Le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement dément les allégations assimilant l'opération épervier à une épuration politique. L'intégralité de son point de presse accordé jeudi
« Mesdames, Messieurs les journalistes,
Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette rencontre à laquelle je vous ai conviés, pour que nous puissions échanger et en même temps, éclairer l’opinion publique autant nationale qu’internationale sur un sujet qui, au regard de l’intérêt qu’il suscite depuis quelques temps chez vos confrères d’ici comme d’ailleurs, mérite qu’on s’y arrête un moment, et qu’on y consacre tous ensemble, le temps nécessaire à une mise point appropriée.
Je voudrais parler ici de la question relative aux procédures judiciaires visant certaines personnalités de premier plan, qu’il s’agisse de hauts commis de l’État ou de personnalités du monde des affaires, dans le cadre de la lutte menée par le Chef de l’État contre la corruption et les atteintes à la fortune publique.
L’intensification de ce vaste mouvement d’assainissement des mœurs économiques face à l’impératif de protection de la fortune publique fait pourtant naître dans certains esprits, l’idée qu’il ne s’agirait en réalité que d’une manœuvre d’épuration politique destinée à écarter de la course au pouvoir suprême, d’hypothétiques concurrents du Chef de l’État en fonction.
Autrement dit, pour ceux-là, les poursuites judiciaires concernant ces hautes personnalités, sous le prétexte de procédures de droit commun, ne seraient donc que d’habiles subterfuges dont le point de chute consisterait en la destruction d’une certaine élite politique émanant de l’intérieur du pouvoir.
il est demandé le plus légitimement du monde aux uns et aux autres, de répondre de la gestion des deniers publics qui leur sont confiés pour l’exécution des tâches et des missions précises visant la satisfaction de l’intérêt général.
Issa Tchiroma
Comme je viens de le dire, certains médias s’en sont fait l’écho et ont choisi de mettre le sujet en débat.
Tout constat fait, ces médias ne sont que les relais d’une certaine opinion incarnée ci-et-là par des groupuscules d’activistes issus de quelques organisations de la société civile, ou alors par ceux-là même qui, directement concernés par ces poursuites judiciaires, ont opté de prendre la parole pour tenter de travestir les faits et se poser en de malheureuses victimes expiatoires d’une cabale politique savamment orchestrée.
Vous comprendrez donc pourquoi, Mesdames, Messieurs les journalistes, dans un tel contexte, notre rencontre d’aujourd’hui s’imposait d’elle-même.
Il s’agit en effet pour le Gouvernement de remettre les choses à leur place, afin d’éviter toute confusion dans les esprits des uns et des autres, face à ce qui s’apparente à des manœuvres de dérobade de la part de ceux-là mêmes qui espèrent tirer profit d’une telle campagne de désinformation et qui, par un tel stratagème, tentent de jeter le discrédit sur notre système judiciaire.
Je voudrais tout d’abord indiquer pour le réaffirmer, que l’engagement du Président de la République, Son Excellence Paul Biya, pour une lutte sans merci contre la corruption et les autres formes d’atteintes à la fortune publique, ne date ni d’aujourd’hui ni d’hier. Il s’agit au contraire d’un engagement pris de longue date au moment où il accédait à la magistrature suprême le 06 novembre 1982.
Et depuis lors, le Chef de l’État n’a eu de cesse de marteler ce leitmotiv de la rigueur et de la moralisation.
Dans une de ses adresses publiques, et pour ne prendre que ce cas parmi tant d’autres, le Chef de l’État sonnait en ces termes, la charge de ce fléau des atteintes à la fortune publique. Je le cite: «En ce qui concerne la morale publique et particulièrement le grave problème des atteintes à la fortune publique, (…) des résultats notoires ont été obtenus sur le terrain de la lutte contre la corruption et de la prédation exercée sur les biens publics. Mais, je suis conscient que beaucoup reste encore à faire sur ce terrain. C’est pourquoi je puis donner l’assurance que la lutte va se poursuivre en s’intensifiant, sans complaisance et sans discrimination aucune, qu’il s’agisse du statut social ou de l’obédience politique des uns ou des autres», fin de citation.
C’est donc fort de cette détermination du Chef de l’État, garant des institutions de la République, que des procédures judiciaires indifférenciées ont été engagées à l’encontre de divers justiciables, sans qu’à aucun moment il ne soit question de cibler quiconque, en raison de son appartenance politique, de son statut social et encore moins pour une cause quelconque liée à ses opinions.
Un simple regard synoptique sur les affaires marquantes de cette vaste opération, montre à suffisance la diversité des secteurs concernés et partant, celle des personnalités mises en cause ou déjà condamnées. Je citerai, bien évidemment sans être exhaustif, le secteur de l’immobilier, celui des chantiers navals, les secteurs portuaire et aéroportuaire, le secteur bancaire et celui des finances publiques, le secteur public du financement des collectivités territoriales décentralisées, ceux de l’éducation et la santé, les hydrocarbures, les secteurs des mines, les travaux publics, l’agro-industrie, l’aviation et le transport aérien, les postes, les télécommunications et l’audiovisuel.
