Affaire des 33 candidats sanctionnés au GCE/ AL
Le gouvernement appelé au secours
Après une descente au siège du GCE Board à Buea, les parents pensent que seuls les pouvoirs publics pourront aider à rétablir leurs enfants dans leurs droits.
Rien ne semble avancer dans le dossier des 33 candidats au General Certificate School of Education (GCE) Advanced Level inscrits à la Fierté Bilingual International College, un établissement scolaire situé à Yaoundé et sanctionnés par le GCE Board pour fraude. En effet, la mission composée de quatre personnes (deux parents et deux responsables de l’établissement) qui s’est rendue au siège du GCE Board à Buea le 2 août dernier n’a pas été fructueuse. Le compte rendu de cette mission a été fait le 3 août dernier au cours de la 4e réunion de crise entre les parents et les responsables de l’établissement. « Le Registrar du GCE Board a refusé de nous recevoir. Ses collaborateurs qui nous ont reçu ont dit que la situation est irrévocable, que nous n’avons plus rien à attendre. L’un des responsables nous a demandé d’aller inscrire nos enfants au Nigeria. Ils nous ont dit qu’on doit s’en tenir à la mention qui est portée sur les relevés de notes de nos enfants. Celle-ci indique que les enfants ont réussi, mais on ne peut valider leurs résultats et qu’ils ne pourront non plus composer l’année prochaine. Ils doivent attendre 2025 pour se présenter à nouveau. Cette position nous a semblé incompréhensible, car le GCE Board ne nous a encore fourni aucune preuve de fraude. Sur place, nous avons constaté que près de 2000 élèves ont été sanctionnés par le CGE Board », a affirmé l’un des parents envoyés en mission à Buea. Une situation qui plonge davantage les parents et les candidats dans le désarroi. Ce d’autant plus que la fraude dont parle le GCE Board aurait été constatée au niveau des corrections sur l’épreuve de « Mathematics Paper 2 » où les copies des candidats « collés » présentaient des similitudes dans les réponses. « Pendant l’examen, nous avions deux surveillants et la surveillance était rude. Même demander la gomme au camarade était impossible. Les mathématiques c’est une science exacte, nous avons tous le même enseignant et si on suit bien le cheminement, on aura le même résultat à la fin », déclare un candidat visiblement abattu. Et à sa camarade, en larmes, d’ajouter : « Je n’arrive pas à comprendre comment on nous accuse de tricherie alors que nous avons fait neuf mois de cours. J’avais tous mes livres et j’ai composé tous mes examens blancs avec succès. La nouvelle selon laquelle je fais partie des candidats sanctionnés par le GCE Board pour fraude me traumatise, car depuis que je fréquente, je ne connais pas le mot tricherie. Nos surveillants étaient très stricts au point où même pour aller aux toilettes, il fallait réfléchir, ils étaient tellement stricts. J’avais le rhume ce jour et pour utiliser même le mouchoir, les surveillants contrôlaient si rien n’est écrit dessus ». Ces candidats se disent aussi très surpris qu’on les accuse de fraude alors qu’ils ne composaient pas dans la même salle. « Sur les 33 sanctionnés, 19 étaient dans une même salle de composition, ceux-ci ont fait mathématiques option mécanique, et 14 autres faisaient les mathématiques option statistiques. Chaque option de mathématiques était dans sa salle. Dans ces deux salles de composition, il y avait aussi d’autres candidats, mais qui n’ont pas été sanctionnés », explique l’une des victimes du GCE Board.
Injustice
Les candidats concernés par cette sanction du GCE Board crient à l’injustice. « Je pense que c'est clairement une injustice, car je ne sais pas ce qu’ils veulent. On nous demande de fréquenter et maintenant que nous fréquentons, on refuse de nous donner nos résultats », déplore une élève sanctionnée. Son camarade, lui, poursuit : « J’attendais mes résultats, j’avais confiance en moi, surtout que j’avais bien composé. J’ai passé des nuits blanches et j’étais confiant. Maintenant que j’apprends que je suis suspendu, et que c’est seulement en 2025 que je pourrais composer, je suis abattu, même manger est devenu impossible, même dormir ». De leur côté, les parents s’interrogent sur le fonctionnement du GCE Board qui, sans aucune enquête préalable, décide de sanctionner certains candidats, de surcroît, les meilleurs de leur établissement scolaire. « Après la publication des résultats le 25 juillet dernier, nous nous sommes rapprochés de l’administration de l’établissement qui nous a dit que même s’il y avait eu des cas de tricherie, cela ne se serait pas passé ainsi. On nous a clairement dit que le GCE Board n’a pas respecté ses propres textes pour ces cas », indique un parent. En plus, « On ne peut pas sanctionner un élève pour fraude sans élément de fraude, sans l’avoir écouté. Après chaque épreuve, un procès-verbal est dressé et aucun ne mentionne la fraude. Même pas celui du chargé de mission. Nous ne savons donc pas sur quoi le GCE Baord s’appuie pour parler de fraude. C’est vraiment aberrant si c’est ainsi que cet organe que nous prenions pourtant très au sérieux fonctionne », poursuit un autre. Aujourd’hui, les parents sollicitent l’intervention du gouvernement afin que toute la vérité soit dite dans cette affaire. « Nous leur inculquons des valeurs telles que l’effort, la persévérance, etc. Mais quand ils se comportent ainsi, tous nos efforts deviennent vains. Qu’allons-nous dire à nos enfants ? Cette situation peut faire que nos enfants échappent à notre contrôle. Que vont-ils faire pendant toute l’année ? Nous implorons l’intervention de la ministre des Enseignements secondaires, du Premier ministre et la présidence de la République. Nous souhaitons que ces responsables se rapprochent du GCE Board pour comprendre le véritable problème, puisque jusqu’ici le GCE Board ne nous a fourni aucune preuve. Tout ce qu’on nous a dit au GCE Board était verbal, teinté d’une certaine arrogance », plaide un parent. Tous nos efforts de joindre les responsables du GCE Board pour avoir leur version des faits sur ce sujet ont été vains.