Le soutien de Samuel Eto’o au régime quarantenaire de Paul Biya ainsi que son silence sur les questions sociaux de la République écœurent un enseignant camerounais. Elias Banesé Betaré a profité de la crise actuelle entre la Fecafoot et le Minsep pour rappeler à Eto’o qu’il fait partie du problème s’il continue par soutenir le camp de l’oppression.
>Cher Samuel,
Je vais être laconique
Les enseignants du Cameroun étaient en grève il y a quelques mois pour revendiquer leurs droits. Presque toutes les voix, y compris celles des personnalités au sein du gouvernement, ont pris position pour soutenir cette noble lutte en faveur de la dignité de l'enseignant et de l'avenir de notre cher pays, car il s'agit bien de nos enfants et de nos jeunes cadets. Les artistes, les sportifs, les politiciens, les policiers et d'autres professions ont exprimé leurs opinions sur cette question cruciale. Il s’en est fallu de peu pour que le pays connaisse une année blanche. En ce moment-là, nous nous attendions que tu nous apportes ton soutien; un moment aussi crucial, nous pensions que tu devrais prendre position, même verbalement, en raison de ton aura. Mais hélas, fidèle à la vie de star que tu es, tu as brillé par un curieux silence.
Comme tu dois le savoir, il y a deux réalités implacables à prendre en compte et elles sont les suivantes :
1) Tous les enfants camerounais, issus des familles pauvres ou riches, peuvent réussir à travers l’école si on leur donne les moyens nécessaires et un environnement propice, mais quelques uns seulement peuvent avoir la chance d’être des Samuels Eto’o, même si on crée, dans chaque village camerounais, un stade moderne. Le football n’est donc une infime partie des solutions, mais l’école quant à elle, est LA SOLUTION. Même si ce sport a une certaine importance, celle-ci est relative. En clair, cela signifie que le soutien à l’école est un impératif citoyen, qui doit passer avant celui du Foot. C’est une question de bon sens, c’est une question de justice sociale.
2) La deuxième réalité est la suivante : sans football, le Cameroun continuera à exister et à prospérer, il développera d’autres filières sportives, mais sans éducation, notre société sombrera dans l’anarchie totale, et donc point de football. Il ne s’agit pas d’une comparaison, mais d’une question de priorité et donc, une fois de plus, du gros bon sens.
Alors, lorsqu’il s’agit des questions aussi importantes que l’éducation, la santé, tu dois t’y impliquer, tu dois y joindre ta voix et faire bouger les lignes. C’est un impératif. Le contraire veut dire que tu préfères soutenir l’oppression. Je suis désolé pour des collègues enseignants qui sont tes fanatiques.
Personnellement, je trouve que ce qui arrive au football camerounais est regrettable, mais tes amis et toi vous le méritez bien. Vous le méritez, car vous ne pouvez pas construire un îlot de paradis dans une galaxie de misères. C’est impossible.
En conclusion, soit, nous nous divisons comme d’habitude et chacun, à tour de rôle, se fait dévorer par l’ogre, soit nous nous associons tous et luttons ensemble pour construire un Cameroun où chacun aura droit aux privilèges d’une nation juste et équitable.
Elias Banesé Betaré
(Gbatagoulang)