Comment donc penser, dans un tel contexte de pluralité des domaines et des justiciables, objets des poursuites, qu’il y ait là une démarche à tête chercheuse, visant des raisons autres que celles de la protection de la fortune publique et de la répression des personnes jugées coupables d’infractions y afférentes ?
Des concurrents politiques, le Président Paul Biya en a toujours eu, et ceci à profusion (…) En témoigne, à simple titre d’illustration, le nombre de candidats qui se sont présentés tous contre lui à la dernière élection présidentielle en 2011. Ils étaient 23 au total Issa Tchiroma
Nous entendons parler depuis quelques temps, de persécution ou de prisonniers politiques, sous le couvert, nous dit-on, de procédures judiciaires classiques. La seule chose qu’il faille véritablement retenir, c’est qu’il est demandé le plus légitimement du monde aux uns et aux autres, de répondre de la gestion des deniers publics qui leur sont confiés pour l’exécution des tâches et des missions précises visant la satisfaction de l’intérêt général.
De quelle persécution politique s’agirait-il donc, alors que dans notre pays, comme chacun peut s’en rendre compte, la compétition politique est libre et les règles de cette compétition connues de tous.
Des concurrents politiques, le Président Paul Biya en a toujours eu, et ceci à profusion ; la preuve d’ailleurs de la vitalité et de la consolidation de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays.
En témoigne, à simple titre d’illustration, le nombre de candidats qui se sont présentés tous contre lui à la dernière élection présidentielle en 2011. Ils étaient 23 au total, pour être exact, dont certains venaient de quitter les rangs de son propre parti politique, mais siégeaient encore sous l’étiquette de ce même parti en qualité d’élus du peuple.
Tant que le Président Paul Biya demeurera le Président national de son parti, sa candidature à l’élection présidentielle ne pourra valablement être contestée par personne. Cette question n’est donc pas en débat. Issa Tchiroma
Peut-on nous dire lequel de ces challengers a été un seul instant inquiété ou privé de sa liberté, du simple fait d’avoir brigué la magistrature suprême face au Président Paul Biya?
Bien plus, le nombre de ces challengers n’a jamais cessé d’augmenter depuis la dernière élection présidentielle, parmi lesquels des membres du Gouvernement démissionnaires par eux-mêmes et ayant créé des partis politiques aujourd’hui ouvertement opposés à la famille politique du Président Paul Biya. Vous conviendrez aisément avec moi qu’eux non plus ne sont nullement inquiétés pour cette raison.
Au demeurant, faut-il le rappeler, les statuts du parti politique auquel le Président de la République appartient, font de lui le candidat de ce parti à l’élection présidentielle, en sa qualité de Président national dudit parti.
Autrement dit, tant que le Président Paul Biya demeurera le Président national de son parti, sa candidature à l’élection présidentielle ne pourra valablement être contestée par personne. Cette question n’est donc pas en débat. Elle ne saurait par conséquent alimenter une quelconque chasse aux sorcières, pour des velléités de conquête du pouvoir impulsées depuis l’intérieur de son parti.
S’agissant en tout cas de la quarantaine de procédures déjà traitées ou en cours de traitement auprès des juridictions compétentes pour des faits majeurs de détournements de deniers publics, il n’a, jusqu’à l’heure actuelle, jamais été possible de relever le moindre indice d’assimilation ou même seulement de rapprochement avec de supposés projets politiques nourris par les mis en cause ou les personnes condamnées.
Et même pour des procédures encore pendantes qui, semble-t-il, font actuellement piaffer d’impatience certaines personnes concernées ainsi que leurs affidés, il est toujours possible de faire cette même démonstration du fait que justice et politique sont ici loin de se mêler ; que les reproches ou soupçons qui pèsent sur les mis en cause n’ont rien de politique et qu’ils ne tiennent qu’à l’impératif de protection de la fortune publique. Nous pourrions parfaitement en apporter la preuve ici pour ces affaires encore pendantes devant la justice. Mais nous ne pourrions le faire sans transgresser les règles applicables au secret des procédures ou au commentaire sur des affaires non encore définitivement jugées. Nous préférons donc laisser à ceux qui, par leur agitation, pensent se substituer à la justice ou lui forcer la main, le soin de s’y aventurer… à leurs risques et périls bien sûr !
Quant à nous autres, Camerounaises et Camerounais, tous soucieux de l’intérêt supérieur de notre Nation et confiants dans l’intégrité et l’indépendance de la justice de notre pays, nous continuerons à apporter notre soutien sans faille au Président de la République, Son Excellence Paul Biya dans ce combat intrépide qu’il mène contre la dilapidation des biens publics et leur privatisation illicite au bénéfice des individus, et partant, au détriment de la collectivité.
Je vous remercie de votre aimable attention. »