La cérémonie des jumeaux chez les Bamiléké

Jumaux Bam Nous vous proposons les rites gémellaires chez les Bamiléké.

Tue, 25 Apr 2017 Source: aultech.com

C’est connu, reconnu et même confirmé que chez les Bamiléké, on ne blague pas avec les rites. Surtout celui des jumeaux qui fait partie des cérémonies ayant un fort impact dans la communauté. On lit alors …

Chez les Bamiléké lorsqu’un couple a le privilège de mettre au monde des jumeaux, ceux-ci sont considérés comme des êtres spéciaux. Leur venue apporte du changement non seulement pour la famille, mais aussi pour toute la communauté. Le premier indice qui marque la naissance des jumeaux dans une famille, est la décoration qui est faite au niveau de la concession des géniteurs. Elle est composée de feuilles de palmes et des bottes de fleurs communément appelés arbre de paix. Lesquelles sont là pour symboliser ce cadeau de la providence.

Avant d’être présenté à la communauté, les jumeaux et leurs parents font d’abord une retraite qui dure une à deux semaines. Pendant cette période, ils vivent dans une case sacrée en retrait des membres de la famille, où ils sont soumis au rite TE MHAK : c’est le nom qu’on donne au rite des jumeaux chez les Bamiléké. Leur séjour dans ce lieu particulier, est rythmé par des cérémonies qui restent secrètes aux non-initiés, et seul le devin y a accès. Le but de celles-ci est d’éloigner les esprits maléfiques, qui pourraient prendre possession de leur corps pour faire du mal. Leur alimentation est uniquement composée de mets traditionnels. On dit même que hein, lorsque le rite n’a pas été bien pratiqué, à mouf deh, les gars deviennent très dangereux au point de lancer les mauvais sorts aux gens. Tu es assis ta chose tranquille, one time tu commences à sentir ton corps un genre, tu go à l’hosto on ne voit rien, ou encore tu gardes ton argent dans les chaussettes comme papa Tagne, tu wanda que les do ont disparu. Autant de malheurs qui dit-on seraient mis sur le dos des jumeaux, c’est vrai ça ? Man no know, c’est la tradition non…

La « sortie des jumeaux » comme on l’appelle couramment marque la fin des rites. Pour la célébrer, une grande fête est organisée à leur honneur. Entourés des amis et de la famille, les jumeaux et leurs parents sont accueillis avec des chansons dansantes. Au rythme des instruments de musique, comme dans un ballet, la foule exécute des pas de danse particuliers, lesquels se font uniquement pour ce genre d’événement. C’est le farotage que tu veux confirmer ? Ou ce sont les tchop que tu veux voir ?

Cette sortie de la case sacrée, marque aussi le nouveau statut de ces derniers au prêt de la communauté. Les jumeaux vont se faire appeler PO MNYE, et tous ceux qui ont un lien direct avec eux, vont porter le suffixe NYE à la fin de leur nom : le nom du père change, il s’appelle désormais TA NYE ou TÉ KHU, le nom de la mère change aussi, elle s’appelle désormais MA NYE ou MÉ KHU. (TÉ KHU et MÉ KHU sont respectivement les diminutifs de TA PEKUU, père des enfants et de MA PEKHU, mère des enfants).

De même lorsqu’un enfant naît après les jumeaux, il porte lui aussi un nom particulier : si c’est un garçon, il s’appellera KEN NYE ou TALA, si c’est une fille, elle s’appellera aussi KEN NYE ou MALA. En dehors du titre qu’ils ont, ils portent les noms appartenant aux familles royales, tout dépend des origines du groupement auquel ils appartiennent. Par exemple dans certains groupements ils vont se faire appeler : Kamga, Fotue, Fotso …

Pour rendre visite aux jumeaux, il faut apporter le fruit rouge, plus connu chez nous sous l’appellation de jujube qu’on associe à l’arbre de paix.

Alors chers letchois ce petit d’horizon sur les rites gémellaires au Cameroun, vous a intéressé ? Toutes œuvres humaines n’étant pas parfaites, nous vous laissons l’opportunité d’apporter d’autres infos, sinon de partager avec nous comment ce rite est pratiqué chez vous.

Source : http://manengumba.blogspot.com / Sémiologie de la poésie orale bamiléké: le cas des louanges pour jumeaux chez les Yèmba par Albert Etienne TEMKENG, Université de Dschang – DEA d’études africaines. Option Littérature orale 2003

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