Quelques mois après l'arrivée du régime Biya au pouvoir, le professeur Maurice Kamto a été arrêté et emprisonné pour des nombreuses tribunes qu'il a publiées dans des journaux pour décourager l'instauration d'un nouveau régime dictatorial, après celui d'Ahidjo.
A l'époque, alors que le prof Ndzana et d'autres penseurs encourageaient la venue d'un nouveau régime non démocrate, le président du MRC qui était un jeune universitaire, s'est attiré la foudre du nouveau régime. Même si ce dernier finira par l'appeler après pour un poste ministériel.
Ce n'est donc pas la première fois que Kamto a été arrêté après l'élection présidentielle de 2018. Dans son livre "J'aime l'odeur de l'encre sur le Papier au petit matin", Haman Mana parle de cette arrestation.
"... L’affaire dont il est question, c’est le débat Kamto-Mono Ndzana: l’échange épistolaire entre le jeune professeur de Droit fraîchement rentré au Cameroun et le professeur de philosophie alimente toutes les conversations.
En clair, Mono Ndzana, dans un numéro d’hagiographie mémorable, suggère au nouveau pouvoir de mobiliser les moyens de répression de l’ancien régime, pour maintenir sa sécurité et sa pérennité.
Maurice Kamto lui vole dans les plumes, en suggérant que l’on ne saurait partir d’une dictature pour une autre. Mono Ndzana, professeur installé dans l’establishment intellectuel du pays, piqué au vif, relève l’outrecuidance du jeune universitaire, non sans le menacer de subir les foudres du régime.
D’un courage rare, Maurice Kamto tient bon, et chaque semaine, l’échange épistolaire monte en virulence et en intérêt. Le Messager y gagne en notoriété. L’affaire s’achèvera par l’arrestation de Maurice Kamto, et son séjour pendant un certain temps au Cener de triste mémoire.
La leçon est comprise: Ahidjo n’est plus là, mais son appareil est resté intact... Le Messager s’infiltre néanmoins dans les interstices ouverts pendant ce printemps de l’ère Biya.
Il lance le débat sur le retour du multipartisme et révèle en premier l’affaire « Yondo Black, puis Ekanè et autres». Aussi surréaliste que cela puisse paraître, le Cameroun vit au début des années 90 dans la situation suivante: la Constitution permet le multipartisme, mais dans les faits, toute velléité de création de parti politique ou même évocation de cette possibilité est durement réprimée par l’Ordonnance de 1962, réprimant la «subversion»... Me Yondo Black, alors bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun, décide de «forcer la porte».
Avec quelques téméraires ils organisent en son cabinet une réunion où il est question de Constitution et de parti politique.
Le système, qui a ses oreilles partout, est au courant et c’est le déclenchement d’une terrible affaire. Un soir, Me Yondo Black, Ekanè Anicet, Henriette Ekwe, Rodolphe Bwanga, Charles Djon Djon, Gabriel Hamani, Francis Kwa Moutome, Vincent Fekom, Julienne Badje, arrêtés et exfiltrés de Douala, sont jugés au Tribunal Militaire de Yaoundé…"