L’Extrême-Nord, décidemment, n’est pas vernie par la nature. Après avoir fait face aux inondations en 2012, la région est confrontée depuis le début d’année 2014 aux affres du groupe terroriste Boko Haram. Alors que ce dernier combat est loin d’être terminée, que des sirènes se font déjà entendre. L’alerte concerne fois les risques de faim qui planent sur la région.
Ce n’est pas moins que le numéro 1 de la région qui a tiré la sonnette d’alarme. Pour le quotidien Le Jour du 3 novembre 2015, à en croire le gouverneur «l’insécurité alimentaire est encore plus préoccupante cette année que l’année dernière. Le déficit céréalier est passé de 120.000 tonnes à 150.000 tonnes cette année. 12.000 bovins sont morts et des milliers de caprins. La situation agricole est fortement perturbée par l’insécurité liée aux exactions de Boko Haram et à l’arrivée tardive des pluies dans la région. Cette année, l’on a observé que les départements affectés par les affres de la secte sont pourtant mieux arrosés par les pluies hélas, de vastes espaces n’y sont pas cultivés », a indiqué Midjiyawa Bakary.
Un discours que l’autorité administrative a tenu lundi 2 novembre à Maroua à l’occasion de la première visite d’Henri Eyebé Ayissi, le nouveau ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader). Présente, la sénatrice Julienne Djakaou, a enfoncé le clou : « C’est toute la région de l’Extrême-Nord qui a faim. Si rien n’est fait en urgence les populations vont se déplacer en masse vers Yaoundé et Douala », a-t-elle prévenu.
Le même tableau sombre a été dressé par les préfets des six départements de la région, mentionne Le Jour. Pour le préfet du Mayo Sava, « le nombre de déplacés augmente sans cesse, 81.618 personnes ont bénéficiées de l’aide du chef de l’Etat. Le nombre de demandeurs d’aide s’est élevé. Autres problèmes : l’inaccessibilité de certaines zones frontalières du fait de l’insécurité et des mines plantées par Boko Haram, la difficulté liée à l’identification de certaines personnes vulnérables parce que ne possédant pas de carte nationale d’identité », a dit Babila Akaou.
Quelques pistes de solution : « Pour apporter des solutions on pourrait collecter des céréales dans les régions du Nord et de l’Adamaoua où les récoltes sont relativement bonnes. Nous n’avons livré que 724 tonnes sur les 58.867 tonnes commandées. Le reste est en magasin nous avons 58.000 sacs en magasin. Nous devons aussi collecter le paddy en riz », a par exemple proposé le directeur de l’Office céréalier, qui est le « principal partenaire de l’opération des dons des denrées du chef de l’Etat aux populations sinistrées » note le journal.