« Il y a encore les photos de mon époux sur les murs du Ceper, y compris sur le portail. C’est quel argent que vous cherchez ? En tout cas ma fille (une policière : Ndlr) qui est à l’intérieur, tu verras ce qui arrivera. Quand Charles était en vie, vous pouviez tenter de produire ce genre d’acte ?
En tout cas on verra. Je ne suis pas censé être hors de mon domicile après l’inhumation de mon mari, mais vous me faites arriver ici. Il faut que le Chef de l’Etat soit mis au courant de cette affaire », fulmine Christine Jeanne Marie Ebogo, épouse de feu Charles Etoundi Borromée, ancien ministre d’Etat chargé de l’Education nationale de 1997 à 2000, par ailleurs ex Pca du Ceper.
Meubles de bureau et autres effets hors des bâtiments à notre arrivée, le Ceper a été scellé par des policiers qui ont interdit l’accès aux occupants des différentes boutiques et des autres pièces de l’immeuble. De quoi courroucer la veuve éplorée.
« L’Etat et l’Organisation internationale de la Francophonie sont actionnaires du Ceper qui a été privatisé par le président de la République. En parallèle, un autre Ceper a été mis sur pied de toute pièce grâce à Ngo Bayanak Laurentine qui est huissière de justice. Après le décès de mon époux, un groupe d’individus chapeauté par Bruno Minka, ex vendeur d’une de mes boutiques, Robert Yao Yao, Pascal Bayiha et Ada Messi ont fait irruption au sein de cette société pour faire un assaut en récupérer le Ceper. Ce sont les deux dernières personnes qui ont fait venir la police pour venir sceller l’entreprise », s’indigne-t-elle.
Sale besogne
Avant que le Ceper ne soit scellé par les policiers du commissariat du Central n°4 selon la dame, des démarches qui ont été entreprises pour récupérer l’entreprise, ont tourné au fiasco. « Monsieur Ekindi Kami, l’ancien directeur général a été monté pour leur sale besogne, et il a dit qu’il n’a même pas un radis au Ceper. Pareil pour l’ancien ministre de la communication Ebeneze Njoh Mouelle, et Yakuba Yaya. On refuse d’admettre que c’est le Pca qui m’a installé ici », soutient la dame qui détient un procès-verbal d’expulsion qui lui aurait été remis depuis hier, quand il était exactement 11h 17.
Lequel procès-verbal est vertement contesté. De quoi faire retourner Charles Etoundi dans sa tombe. Lui de qui beaucoup gardent le souvenir du feuilleton de son limogeage du poste de président du conseil d’administration du Ceper à travers un communiqué publié le vendredi 25 octobre 2019 dans les colonnes du journal gouvernemental Cameroon Tribune.
« M. Charles Etoundi, ex-Pca et son épouse, dame Etoundi née Ebogo Christine Jeanne Marie, légalement ne sont plus habilités à agir au nom et pour le compte du Ceper Sa », écrivait alors Christian Hebrard, président directeur général de cette structure dans le communiqué susmentionné.
Cette décision avait été prise au terme d’une assemblée générale et d’une session du conseil d’administration durant lesquels de nouveaux administrateurs ont été élus. Le Pdg du Ceper précisait pour que nul n’en ignore, que les travaux se sont déroulés en exécution de deux décisions de justice, en l’occurrence les ordonnances 1376 du 13 septembre 2018 et 1766 du 25 novembre de la même année.
Dans un combat pour sa survie, le désormais ex Pca de la première entreprise introduite dans le champ de la privatisation au Cameroun, au cours d’un entretien à bâtons rompus, avec nos confrères de Repères, commençait par dénoncer les termes du communiqué du nouveau Pd.
Banni de l’espace francophone
« Dans ce communiqué prétendument déposé par le Ceper SA sur son papier entête, CT annonce au public qu’il se serait tenu deux prétendues instances sociales de cette entreprise, une assemblée générale ordinaire et un conseil d’administration à l’issue desquelles de prétendus nouveaux administrateurs ainsi qu’un Pdg, en la personne de Christian Hebrard, auraient été nommés », explique l’ancien proviseur du lycée Leclerc.
Ce faisant, le « nouveau Pdg dit décliner sa responsabilité pour tous les actes que ceux-ci poseraient [au nom du Ceper SA] ». Dans son communiqué, « valant mise au point », Charles Etoundi affirmait que les instances sociales invoquées pour justifier sa mise à l’écart, et celle de son épouse, « ne se sont jamais tenues parce qu’interdites par le sous-préfet de Yaoundé 3 ».
A l’appui de son argumentaire, « un constat d’huissier de justice ». Et d’enfoncer le clou. Surtout que, précise-t-il, « depuis l’instauration de l’Acte uniforme portant organisation et harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada), le poste de président directeur général est banni dans l’espace francophone ». Affaire à suivre !