L'ordre est venu de la Présidence: film de l'arrestation musclée au Conseil Constitutionnel

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Tue, 5 Aug 2025 Source: www.camerounweb.com

Le journaliste Brand Kamga de Naja TV brise le silence après son expulsion spectaculaire de la salle d'audience du Conseil constitutionnel lors du contentieux pré-électoral du 4 août 2025. Dans une interview exclusive accordée à nos confrères de Médiatude, il dévoile les circonstances de cet incident qui a marqué la couverture médiatique de cette audience historique.

Selon les révélations du journaliste, son expulsion n'était pas liée à une violation des règles de sécurité, mais à des instructions venues de la hiérarchie. "On m'a alors fait comprendre que les instructions venaient de haut lieu", confie Brand Kamga, évoquant les propos tenus par les agents de sécurité lors de l'interruption de son direct.

Le journaliste précise qu'une cinquantaine de caméras étaient présentes dans la salle d'audience, mais que seule sa chaîne diffusait en direct. Cette particularité semble avoir été le véritable motif de son éviction. "On nous a dit : filmez comme vous voulez, mais pas de direct", rapporte-t-il.

Brand Kamga raconte avoir diffusé pendant plus d'une heure trente avant la première interruption. Les services de sécurité avaient d'abord invoqué sa position derrière le greffier, susceptible de compromettre la confidentialité des documents. Acceptant de se déplacer, l'équipe de Naja TV avait changé d'emplacement et relancé le direct.

Cependant, quelques minutes plus tard, de nouveaux agents sont intervenus pour une interruption définitive, cette fois sans justification technique. "J'ai demandé pourquoi. On m'a alors fait comprendre que les instructions venaient de haut lieu", révèle le journaliste.

L'un des aspects les plus troublants de cette affaire concerne l'absence apparente de cadre juridique clair. Brand Kamga affirme s'être présenté au service du protocole dès son arrivée, informant les autorités de son intention de diffuser en direct. Aucune interdiction formelle ne lui aurait été notifiée à ce moment.

Plus tard, lors de son éviction, les autorités auraient brandi un arrêté du préfet du Mfoundi interdisant la diffusion en direct, mais ce document n'aurait jamais été présenté concrètement au journaliste. "À notre connaissance, aucun texte n'interdisait explicitement la couverture ou la diffusion de cette audience", maintient-il.

Un moment historique sous surveillance

Le journaliste ne regrette pas son initiative, qu'il justifie par l'importance historique de l'événement. "C'était un moment historique pour le Cameroun, et il ne suffisait pas de se contenter de comptes rendus", explique-t-il, précisant qu'il referait probablement la même chose dans des circonstances similaires.

L'incident s'est déroulé dans un contexte de forte tension, avec la dispersion à coups de gaz lacrymogènes d'une centaine de personnes rassemblées à l'extérieur du Palais des Congrès pour suivre les débats du contentieux pré-électoral.

Cette affaire soulève des interrogations sur les conditions d'exercice du journalisme lors d'événements institutionnels majeurs. Si la présence de caméras était tolérée, l'interdiction sélective du direct pour un seul média interroge sur l'égalité de traitement des organes de presse.

Brand Kamga conclut en réaffirmant la mission de son média : "Naja TV fait simplement son travail : informer l'opinion nationale et internationale en temps réel. En l'absence d'interdiction formelle ou motivée, nous avons agi dans le respect des règles."

Cette expulsion survient dans un contexte électoral tendu, où la question de l'accès à l'information en temps réel devient un enjeu démocratique majeur.

Source: www.camerounweb.com