L’histoire se souviendra toujours de ce geste de Maurice Kamto

Mon nom est Kamto Maurice. Je suis né le 15 février 1954 à Bafoussam.

Fri, 29 Apr 2022 Source: www.camerounweb.com

• Maurice Kamto se démarque des autres opposants camerounais

• D’aucuns estiment qu’il est l’homme politique le plus aimé par les habitants

• Une intervention en 2018 a contribué à bâtir sa réputation



En 2018, on se souvient encore qu’il y a eu des contentieux postélectoraux au Cameroun. Une vingtaine de recours ont été déposés par des candidats à la présidentielle du 07 octobre 2018. La quasi-totalité d’entre eux avaient été annulés partiellement ou totalement par le Conseil constitutionnel, seule institution habilitée à publier les résultats définitifs d’une élection présidentielle.

Jadis, Maurice Kamto, avocat et universitaire, ancien ministre délégué à la Justice et homme politique camerounais né en 1954, avait adopté une posture que personne n’est prêt à oublier.

Le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a fait une plaidoirie historique devant le Conseil constitutionnel dont voici un extrait.

Monsieur le président du Conseil constitutionnel. Honorables membres du Conseil constitutionnel,

Mon nom est Kamto Maurice. Je suis né le 15 février 1954 à Bafoussam. Bafoussam indique un lieu géographique au Cameroun. Suivant notre nomenclature ethnique au Cameroun, je suis Bamiléké. Mais je me suis toujours considéré comme camerounais avant toute chose.

D’abord en raison de mon itinéraire personnel parce qu’après avoir commencé mes études primaires et secondaires à Bafoussam, je les ai poursuivies à Douala. J’ai poursuivi mes études universitaires à Yaoundé. J’ai forgé tout au long de ce parcours, des amitiés solides venant d’autres régions du Cameroun et ces liens sont demeurés à ce jour. J’ai dans ma propre famille des lignées entières qui vont dans d’autres régions du Cameroun dont je n’ai nul besoin de les citer ici.

Certains auraient voulu que je vienne ici m’excuser de mes origines ethniques. Que non ! Parce que je pose depuis plusieurs années dans ce pays : « Qui d’entre nous a choisi de naître là où il est né ? » Il m’est arrivé durant la campagne de dire « dites-le ». Dites-moi au Sud. Si pour être Bulu il faut passer un concours, dites-moi quel concours alors, je veux le passer pour devenir moi aussi Bulu.

Non, honorables membres du Conseil,

Vous ne devez pas laisser que la pollution qui a enfumé et intoxiqué des mois durant la période d’avant la campagne et celle pendant la campagne encore plus postérieure à la campagne, étouffe notre cher et très beau pays. Je ne vais pas m’excuser d’être Camerounais parce que je suis Camerounais.

D’aucuns auraient voulu que je m’excuse d’avoir travaillé comme ministre de la République avec le président actuel, président sortant, M. Paul Biya.

Je confirme devant votre Conseil que j’ai soutenu ma thèse de doctorat d’Etat à l’université de Nice un vendredi et le dimanche j’étais à Yaoundé parce qu’un jeune camerounais de 49 ans venait d’accéder au pouvoir et je sentais qu’il était de mon devoir de venir lui apporter mon plus grand soutien.

Je ne vais pas m’excuser d’avoir été ministre de son gouvernement parce que j’ai donné le meilleur de moi-même là où il m’a placé et sur les dossiers qu’il a bien voulu me confier.

D’aucuns auraient voulu que je m’excuse d’avoir démissionné de son gouvernement, d’avoir formé un parti politique et de m’être présenté comme candidat face à lui. Non, je ne m’en excuserai pas. D’abord, parce qu’en tant que citoyen de ce pays, j’en ai pleinement le droit mais aussi et surtout parce je crois très profondément que nous sommes à une phase de l’histoire de notre pays où il faut que nous ayons le courage de dire qu’il y a un temps pour toute chose et que si ce président de la République aime comme je le crois son pays, il doit au fond de lui-même, savoir qu’il a donné le meilleur de lui-même et qu’il n’a plus grand-chose à offrir à ce pays.

Alors, il serait criminel pour ceux qui entonnent des cantiques-là de faire croire qu’au Cameroun, il y a une seule et une seule personne pour conduire la destinée du Cameroun. Ce serait d’ailleurs dramatique parce qu’alors je me demande le jour où, comme nous tous il sera rappelé, pour ceux qui croient à Dieu, ce qu’il adviendrait de notre pays ».

Source: www.camerounweb.com