La crise anglophone montre les limites du pouvoir de Yaoundé

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Thu, 3 Aug 2017 Source: apanews.net

Le problème anglophone, qui a ressurgi depuis octobre dernier avec la paralysie des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sur fond de revendications fédéralistes, voire sécessionnistes, est la conséquence d’un legs colonial et un échec du projet centraliste poursuivi par le pouvoir de Yaoundé, selon les termes d’un rapport publié mercredi par l’ONG International Crisis Group.

La crise en cours, avec ses dimensions politiques, économiques et sociales, a amplifié l’adhésion, très probablement déjà majoritaire, des populations anglophones au fédéralisme et renforcé le soutien au sécessionnisme, une nouvelle configuration qui illustre combien le problème anglophone est profond.

Le problème anglophone, analyse cette ONG, plonge ses racines dans une réunification mal conduite, fondée sur un projet centraliste et assimilationniste ainsi qu’une marginalisation économique et administrative auxquelles s’ajoutent les ambitions et les rivalités personnelles et ethniques d’élites n’ayant pas toujours su faire front commun pour défendre une cause de plus en plus hétéroclite.

Profitant de la situation, des groupuscules sécessionnistes se multiplient depuis janvier pour radicaliser la population avec l’appui d’une partie de la diaspora anglophone.

«Si le risque de partition du pays est très faible, celui d’une résurgence à moyen terme du problème sous forme de violence armée est élevé, car certains de ces groupuscules appellent désormais à la violence.»

Contrairement à une idée répandue, International Crisis Group estime que la diaspora anglophone n’a pas impulsé cette crise, contrairement aux précédentes contestations, son rôle n’étant devenu prépondérant qu’après l’arrestation des responsables du Consortium de la société civile, le 17 janvier 2017.

Malheureusement les mesures gouvernementales, prises depuis mars, sont tardives et ont eu peu d’effets, la réaction de la communauté internationale ayant quant à elle été plutôt limitée, bien qu’ayant permis l’adopter desdites mesures : «Sans une pression ferme, persistante et coordonnée des partenaires internationaux du Cameroun, il est peu probable que le gouvernement s’oriente vers des solutions de fond.»

Pour International Crisis Group, qui fait par ailleurs état d’au moins trois morts et des dizaines d’arrestations enregistrés, la résolution du problème anglophone passe par une réponse internationale plus ferme et le rétablissement de la confiance, à travers des mesures d’apaisement cohérentes répondant aux revendications des corporations d’avocats et d’enseignants, à l’origine du malaise.

Source: apanews.net