que cette Task Force ne suscite pas d’inquiétude au niveau des chefs d’Etat de la région, et puisse même fonctionner en harmonie avec ces chefs d’Etat, nous proposions que ces derniers proclament la fusion de leurs armées et s’engagent vers l’unification de leurs territoires. Ne nous dit-on pas que tous sont des « panafricanistes » ? Hélas, ils paient volontiers des griots pour chanter leur « panafricanisme », mais prennent la fuite dès qu’il s’agit de faire un pas concret vers l’unité africaine.
On notera enfin que la fictive « Force Multinationale Africaine » n’évoque comme de bien entendu ni les bases militaires ni les forces étrangères venues dans la région aux motifs de lutte contre le terrorisme et de maintien de la paix. Notre proposition qui osait s’en passer, était intolérable.
Alors que faire ?
Wait and see, diraient les Britanniques. Attendons surtout de voir l’efficacité sur le terrain de la lutte contre le terrorisme de cette « Force Multinationale Africaine ». Mais allons-nous attendre les bras croisés ? Non : nous attendrons en nous organisant, en prévision de l’inéluctable échec de cette honteuse moquerie.
Nous proposons de commencer par faire ensemble un bien étrange constat : le Cameroun compte quelques deux cents partis politiques, et un plus grand nombre d’associations qui se déploient dans des domaines variés. Pourtant, depuis bientôt vingt ans, le Président de la République du Cameroun viole l’Article 66 de la Constitution, sans qu’aucune protestation populaire ne monte. Même les intellectuels préfèrent se défouler dans des groupes ou cercles de diversion, et font semblant d’ignorer que jusqu’à leur niveau se pose un grave problème de civisme élémentaire…
La conséquence de cette démission collective face à cette violation de cet article-clé de la Constitution, le 66ème, celui-là même qui devait assurer une lutte efficace contre la corruption, c’est que notre pays qui ambitionnait d’être une « démocratie avancée », est devenue une « Kleptocratie » avancée, une république du vol et des voleurs.
Et comme il fallait s’y attendre, le mal de la corruption a d’autant plus profondément pénétré les Forces Armées camerounaises que le Chef de l’Etat doit le pouvoir à ces dernières depuis la tentative avortée de putsch du 6 Avril 1984.
Et à cette démission collective s’ajoute aujourd’hui un climat délétère, malsain, où les barons du régime s’organisent en lobbies et se surveillent pour la succession : c’est à qui tissera le meilleur réseau de soutien jusque dans de pseudo-partis d’opposition, à qui amassera le plus d’argent, par tous les moyens : combattre Boko-Haram est le dernier de leurs soucis, même quand ils en parlent sur les média.
Aussi, proposons-nous ce qui suit, pendant que la « Force Multinationale Africaine » déploie sa fiction et ses mensonges :
1°) Adressons au Chef de l’Etat une PETITION NATIONALE lui demandant de respecter et de faire respecter l’Article 66 de la Constitution qu’il viole depuis bientôt vingt ans et de se déclarer pour la sortie de notre pays du Franc CFA ; pétition à faire signer pendant des mois par le plus grand nombre de nos compatriotes.
Le but de cette pétition sera moins d’attendre un changement des positions connues de BIYA, que de recenser et mobiliser ceux de nos compatriotes qui sont prêts à se battre pour ces exigences minimales de civisme, avec le Front des Patriotes et Panafricanistes dont ils seront considérés comme adhérents.
2°) Sachant que le Président de la Guinée Equatoriale M. OBIANG NGUEMA MBASOGO s’est naguère déclaré favorable à la sortie du Franc CFA, et avait interpellé le Président Camerounais qui resta muet, le résultat de la PETITION NATIONALE au Cameroun, nous permettra d’interpeller les Chefs d’Etats d’Afrique Centrale et d’élaborer une ligne de conduite répondant à la position de M. BIYA au cas où il se présenterait comme irréductible défenseur du FCFA dans la sous région.
Si donc la campagne de signature de la PETITION NATIONALE a un grand succès,le Président Biya ne pourra pas ne pas en tenir compte. Cette campagne doit donc comporter les précisions suivantes :
Signez massivement, en signant prenez votre carte du FPP et inscrivez-vous sur les listes électorales si vous n’êtes pas encore inscrit ;
Quand vous avez signé, ne faites plus partie d’associations ou partis politiques anticiviques.
Signer le PETITION NATIONALE, c’est s’engager à la faire signer par le maximum d’autres compatriotes pour sauver le pays.
3°) Dans la situation complexe qui est celle de nos pays en Afrique centrale à l’heure actuelle, nous pouvons passer par la lutte pour la monnaie commune pour arriver à l’unification politique, et de celle-ci à l’intégration des forces armées et vice-versa, c’est le FPP qui pourra nous permettre d’apporter des réponses adéquates aux opérations de tromperie comme la soi-disant « Force Multinationale Africaine ».
Conclusion
Nous étions sur le point de conclure cette réflexion quand nous avons appris avec tristesse qu’un grave attentat de Boko-Haram venait de frapper Maroua, faisant 13 morts et une trentaine de blessés. Nos condoléances aux familles des victimes, et toute notre sympathie aux blessés. Nous apprenons que le Chef de l’Etat a condamné le lâche attentat, (quel Camerounais ne le condamne pas ?), ne peut-il rien faire en dehors de ces condamnations verbales ? Peut-il prétendre qu’il ne sait pas et ne peut pas vérifier que « la Force Multinationale Africaine » est un montage fictif qui va plus nous exposer aux frappes terroristes?
Camerounaises, Camerounais, cette Force Multinationale Africaine n’est que du pipo. Mobilisez-vous avec le FPP pour construire les Etats-Unis d’Afrique et nous vaincrons sûrement Boko-Haram.