Une nouvelle affaire met en lumière des tensions entre la justice et la gendarmerie au Cameroun. Selon les révélations du journaliste d'investigation Boris Bertolt, le ministre de la Justice, Laurent Esso, a été saisi suite au refus du commandant de la Légion de gendarmerie du Centre d'exécuter un mandat d'amener émis par le Procureur de la République.
L'affaire débute le 25 juin 2024 avec une plainte déposée à Ngaoundéré par Dzermo Mark, promoteur de l'Institut Emergence de la santé et des Sciences Biomédicales de Ngaoundéré (INESSBIN). Selon les informations révélées, la plainte visait un certain Ndjankou Noussi Yves Loiseau, accusé d'avoir volé les parchemins de l'établissement.
Une cascade d'événements judiciaires s'est déroulée à la suite des révélations du lanceur d'alerte. La chronologie des faits est la suivante : le 20 septembre 2024, Ndjankou Noussi a été interpellé à Yaoundé. Le 23 septembre 2024, lors de son audition, le suspect a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, notamment l'injure, le vol, l'usurpation de titre, le faux et usage de faux en écriture publique, la corruption et l'escroquerie. Enfin, le 26 septembre 2024, le Procureur de la République près les tribunaux de Ngaoundéré a émis un mandat d'amener.
La situation prend un tournant inattendu lorsque le lieutenant-colonel Jean Pierre Ottoulou, commandant de la Légion de gendarmerie du Centre, refuse d'exécuter le mandat d'amener. Selon Boris Bertolt, non seulement le commandant aurait refusé de faciliter l'arrestation du suspect, mais il aurait également menacé le plaignant, Dzermo Mark, de garde à vue lorsque celui-ci est venu s'enquérir de la situation dans son bureau.
Le journaliste révèle également que cette affaire s'inscrit dans un contexte plus complexe : le lieutenant-colonel Ottoulou ferait actuellement l'objet d'une enquête de corruption instruite par le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, impliquant plusieurs officiers supérieurs de la gendarmerie.
Face à cette situation inédite de refus d'exécution d'un mandat d'amener par un officier de gendarmerie, le ministre de la Justice Laurent Esso a été saisi de l'affaire. Cette situation soulève des questions sur les rapports entre les différentes institutions de l'État et le respect de la chaîne de commandement dans les procédures judiciaires.
L'affaire est d'autant plus préoccupante qu'elle met en lumière de possibles dysfonctionnements dans la collaboration entre les services de justice et les forces de l'ordre, éléments essentiels du système judiciaire camerounais.