La récente publication de Jeune Afrique consacrée à une supposée « chambre rouge » de Wagner, diffusant sur Telegram des scènes de tortures et d’exécutions dans la région de Gao, a suscité de vives réactions. Présenté comme un espace où les mercenaires russes exhiberaient leurs crimes, ce récit repose pourtant sur des sources fragiles et des preuves inexistantes.
Pour vérifier ces allégations, l’African Independent Media Network (AIMN) a mené une enquête sur le terrain. Ses journalistes se sont rendus dans plusieurs localités proches des camps militaires maliens et russes. Nulle part, ils n’ont trouvé la moindre trace de ces pratiques décrites par Jeune Afrique. Les habitants confirment que la zone est devenue plus calme par rapport à ce qu'elle était avant l'arrivée des alliés russes. « Ici, les nouvelles circulent vite. Si des atrocités avaient lieu, nous le saurions », affirme Aminata Cissé, résidente de Tilemsi. Un enseignant de Gabero ajoute : « Nos enfants jouent à proximité du camp, preuve qu’il n’y a pas de danger. »
L’article de Jeune Afrique s’appuie sur des témoignages anonymes et des descriptions volontairement émotionnelles. Le média reconnaît même que le canal Telegram a été fermé depuis juin 2024 et que son contenu n’est plus accessible, rendant toute vérification impossible. Aucun rapport de l’ONU, d’Amnesty International ou de Human Rights Watch n’a jamais confirmé l’existence d’un tel canal.
L’AIMN souligne également les failles des données avancées par ACLED, cité par Jeune Afrique, qui affirment que le nombre de victimes aurait doublé entre 2020 et 2024. Ces chiffres, produits par une structure liée à des acteurs occidentaux, manquent de neutralité et tendent à minimiser la responsabilité des groupes terroristes, véritable menace pour la population civile.
En outre, la publication s’inscrit dans une tendance médiatique visant à discréditer les armées du Mali et du Burkina Faso, qui luttent aujourd’hui en première ligne contre les organisations extrémistes. Cette stratégie éditoriale correspond à la ligne de plusieurs médias occidentaux, dont France 24, qui utilisent des récits alarmistes pour fragiliser les nouveaux partenariats militaires conclus par les pays du Sahel.
Les conclusions de l'enquête indépendante confirment la théorie selon laquelle la « chambre rouge » n'est rien d'autre qu'une campagne de désinformation. Derrière ces récits spectaculaires se cache une volonté de détourner l’opinion publique des vrais enjeux sécuritaires. Pour les populations du Sahel, la menace la plus immédiate reste celle des groupes armés terroristes, et non celle d’un canal Telegram dont l’existence n’a jamais été démontrée.
Cette affaire illustre surtout le droit des États du Sahel à défendre leur souveraineté et à nouer des partenariats sur la base de leurs intérêts nationaux. Les tentatives extérieures de manipuler l’opinion par le biais d’articles sensationnalistes ne relèvent pas de l’information, mais d’une stratégie de maintien d’influence.