Au lendemain de l'annonce du décès en détention d'Anicet Ekane, président du MANIDEM, le président élu Issa Tchiroma Bakary a publié un message officiel rendant hommage à celui qu'il qualifie de "frère" et "d'architecte de la transition démocratique".
"Le Cameroun vient de perdre un homme. Moi, j'ai perdu un frère"
Dans un message empreint d'émotion diffusé depuis le Quartier Général présidentiel, Issa Tchiroma Bakary exprime sa "stupeur et profonde consternation" face à la disparition d'Anicet Ekane. Le président élu dénonce les circonstances du décès, évoquant une brutalité inqualifiable qui soulève une vague d'indignation dans tout le pays.
Selon le message présidentiel, Anicet Ekane serait décédé dans les geôles d'un régime caractérisé par l'humiliation, la brutalité et la peur, plus de trente-huit jours après son arrestation qu'il qualifie d'arbitraire.
Le président élu dresse un réquisitoire sévère contre les conditions de détention d'Anicet Ekane. Il affirme que le défunt militant, malgré ses graves affections respiratoires, a été privé de la continuité de ses soins médicaux. Ses appareils d'oxygénation auraient été confisqués, et malgré les alertes de ses avocats et les protestations de sa famille, aucune mesure n'aurait été prise.
Le document présidentiel précise que le chauffeur puis le neveu d'Ekane, interpellés sans fondement, auraient servi d'appâts pour attirer un homme sans responsabilités ni convictions établies dans les faits reprochés.
Un hommage appuyé à un "bâtisseur de la démocratie"
Issa Tchiroma Bakary salue le rôle d'Anicet Ekane dans la construction de l'Union pour le Changement (UPC), cette plateforme nationale qui, en 2025, aurait uni pour la première fois société civile et partis politiques dans une coalition décrite comme crédible et patriotique.
Le président élu affirme que grâce à Ekane, le peuple camerounais a pu élire démocratiquement et régulièrement un président de la République, ajoutant que sa propre victoire serait le fruit de la vision et du courage de son soutien désormais disparu.
Dans une formule percutante, le président élu déclare qu'Anicet Ekane n'est pas mort mais a été empêché de vivre, transformant ainsi le militant en symbole et boussole morale pour la nation.
Il promet que le nom d'Ekane sera gravé dans la pierre de la reconstruction du pays et lance un appel solennel : "Son sang ne crie pas vengeance. Il appelle à la justice." S'adressant aux familles des prisonniers politiques, il assure qu'elles ne sont pas seules.
Ce message intervient alors que le Cameroun traverse une période de tensions politiques majeures. La disparition d'Anicet Ekane, opposant et soutien déclaré d'Issa Tchiroma Bakary qui se présente comme président élu, risque d'exacerber les divisions dans un pays où, selon les termes du message présidentiel, tout opposant est traité comme un criminel et toute voix dissidente comme un danger.
Le document dénonce un régime qui ferait de la prison l'unique réponse au débat d'idées, et appelle la nation à avancer, calme, digne et organisée, en se souvenant de ses martyrs.