A Fotokol dans l’Extrême-Nord, les forces de défense sont en état d’alerte maximale.
Les préparatifs de la fête de fin de ramadan vont bon train dans la région de l’Extrême-Nord. A Fotokol, où les images de deux explosions de dimanche soir sont encore fraiches dans les esprits, les populations n’ont pas le cœur à la fête. Difficile de se remettre de ce deuxième carnage qui a semé la désolation et la consternation dans les familles.
Joint mardi au téléphone, le sous-préfet de Fotokol, Hayatou Oumarou a décrit l’état d’esprit de ses administrés : « les populations sont encore sous le choc, la violence des deux explosions a créé une panique au sein de la population », observe-t-il. Dans la ville de Fotokol, les populations s’organisent pour détecter les suspects. Les forces de défense sont sur les dents. Il est interdit d’arborer des accoutrements similaires à ceux des kamikazes.
Au lendemain du drame, les responsables militaires de la région se sont rendus à Fotokol pour évaluer la situation sécuritaire, remonter le moral, galvaniser les troupes et évacuer les blessés. Les sept blessés ont été évacués à Maroua où ils suivent des soins appropriés. Lundi dernier, le gouverneur a organisé une série de réunions avec les responsables des forces de sécurité et de défense.
Toute la journée, Midjiyawa Bakari s’est retranché avec son état-major. Il est question de monter d’un cran dans le renforcement des mesures sécuritaires eu égard au nouveau mode opératoire de cet ennemi caché. En surfant sur le principe de la défense populaire, le gouverneur invite les populations à dénoncer toute présence suspecte aux forces de défense et aux autorités administratives.
Il annonce un durcissement des mesures sécuritaires. Les contrôles et les fouilles vont systématiquement s’opérer de jour comme de nuit sur les personnes, les véhicules et les bagages. Les voitures aux vitres fumées sont formellement interdites. Le port du voile intégral est également interdit.
A la veille de la fête de fin de ramadan, le gouverneur prescrit une vigilance accrue dans les lieux de grand rassemblement comme les marchés, les gares routières et les mosquées. Dimanche soir, deux femmes kamikazes se sont fait exploser à quelques minutes d’intervalle dans la ville de Fotokol, à environ 80 km de Kousseri, à la frontière avec le Nigeria.
Les deux kamikazes étaient vêtus de burqa. La première explosion s’est produite dans un lieu de grande attraction non loin du camp du Bir au moment de la rupture du jeûne du ramadan. La deuxième explosion est intervenue à l’entrée du camp militaire. Le bilan fait état de 13 morts et 7 blessés.
Même si cette attaque n’a pas encore été revendiquée, elle porte la marque du groupe terroriste Boko Haram, qui multiplie ces derniers mois les attaques au Nigeria, au Tchad, au Cameroun et au Niger. C’est la première fois qu’une attaque de ce type se produit en territoire camerounais.