Pour apporter une solution à cette contraction, le Comité de politique monétaire de la banque centrale a décidé hier au cours d’une réunion extraordinaire d’abaisser les coefficients des réserves obligatoires des banques à 50%.
« Il y a une contraction au niveau des dépôts des banques [de la Cemac] d’une manière générale. Ce qui abaisse la liquidité bancaire ». 237online.com Ce sont les termes du gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (Beac) au cours d’une conférence de presse, le 6 avril 2016 à Yaoundé.
Lucas Abaga Nchama, président statutaire du CPM, a expliqué sans être précis sur les chiffres que, lorsque la liquidité bancaire baisse, « cela génère des besoins supplémentaires en trésorerie ». Face à cette situation, a-t-il indiqué, « le CPM a jugé opportun de desserrer la contrainte liée à la constitution des réserves obligatoires ».
Lesdites « réserves obligatoires » sont des dépôts financiers que les banques et autres établissements financiers doivent déposer auprès de la Beac. Lucas Abaga Nchama a donc annoncé qu’à l’issue d’une réunion extraordinaire du CPM, il a été décidé de baisser de 50% les coefficients des réserves obligatoires applicables aux banques des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Il n’y aura pas d’impact sur l’inflation, a-t-il rassuré. « Nous sommes dans une période où l’inflation est plus ou moins maîtrisée, puisqu’elle se situe en dessous de 3% », a précisé le gouverneur de la banque centrale. Qui a jouté : « Cela va donner beaucoup plus d’aisance de trésorerie aux banques. Elles auront une gestion beaucoup plus dynamique dans leur trésorerie ».
Un montant total de près de 600 milliards de FCFA est mis à la disposition des banques de la Cemac pour permettre à ces dernières de faire face à la chute des cours de matières premières et à l’insécurité dans la région, selon Lucas AbagaNchama. Toujours selon lui, les établissements bancaires et financiers de la sous-région ne seront plus obligés tout le temps de venir solliciter les refinancements à la Beac tout le temps.
Par ailleurs, examinant en première lecture les textes relatifs à la réforme de la politique monétaire de la Beac, le CPM a formulé des recommandations sur le projet de décision fixant les règles, instruments et modalités d’intervention de la Beac sur le marché monétaire, ainsi que sur le projet de décision portant réaménagement du dispositif des réserves obligatoires de la Beac.
Y aurait-il un moyen pour s’assurer que l’abaissement des réserves obligatoires à 50% va refinancer l’économie ? Lucas Abaga Nchama répond que la Beac ne peut pas se substituer aux banques. « Nous mettons des conditions à travers notre politique monétaire pour que les banques puissent travailler dans les normes.
On a augmenté le plafond des objectifs de financement avec ça, les banques devaient nécessairement revenir auprès de la Banque centrale pour les refinancements », a-t-il réagi. Pour mémoire, les réserves des banques à la Beac se sont situées à 3 772,4 milliards de FCFA (dont 1 115 milliards de réserves obligatoires et 2 657,4 milliards de réserves libres) à fin 2014.
Les réserves libres, considérées comme l’excès de liquidité non neutralisée par la banque centrale, ont augmenté de près de 1 500 milliards entre décembre 2010 et décembre 2014, illustrant l’abondance de liquidité sur la place bancaire de la Cemac.