Selon les experts du ministère camerounais de l’Agriculture et du Développement rural, la chenille légionnaire, insecte qui s’attaque principalement aux céréales telles que le maïs et le sorgho, a déjà envahi plusieurs hectares de plantations dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua, du Centre, de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral. Mais, la présence de cet insecte, qui est ainsi signalée dans sept régions sur les dix que compte le Cameroun, est plus marquée dans la région du Nord, dans laquelle la chenille légionnaire a déjà attaqué 36 700 hectares de plantations, apprend-on officiellement.
Avec une capacité de destruction de la plante, que les experts situent entre 25 et 75%, cet insecte menace la production céréalière du pays, notamment celle des trois régions septentrionales du Cameroun (Nord, Adamaoua et Extrême-Nord), dans lesquelles les céréales (maïs, sorgho, mil) sont les aliments de base des populations. Dans cette partie du pays, apprend-on de sources locales, il est actuellement difficile de se procurer des céréales, à cause de la période de soudure caractérisée par la faiblesse de l’offre, dont le corollaire est l’augmentation des prix. En effet, indiquent nos sources, le sac de maïs, par exemple, qui coûtait entre 12 et 15 000 francs, Cfa il y a encore quelques mois, est désormais cédé entre 22 et 23 000 francs Cfa sur le marché local.
Aussi, observe-t-on une ruée des populations vers les magasins de l’Office céréalier du Cameroun, basé à Garoua. Cet organisme public est chargé de faire des provisions de céréales en période de bonnes récoltes, de les stocker et de les mettre à la disposition des populations en période de soudure, à des prix abordables, qui oscillent actuellement entre 16 et 16 500 francs Cfa, selon nos sources. De l’avis de certains agronomes, cette année, la période de soudure tant redoutée par les populations des régions septentrionales pourrait se prolonger au-delà du mois de septembre courant, qui annonce le début des récoltes.
Non seulement, à cause de la baisse de la production, du fait des dégâts causés par la chenille légionnaire, mais aussi une augmentation de la demande en céréales observée depuis quelques années, du fait des achats massifs du Programme alimentaire mondial (PAM) visant à nourrir les réfugiés nigérians et centrafricains hébergés dans les régions de l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua et de l’Est du pays. Par ailleurs, la baisse de la production céréalière qui se profile à l’horizon devrait davantage compliquer les activités dans la filière avicole nationale (le maïs est le principal constituant de la provende servant à nourrir les poussins, Ndlr), déjà lessivée par une longue épizootie de grippe aviaire, l’année dernière.