Le 20 mai 2010, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire des indépendances, des émissaires de l’ONU sont venus présenter au président de la République Paul Biya deux cartes des Cameroun francophone et anglophone. Preuve s’il en était encore besoin que l’ONU reconnaît toujours l’existence du Southern Cameroon tout au moins en tant que territoire. De quoi battre en brèche l’argument du « Cameroun est un et indivisible » qu’agite sans cesse le régime de Paul Biya et ses multiples soutiens dans le cadre du conflit d’indépendance au Southern Cameroon.
Elle peut paraître anodine. Mais l’image est forte de signification. Nous sommes un 20 mai 2010. Jour de célébration de la fête de l’Unité au Cameroun. L’unité des Camerouns anglophone et francophone. Mais une délégation de l’Organisation des Nations Unies conduite par l’alors président de l’Assemblée générale de l’ONU Ali Triki, présente au chef de l’Etat camerounais Paul Biya deux cartes du Cameroun : l’une de la République du Cameroun français, l’autre du British Southern Cameroon.
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Les partisans du « Cameroun est un et indivisible », comme à leur habitude, trouveront toujours matière à justifier ce geste. Ils diront sans doute que ce sont des photos juste pour rappeler l’évolution de l’histoire du Cameroun. Comme si cela n’est pas faisable sur une seule carte du Cameroun.
Mais cette image à elle seule parle. Elle nous révèle que l’ONU continue de considérer le British Southern Cameroon (transformé en deux régions anglophones du Cameroun en 1972) comme un territoire sous sa tutelle depuis le 13 décembre 1946. Cette image révèle que l’ONU n’a jamais pris acte de manière formelle de la soi-disant Réunification des deux Camerouns du 1er octobre 1961 tout comme des résultats du référendum anti-constitutionnel et frauduleux du 20 mai 2017.
Cette image en pleine célébration de l’« unité » du Cameroun laisse transparaître également le message selon lequel la frontière qui sépare les deux Camerouns est internationalement reconnue depuis le traité de Versailles de 1919 jusqu’au moment où cette photo est prise (et même jusqu’à ce jour).
Charte des Nations Unies
Les partisans du « Cameroun un et indivisible » doivent au vu de cette image intégrer cette réalité. Ils doivent reconnaître une bonne fois pour toute que seule la République du Cameroun, ex-Cameroun oriental français, est indépendante et reconnu aux Nations Unies depuis 1960. L’indépendance du Southern Cameroon quant à lui a été mal négociée pour des intérêts purement géostratégiques.
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Alors qu’en tant qu’ex-territoire sous tutelle des Nations Unies, le Southern Cameroon était destiné à l’indépendance totale conformément à l’article 76 (b) de la Charte des Nations Unies, l’ONU et l’Angleterre ont imposé à ce territoire une indépendance en se joignant à La République du Cameroun. Et pour cause, d’après des documents confidentiels non encore déclassifiés en Angleterre, la France a conclu un marché avec cette dernière en vue de conquérir cet espace territorial très riche en pétrole.
Les intérêts géopolitiques ont donc prévalu sur le respect de la norme internationale et les aspirations de la grande majorité des populations du Southern Cameroon. Malheureusement pour nous autres, amoureux de la paix, le non-respect des règles qu’on s’est faites, le droit de la force et la loi du plus fort ont entraîné une guerre d’indépendance dans le Southern Cameroon. Hélas !